"En terre étrangère", de Christian Zerbib

Sortie cinéma France : 19 Août 2009

courte présentation, source : Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains FIDH Genève Mars 2009 : En terre étrangère

France // 2008 // Couleur // 76
Français, st ang

Les sans-papiers ne vivent pas. Ils survivent en marge de la société, sans espoir d’intégration. Ils ont tout quitté en quête d’une vie meilleure en Occident, sans se douter de la réalité qui les attend. Des côtes sénégalaises aux faubourgs de Paris, Christian Zerbib les accompagne pour mieux plaider la cause de ces travailleurs de l’ombre à la recherche d’une identité. Charles Berling, Emmanuelle Béart et Josiane Balasko se joignent à cette cause et militent en faveur d’une régularisation de leur statut.

REALISATEUR :
Christian Zerbib
SCÉNARIO :
IMAGE : Marc Seferchian, Tomasz Cichawa et Christian Zerbib
MONTAGE : Louise de Champfleury
SON : Jean Jacques Faure
MUSIQUE : Gréco Casadesus

Article / Interview dans Le Journal du Cameroun :

Imane Ayissi évoque le problème des sans papiers, sujet du film "En terre étrangère"

Par Ingrid Alice NGOUNOU - 19/05/2009

Le problème de l’immigration clandestine constitue la trame de fond du documentaire de Christian Zerbib

 

© journalducameroun.com
Affiche du film

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| Etre sans papier est une telle souffrance que le jeu n’en vaut pas toujours la chandelle. | |
Imane Ayissi



[b Imane Ayissi, vous êtes à l’affiche du film de Christian Zerbib En terre étrangère. Comment vous êtes-vous retrouvé dans cette aventure ?
Je connais Christian Zerbib depuis près de 10 ans, quand je l’ai rencontré la première fois, il venait de sortir un film sur le sport intitulé Les Dieux du stade. On s’est depuis toujours tenu l’un l’autre au courant de nos projets respectifs. Naturellement quand il a eu ce projet d’un documentaire sur l’immigration en France, il m’a proposé d’apporter mon témoignage, nous avions déjà eu des discussions sur ce sujet auparavant.

"En terre étrangère" raconte le quotidien des sans papiers. Parlez nous de cette réalité avec vos mots.
Etre sur un territoire sans avoir le droit d’y vivre, c’est très dur, c’est comme vivre quelque part sans avoir le droit d’exister. On est un peu le fantôme de soi même ; toutes les activités banales que tout le monde mène dans la vie comme travailler, faire du shopping, aller chez le médecin deviennent compliquées, voire dangereuses, et à tout moment on peut voir sa vie s’écrouler. On vit donc toujours la peur au ventre.

Vous n’hésitez pas à mentionner que vous avez été sans papiers en France. Donc c’est une réalité que vous avez connu ?
Oui bien sûr ! si j’en parle c’est que je l’ai vécu. Je suis resté en France plusieurs années sans papiers. J’en parle pour faire comprendre à tous ceux qui rêvent de venir dans n’importe quelle condition, qu’il faut bien réfléchir avant. Etre sans papier est une telle souffrance que le jeu n’en vaut pas toujours la chandelle. Et je ne parle même pas de tous ceux qui se noient avant de toucher les côtes européennes ou qui périssent dans le désert…

Les choses ont elles évolué ? Peut on dire "c’est plus dur aujourd’hui" avec les différentes lois, les mesures politiques et le principe de nombre de reconduites annuels...
Je ne peux pas vraiment témoigner de la plus grande dureté de la situation aujourd’hui, puisque heureusement, c’est une réalité que je ne vis plus. D’après ce que je vois aux actualités et lis dans les journaux il me semble que la situation s’est aggravée. Le principe du ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale (comme si ces deux mots étaient contradictoires) me semble indigne de la France, et en complète contradiction avec son histoire et les principes qui sont à la base de la société française. Je connais d’ailleurs beaucoup de français qui sont révoltés par la politique actuelle de ce gouvernement. Je crois qu’il y a une vraie différence entre renvoyer quelqu’un, seul, qui n’est arrivé que depuis quelques mois, et renvoyer des personnes qui ont bâti leur vie en France parfois depuis plusieurs années, qui travaillent, et qui ont parfois fondé une famille etc. Il faut tenir compte de chaque cas particulier, or, la politique actuelle de quotas de reconduites annuelles est par définition aveugle. Cela dit, en ce qui concerne l’immigration en provenance d’Afrique, les gouvernements africains ont aussi leur responsabilité. Si toutes les richesses du continent africain sont bradées pour quelques avantages que se partagent certains, la majorité de la population n’a pas d’autre choix que de chercher ailleurs. Il faut redonner confiance et espoir aux africains, et créer les structures pour mettre en valeur ce continent.

 

© journalducameroun.com
Imane Ayissi

Le film a été primé par le festival du film sur les droits de l’Homme de Genève. Qu’est ce que cela représente pour vous ?
C’est déjà une très belle récompense pour mon ami Christian Zerbib. Cela montre qu’il a fait un travail de grande qualité, sur un sujet passionnant mais compliqué. Cela représente aussi un espoir que peut-être l’opinion internationale, et donc la France change son regard sur les phénomènes d’immigration. Cela montre en tout cas que la France qui se réclame sans cesse pays des droits de l’Homme, aujourd’hui les bafoue sans cesse en particulier vis à vis des immigrés, et en particuliers des immigrés venant d’Afrique. Ce prix est aussi une reconnaissance pour les immigrés qui ont témoigné dans ce film et dont les souffrances ont été prises en considération, mais aussi pour tous les européens qui se battent pour que soient mieux reconnus les droits des immigrés, et parmi eux des gens très connus comme Emmanuelle Béart, Josiane Balasko etc.

On vous connait styliste, mannequin, écrivain... Doit-on ajouter comédien à cette carte de visite chargée ?
Non, d’abord ce film est un documentaire et j’apporte un témoignage, je ne joue pas un rôle. Je suis moi-même dans ce film comme tous les autres qui témoignent de leur réalité.

D’autres projets de tournage ?
Je préfère ne pas en parler pour le moment…

Quelle est votre actualité ?
Toujours le dernier livre de contes que j’ai écris Le silence du masque dont je suis invité à parler régulièrement et bien sûr la préparation de ma prochaine collection …

 

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