Des militants de Réseaux éducation sans frontière (RESF), des responsables syndicaux et une parlementaire, ceinte de son écharpe tricolore. Ce mercredi midi, Elsa Faucillon, députée (PCF) de la première circonscription des Hauts-de-Seine (Colombes, Gennevilliers, Villeneuve-la-Garenne), a poussé un coup de gueule devant la préfecture. Objet de son courroux : le service des étrangers.
Certes, depuis mars dernier, les interminables files d’attente devant la préfecture ont disparu grâce la dématérialisation des procédures. « Ils sont moins visibles mais les étrangers continuent de rencontrer de grandes difficultés avec cette préfecture, dénonce l’élue communiste. Le parcours est technocratique et semé d’embûches mais la période est aussi davantage à la stigmatisation des étrangers qu’au respect de leurs droits. On les accueille mal ! »
En cause, l’accumulation de dossiers qui a allongé les délais d’attente et multiplié les retards dans les procédures. « De gens en situation régulière, on fait des sans-papiers », résume Boubacar de RESF. Également pointée du doigt, le système informatique avec prise de rendez-vous par Internet. « Il est extrêmement complexe et tout le monde n’a pas accès à ces outils. Résultat, les gens se tournent vers nous », poursuit Elsa Faucillon, qui estime recevoir trois ou quatre appels quotidiens de la part d’étranger en détresse.
« On se retrouve à scanner leurs documents, à les aider à constituer leur dossier. Bref, à faire le boulot de l’État », dit-elle. « Avec ses carences, l’administration nous fait jouer le rôle de supplétifs », renchérit Richard Moyon, de RESF.
La préfecture a réduit de moitié les dossiers en souffrance grâce à une « task force »
De l’autre côté des grilles de la préfecture, on affirme pourtant être sur la bonne voie, celle d’un retour à la normale. « Avec la crise sanitaire, nous nous sommes retrouvés avec 7 000 dossiers en souffrance », reconnaît Vincent Berton, le secrétaire général, qui n’hésite pas à donner dans le vocable militaire pour mettre en avant les moyens exceptionnels mis en place pour résorber le stock de dossiers. « On a créé une task force de 30 personnes. Aujourd’hui, il nous en reste 3 000. L’objectif est d’arriver à 1 000 d’ici novembre. 1000, c’est notre fonds de roulement », précise-t-il.
Les ratés et l’aspect labyrinthique du site web de la préfecture sont quant à eux censés disparaître avec le lancement, en 2022, de l’Anef (Administration numérique pour les étrangers en France), une application plus simple, en cours de déploiement et qui aurait fait ses preuves pour les étudiants demandant un Passeport talent. De même, des bornes numériques, avec des médiateurs censés aider les demandeurs, doivent être installées en préfecture dans les semaines à venir, puis dans les sous-préfectures.
Pas de quoi apaiser la colère des élus de gauche et des militants. « Pour y accéder, il faut prendre rendez-vous sur Internet. On en revient au point de départ, soupire Elsa Faucillon. C’est le monde rêvé de la préfecture et il ne fonctionne pas ! Le climat est malsain. Même des jeunes en apprentissages, 35 en l’occurrence, ont reçu une OQTF (NDLR : obligation de quitter le territoire français). Tout cela nous rend très très inquiets »