« Camping Sauvage », d’Antoine Blocier

Des victimes sans défense, sans adresse, sans famille, sans attache… Autant dire des cibles rêvées pour un serial killer cruel et cynique… Un tueur énigmatique trucide les SDF qui campent sur le quai du canal Saint-Martin, reproduisant des rites barbares relatés par le professeur Samuel Goldberg dans son traité d’anthropologie. Étrange professeur que son destin a mené vers l’anonymat et la clochardisation. Talula, naufragée volontaire du quai de Valmy, se lance sur la piste du meurtrier avec l’aide du Minotaure, un ancien flic de choc reconverti dans le privé. Sur fond de recherches anthropologiques, s’entrechoquent passé et présent, ascendants et fratrie dans un tourbillon de violence et de haine.

Au fil de cette fiction très noire, Antoine Blocier expose le quotidien des exclus, leurs difficultés à survivre dans une société du chacun pour soi.

Polar
318 pages
ISBN : 978-2-916330-73-0

 

Qui veut la peau des sans rien ?

Ils sont des milliers, sans défense avec si peu d’attache pour ne pas dire aucune à essayer de survivre dans un Paris indifférent, un peu solidaire, du moins inquiet en hiver et pas du tout en été quand ces sans rien font tache (!?)au moment de l’arrivée des touristes étrangers.

Cette fiction conçue et rédigée par Antoine Blocier est noire, comme est noire la vie des exclus, ces naufragés de la vie, victimes d’une société où la grande pauvreté a une fonction sociale !

« accompagnée du manque de logements, d’emplois, de salaires décents, elle vise à calmer l’ardeur de ceux qui seront toujours aux limites de la rupture. Oseront-ils revendiquer, manifester, exiger... au risque de perdre le peu qu’ils ont ? Au risque de se retrouver exclus à leur tour, entraînés dans la spirale sans fin de la déchéance ».

 

L’analyse est implacable et juste à la fois.

La mort ne fait pas que rôder, elle frappe les SDF et notamment les « étrangers », ceux qui n’ont plus de familles ou qui sont séparés de leurs proches.

Qui viendra réclamer les corps ? Qui décidera de mener une véritable enquête ?

Les lâches s’attaquent aux vulnérables, comme le font ces autres « tordus » qui instaurent des distributions de soupe à base de porc réservées à ceux qui ne sont ni juifs, ni musulmans. «  Agiter la soupe sous le nez de ceux qui ont faim mais ne peuvent en manger est d’une rare cruauté. La haine est parfois facétieuse. »

 

Les phrases défilent et s’enchaînent à un rythme parfois endiablé, le suspens est présent en permanence et l’auteur réussit à écrire un vrai « polar ».

Pour réussir son œuvre, l’auteur rajoute et mélange avec réussite deux ingrédients : une écriture soignée et une description du quotidien des SDF qui campent sur le quai du canal Saint-Martin.... énigme et sociologie constituent ici un mélange explosif de qualité.

Antoine Blocier nous montre la réalité de la société des SDF, les rivalités existantes mais surtout, malgré la misère subie, leurs solidarités réelles.

Attachez vous bien au siège, l’auteur ne vous ménage pas...Au moment de l’accalmie un nouveau drame surgit avec des SDF victimes de rites barbares. On se croirait dans le livre d’anthropologie du professeur Samuel Goldberg, l’un des personnages de ce roman....Mais nous sommes pourtant au début de ce troisième millénaire dans cette capitale si surveillée et si moderne !

Serait-il encore minuit dans le siècle pour tous ceux qui sont sacrifiés sur l’autel de l’indifférence ?

Captivé par l’histoire, j’ai essayé plusieurs fois de lâcher mon livre pour souffler...Je n’ai pas pu, il m’a fallu aller jusqu’au bout de l’enfer.

Mais, bien évidemment je ne dévoilerai pas la fin de l’histoire ni la solution de « l’énigme »...Allez

découvrir ce livre, vous l’aimerez, j’en suis sûr.

Jean-François Chalot

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