El Moudjahid : 16è salon international du livre d’alger : « Le Bunker ou le Requérant d’asile en Suisse », de Djamel Ferhi

remier roman de l’écrivain Djamel Ferhi, « le Bunker ou le Requérant d’asile en Suisse » est un récit qui évoque le triste quotidien des candidats à l’émigration en Suisse à travers des personnages en quête d’une existence honorable.

Premier roman de l’écrivain Djamel Ferhi, « le Bunker ou le Requérant d’asile en Suisse » est un récit qui évoque le triste quotidien des candidats à l’émigration en Suisse à travers des personnages en quête d’une existence honorable.

Le livre, paru aux Editions Chihab, traite d’une histoire vraie, celle de Nazim Gaya, passionné d’écriture qui a séjourné brièvement en Suisse, tissé des liens amoureux avec Michèle Marchand avec qui il entretient de nouveau une relation intime, quelques années après son retour en Algérie, par le biais d’un courrier électronique tumultueux et gorgé d’états d’âme.

Sobrement écrit, sans fioritures ni surcharge, le roman déroule le fil d’un séjour en terre helvétique de Nazim Gaya en tant que "requérant" d’asile, qui s’engouffre progressivement dans une espèce d’univers stressant, pour rester dans l’euphémisme, où la vie se mène à coups d’expédients, de larcins, de débrouille permanente, de frustrations et de privations.

Un quotidien terne et sans attrait installe le lecteur dans un sombre et banal vécu que Nazim a de la peine à supporter et pour qui la Suisse n’a jamais été un pays de Cocagne ni un Eden opulent. Comme un détenu, que l’on balade de bunker en bunker, le personnage principal est confronté aux autres émigrés de différentes nationalités et provenances, à leurs turpitudes et à leurs espoirs.  

Il se lie d’amitié avec Rachid et Nounou, deux compatriotes qui jurent de ne plus remettre les pieds au « bled » et avec lesquels il fait bande à part.  

Ce sont des personnages sans relief, sans idéal, qui ont quitté le pays car trop écœurés par la vie qu’ils ont menée dans leurs patelins respectifs.

C’est leur seul et unique prétexte. Le maigre pécule hebdomadaire ou "sainte touche" pousse Rachid et Nounou à chercher des sources de revenus délictueuses pour améliorer l’ordinaire.

Eternels expédients de gens en détresse que n’approuve pas Nazim, sans doute marqué par des remords de conscience ou alors le sentiment inavoué d’être tombé si bas.

C’est un livre-témoignage, une plongée dans le milieu des « clandestins » de tous bords, attirés par le chant des sirènes occidental, qui espèrent en finir avec la mal-vie, rebâtir une existence plus digne mais qui sont vite rattrapés par la réalité. Et elle n’est pas réjouissante. L’auteur ne veut pas jouer au moraliste avec ses scrupules, ne verse pas dans les litanies des regrets et des réveils amers. C’est très certainement une des qualités d’un roman qui traite à vif et sans fards des situations, des faits avec franchise. Moralité de l’histoire, Nazim Gaya se contente d’observer et de décrire sans tremolos ni dolorisme l’existence des émigrés qui bourlinguent à droite et à gauche au gré des circonstances et des vicissitudes quotidiennes, harcelés par le mépris que l’on cache à peine, l’indifférence des autochtones, dont l’accueil froid, parfois cruel, alimente une mentalité rétive et méfiante à l’égard de l’étranger. Rencontré en marge du Salon, dans le cadre d’une vente-dédicace au stand des Editions Chihab, Djamel Ferhi confesse que son travail ne relève pas de la fiction. Tout est authentique. C’était un devoir de raconter, de dire un vécu fait de ces multiples actes d’amitié, de débrouilles expéditives, de connivences parfois forcées, et d’amours éphémères. C’est un livre destiné à ceux qui se nourrissent de belles illusions et cherchent à rejoindre le bunker qui les attend de pied ferme. Il faut dire, argumente-il, que nous ne sommes pas armés pour nous intégrer ailleurs, à supposer que nous le voulions réellement. Ce que le livre tente de montrer, c’est que de l’autre côté du miroir, il y a loin de la coupe aux lèvres. « On n’est pas accueilli à bras ouverts, on ne nous déroule pas le tapis rouge. Pourtant j’observe un curieux paradoxe.

La plupart de ceux que j’ai rencontrés préfèrent les pays d’Europe à leur terre natale. »

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