"Clandestins au pays des papiers" de Marie-Thérèse Têtu-Delage

Marie-Thérèse Têtu-Delage est socio-anthropologue, chercheure associée au Modys (Mondes et dynamiques des sociétés), laboratoire CNRS des universités Lumière Lyon-2 et Jean Monnet Saint-Étienne.

Présentation du livre
le jeudi 28 janvier 2010 à 17 h 30
au CIEMI
46, rue de Montreuil (2e cour) Paris XIe
(métro : Rue des Boulets, Faidherbe-Chaligny, Nation)

Dans cet ouvrage, l’auteur restitue le point de vue des migrants en situation irrégulière en suivant leurs parcours dans la durée, au plus près des expériences qu’ils vivent. De 2002 à 2008, elle a côtoyé une soixantaine de sans-papiers algériens, accompagné leurs démarches visant à être régularisés, observé les compétences qu’elles et ils déploient pour vivre sans papiers et rencontré leurs partenaires, ceux qui les aident ou ceux avec qui ils négocient. Enfin, elle a rendu visite à leurs familles et accompagné des personnes régularisées lors de leurs retours en Algérie. _ Cette immersion dans l’univers des sans-papiers amène également à s’interroger sur la liberté et le droit de circuler non seulement parce que l’on y a été contraint ou “invité”, mais aussi parce qu’on l’a choisi.

En présence de l’auteur et de :
• Malika ZEHRI : l’une des protagonistes de Clandestins au pays des papiers, régularisée après quatre années de vie sans papiers et la participation de deux discutants
• Yannick BLANC : consultant, ancien directeur à la Préfecture de police de Paris.
• Emmanuel TERRAY : anthropologue, directeur d’études à l’EHESS

Depuis les années 1990, face à l’absence durable de perspectives de changement en Algérie, des hommes et des femmes de ce pays, de tous âges et de diverses conditions, ont tenté la migration en France au risque de l’irrégularité, dans un contexte de durcissement des lois et politiques d’immigration. Considérés soit comme des victimes, soit comme des fraudeurs, leurs initiatives et leurs logiques restent en réalité très mal connues.
D’où l’intérêt de cet ouvrage, où l’auteure restitue le point de vue des migrants en situation irrégulière. En suivant leurs parcours dans la durée, au plus près des expériences qu’ils vivent, elle montre comment, alors qu’ils sont privés de droits, ils multiplient les initiatives pour réussir malgré tout. De 2002 à 2008, elle a côtoyé une soixantaine de sans-papiers algériens, accompagné leurs démarches visant à être régularisés, observé les compétences qu’ils déploient pour vivre sans papiers et rencontré leurs partenaires, ceux qui les aident ou ceux avec qui ils négocient. Enfin, elle a rendu visite à leurs familles et accompagné des régularisés lors de leurs retours en Algérie. Mais la perspective d’irréguliers à vie est aussi envisagée pour ceux qui ne parviennent pas à obtenir les « papiers de la France ». Ils vivent une situation hybride, irrégulière, avec l’espoir que cela peut changer. Même si elle est contrainte, leur capacité d’agir demeure et les transgressions de la loi sont une des façons de la maintenir.
Cette immersion dans l’univers des sans-papiers amène également à s’interroger sur la liberté et le droit de circuler non seulement parce qu’on y a été contraint ou « invité », mais aussi parce qu’on l’a choisi.
 
Collection : Alternatives sociales
Parution : décembre 2009
Nb de pages : 252

Coédition : La Découverte / Ciemi   
Prix : 20,50 €
ISBN : 9782707158659
Dimensions : 135 * 220 mm
Façonnage : Broché 

 

Table des matières

Introduction 
« Faire ses papiers », le parcours d’un devenu clandestin
Une question d’intégration ? Logiques de la loi et logiques des migrants
Une expérience dans les mondes des sans-papiers
1. L’énigme des sans-papiers
Blédard, clando, immigré, sans-papiers ou demandeur d’asile ? 
Djamel, chronique d’un parcours 
Les voies étroites de la régularisation 
« Je joue tous leurs jeux pour mieux jouer le mien » 
Harragas ou sans-papiers : réussir sa vie au risque de l’illégalité
2. Pour une vie ailleurs
L’immigration, « fille du colonialisme » ? 
Les jeunes de Kouba, candidats au départ
Les déclassés du passage à l’économie de marché
Les femmes en quête de mari ou d’autonomie
Les « revenus » du retour 58 Les jeunes en quête d’avenir
Détour en Algérie dans la famille d’un sans-papiers
3. Vivre sans papiers
« Nous, il faut toujours que la tête elle marche »
Le centre d’hébergement, une oasis
Bienfaiteurs, petits propriétaires et marchands de sommeil
De la rue au logement, la chronique d’un squat
4. Être parents d’élèves et travailler sans papiers
Des parents et des élèves comme les autres ?
Le travail des sans-papiers, entre flexibilité et précarité
L’agriculture : une porte d’entrée dans l’emploi
« Carrières » de sans-papiers
Le travail irrégulier : une période transitoire ?
5. Mériter ses papiers : ce que disent les dossiers 
La France, pays des papiers : la séparation entre réguliers et irréguliers
La carrière administrative des sans-papiers : les récits, les courriers et le off
Les bonnes et les mauvaises victimes 128 Les usages des valeurs occidentales, de l’histoire et des médias
Modèles d’intégration, garants et intermédiaires
L’intrusion dans la vie privée
Dénonciations, réactions et contestations
6. Mériter ses papiers : les marges de manoeuvres 
Une femme au tribunal, « jouer » la victime en public
Les régularisations informelles du préfet : le cas par cas 
Reconnaissance sur le papier et limites du droit
La cause des immigrés n’est plus ce qu’elle était
Les sans-papiers et leurs partenaires : un engagement à durée limitée
7. La régularisation par le mariage 
Des mariages à risque, négociés entre contrôles et contraintes
Chowki et Aurélie, un mariage d’amour dans l’urgence et sous contrôle
Ahmed et Gaëlle, la comédie du mariage et le don d’hospitalité
8. Les retours au bled
Le retour, un temps fort de la reconnaissance et de la réussite sociale
Retours de régularisés répétés ou différés
Retours d’expulsés 193 Le retour de Malika : des liens à renouer
Le retour, entre bilan et projets : la vie après les papiers
9. Irréguliers à vie ?
Les lois passent et les irréguliers restent
Aziz : guerrier ou usager du droit, esclave ou caméléon 208 2008, des équipes de harragas en zodiac
Conclusion
Une tension entre politiques d’immigration et initiatives des migrants
La capacité à agir et le droit de choisir
En quête de reconnaissance sociale, ici et là-bas
Éléments bibliographiques