BD. "De l’autre côté" de Léopold Prudon

"Quand j’ai commencé à penser à ce projet, j’étais en terminale
littéraire où j’étudiais l’Odyssée. J’ai regardé un documentaire
d’Envoyé Spécial qui s’appellait Harragas Tunisiens et suivait le trajet
d’un jeune clandestin, et j’y ai vu un lien avec l’oeuvre d’Homère, une
dimension universelle, romanesque, mythologique, comme un récit
d’aventure tragique, et puis quelque chose d’anachronique aussi dans le
fait de risquer sa vie pour traverser la mer, comme c’était le cas il y a
deux mille ans, si bien que j’ai résolu de raconter cette histoire sous
une forme moins documentaire que romanesque."

Hamza est un jeune tunisien résolu à quitter son pays par tous les
moyens. De moyen, il n’en a qu’un seul : payer des passeurs pour
traverser la méditerranée sur un minuscule bateau de pêche plein à
craquer, et rejoindre clandestinement l’Europe et la France.
Pourtant Hamza a des attaches, une compagne, une famille, des amis avec
qui il a lutté durant les révolutions arabes. Mais il aspire a autre
chose qu’une vie de misère, il veut aller au-delà de ce qu’il connaît,
affronter le réel, croire que la vie a autre chose à lui offrir. Il
n’est pas naïf, il sait que les risques sont grands, et minces les
espoirs d’une vie meilleure, mais il veut voir par lui-même. Cette
traversée est une expérience intime.
Car Hamza est un rêveur et toujours ses images mentales, ses espoirs,
ses peurs viennent se mêler à la réalité extérieure, la contaminer, lui
offrir une échappatoire et un but à poursuivre. Si sa situation est
particulière, ses aspiration sont universelles. Qui n’a jamais rêvé de
partir, de se réinventer ?
Le danger pour lui n’est pas simplement de mourir noyé, de se voir
terrassé par la faim, d’être renvoyé d’où il vient, de ne pas trouver de
logement, de travail, mais également de se voir privé de ce qui fonde
sa condition d’homme : ses espoirs, ses craintes, son imaginaire.