Hacène Belmessous
, |
Présentation de l’éditeur
Hacène Belmessous intervient comme narrateur, à la première personne, Il commente la scène en cours et parfois l’actualité en cours. Mais le dialogue ne reprend que la parole de Svetlana Grigorian, à de rares occasions celle de ses enfants et de quelques amis. Nous la rencontrons dans sept lieux choisis d’un commun accord, trois fois chez elle, dans l’espace public, au café à deux reprises, au restaurant, là où elle fait le ménage, chez une amie dont elle adore la maison. Autant d’endroits qui fonctionnent comme déclencheurs d’idées et de paroles spécifiques : ils créent une intimité du discours, pas de la vie quotidienne. Et le tableau se forme de la vie d’une femme clandestine en France et de la France face à elle. C’est d’une femme instruite, entourée, médiatisée et accueillie dans un milieu social favorisé dont nous écoutons l’histoire. Tous les immigrés clandestins n’ont pas cela. Elle semble vivre normalement puisqu’elle a des amis, travaille, part en vacances, a des enfants qui travaillent bien à l’école. Mais que choisit-elle ? Rien. Elle fait juste partie d’un décor. Sa condition de sans-papiers la minorise au point d’être dans une impasse : elle nous montre qu’elle est en train de mourir. L’État français est remis en question dans ce livre a contrario de l’idée générale de « la France terre d’accueil », mais cela nous montre aussi la limite de l’engagement dit citoyen, qui naît d’une mobilisation du cœur et ne s’attaque pas aux pratiques redoutables du pouvoir sarkozyste à l’égard des sans-papiers.
–