Un titre de séjour pour Mouminy détenteur d’un BTS Assistant manager et d’une promesse d’embauche pour une licence pro.
9 octobre 2018
Mouminy est guinéen (Guinée Conakry). Il est né le 17/10/96 à Conakry.
Son père est mort lorsqu’il avait trois ans, il a été retiré à sa mère qui est partie vivre loin de lui et confié à son oncle paternel, homme violent et tyrannique qui attribuait tous ses échecs à la présence de ce neveu maudit sous son toit. Au départ scolarisé dans une école privée, il a dû la quitter car son oncle ne voulait plus payer les frais de scolarité, il est donc allé, seul, s’inscrire dans le public, tout en suivant le cursus obligatoire à l’école coranique, son oncle étant un musulman traditionnaliste. Les violences s’accentuant, Mouminy s’est enfui. Il s’est caché 9 mois en Guinée, vivant de rien, de l’aide des autres. Puis, il a pu contacter son oncle maternel qui lui a révélé que sa mère, décédée en 2010 des suites d’un cancer qu’elle n’avait pas voulu soigner, avait laissé une somme d’argent importante pour lui.
Quand il est arrivé en France le 14 juin 2013 à l’âge de 16 ans, il avait un niveau de langue et de connaissances très correct. Au vu de ses résultats l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) du Conseil départemental de la Marne lui garantissait un contrat jeune majeur, mais sa situation s’est brutalement dégradée en octobre 2014 lorsqu’il s’est vu remettre le 20 octobre trois jours après sa majorité une obligation de quitter le territoire (OQTF) par la préfecture de la Marne alors qu’il allait faire renouveler son récépissé de demande de titre de séjour. Motif : la préfecture exige un passeport pour le régulariser, l’ambassade de Guinée en France n’en délivre pas, Mouminy a donc recours à un intermédiaire véreux et le passeport fourni est jugé frauduleux par la Police aux Frontières. A partir de là, l’ASE refuse de continuer à le prendre en charge et l’OQTF est muée en une assignation à résidence qui durera 18 mois, puisque la France ne peut pas reconduire le jeune vers la Guinée dramatiquement frappée par le virus Ebola.
Soutenu dans sa scolarité par le RESF dont les membres l’accompagnent pour signer au commissariat deux fois par semaine, il est reçu en juin 2015 au Baccalauréat avec la mention Assez Bien. Il n’obtient pas son inscription dans le BTS qu’il souhaite, il décide donc de s’inscrire en première année de fac d’anglais à la l’université de Reims et est hébergé dans une famille d’accueil. En juillet 2016, son inscription en BTS assistant manager dans un lycée châlonnais est effective, mais Mouminy n’a pas validé sa première année d’anglais, il reçoit donc de la part de la préfecture de la Marne une deuxième OQTF. Le recours est rejeté : en février Mouminy est à nouveau assigné à résidence. Terrorisé à l’idée d’être reconduit, il se dérobe à son obligation de signature et prend la fuite. Malgré l’inquiétude et des conditions de vie précaires, Mouminy obtient son BTS en juin 2018. Son intégration parallèlement se poursuit : il rencontre une jeune fille franco-malienne avec laquelle il vit en couple depuis septembre 2017.
Afin de se donner plusieurs chances en vue de demander une régularisation, Mouminy entre en contact, par l’intermédiaire de son parrain républicain, avec un chef d’entreprise qui lui fait une promesse d’embauche lui permettant l’accès à une formation au CNAM en licence professionnelle gestion des ressources humaines. Il passe également le concours de l’IRTS (Institut Régional du Travail Social) qu’il réussit avec succès. Il doit se rendre en préfecture pour solliciter un titre de séjour. Un malheureux contrôle d’identité en décide autrement : Mouminy reçoit une troisième OQTF le 27 août 2018. Comble de malchance, le recours formulé contre l’OQTF fait l’objet d’un rejet inique, le tribunal refusant de considérer la date d’envoi comme règlementaire.
Désespéré et révolté, Mouminy s’isole et se referme. Il est à nouveau contrôlé le 18 août avec une faible dose de cannabis sur lui. Ce qui pour un jeune Français se solderait par une amende ou un Travail d’Intérêt Général, a des suites tragiques pour un jeune Guinéen. La garde à vue débouche sur la rétention : Mouminy est conduit jeudi 20 septembre au Centre de Rétention Administrative de Metz où il angoisse terriblement depuis, à l’idée d’être reconduit en Guinée où il n’a plus aucune attache.
Nous, Membres du RESF, enseignants et amis de Mouminy, demandons au préfet de la Marne de lever sa rétention administrative et de lui accorder un titre de séjour afin qu’il puisse retrouver la jeune fille avec laquelle il vit et poursuivre la trajectoire brillante de sa formation professionnelle.
Pétition de soutien
Actualisation :
Le texte de cette pétition a été mis en ligne le dimanche 30 septembre. A ce jour, elle recueille près de 53 000 signatures. L’ampleur de la mobilisation a fait l’objet d’articles en ligne ou dans la presse régionale :
http://www.lhebdoduvendredi.com/article/32827/plus_de_44_000_signatures_pour_mouminy
Pour l’instant, la préfecture, qui déclare être informée de la mobilisation, n’a pas souhaité s’exprimer.
Avec Mouminy, nous soutenons Bourama, menacé de reconduite en Ille-et-Vilaine :
Merci pour eux.
Pour faire savoir ce que vous pensez aux responsables :
Préfecture de la Marne
A l’Elysée :
Pour écrire au président :
http://www.elysee.fr/ecrire-au-president-de-la-republique/
Patrick.strzoda@elysee.fr Directeur de cabinet
Matignon :
Pour écrire au 1er ministre :
sec.edouard.philippe@pm.gouv.fr
http://www.gouvernement.fr/contact/ecrire-au-premier-ministre
Intérieur :
stephane.fratacci@interieur.gouv.fr Directeur de cabinet de Collomb. Il était secrétaire général du ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale sous Hortefeux puis sous Besson ainsi que préfet du Doubs lors de l’expulsion de Léonarda. Belle carrière au service des droits de l’Homme !
nicolas.lerner@interieur.gouv.fr Dircab adjoint
pauline.pannier@interieur.gouv.fr Conseillère immigration
sec.dircabadj@interieur.gouv.fr
sec.immigration@interieur.gouv.fr
Ecrire au ministre de l’Intérieur
https://www.interieur.gouv.fr/Contact/Ecrire-au-ministre-de-l-Interieur