"Engagés !" de Fabrice Colin





Engagés !

ISBN 9782-84172-378-2, 2007, 160 pp.

Engagés ! Ce titre aux allures de slogan désigne ces milliers de femmes et d’hommes qui se battent au quotidien pour maintenir vivantes les valeurs de la République de liberté, d’égalité et de fraternité. Au moment où l’individu contemporain est décrit comme replié sur lui-même, utilitariste et étranger aux autres, ce livre témoigne d’une renaissance des engagements politiques. Sous la plume de l’écrivain Fabrice Colin, huit « engagés », se battant pour la régularisation des familles sans papiers, la sauvegarde de la planète, l’égalité des chances ou les victimes du sida, racontent leur vie de militants : leurs combats et leurs blessures, leurs motivations, ce qui les indigne, le mythe du Grand Soir…

Mais Engagés ! raconte aussi ce qui les singularise : leur lucidité. Si, comme les militants traditionnels, ils ont des idéaux, aucun d’eux ne tourne ses rêves en réalité. Le monde meilleur auquel ils aspirent est un monde dans lequel le sens de leur vie ne se dérobera pas trop vite.

 

Critique parue dans Alternatives Economiques de novembre 2007 http://www.alternatives-economiques.fr/engages--pour-resister-au-vieux-monde-par-fabrice-colin_fr_art_637_33442.html :

Engagés ! Pour résister au vieux monde
par Fabrice Colin
Ed. L’Atalante, 2007, 153 p., 9,70 euros.

Ce livre est un portrait collectif de la militance contemporaine, alimenté par les témoignages de huit "engagés". Pour l’écrivain Fabrice Colin, s’engager, "c’est remplir le silence de plus en plus assourdissant qui s’abat sur nos vies". Son propos consiste donc à faire entendre ces "voix dissonantes", quitte à s’effacer derrière elles. C’est à la fois la force et la faiblesse de l’ouvrage. L’auteur nous livre un matériau brut : les propos de militants de Greenpeace, de RESF, d’Act up, etc. Une parole finalement assez rare et qui dessine en creux la réalité nouvelle de l’engagement en France : méfiants à l’encontre de la politique traditionnelle, ces "engagés" se sont débarrassés des crispations idéologiques pour embrasser un "pragmatisme de l’immédiat". Agir plutôt que croire, tel est leur credo.

Le constat est juste. On regrette cependant l’absence de filtre entre lecteurs et témoins. Ici, pas de commentaire. Dommage, d’autant plus que lorsqu’il s’y essaye - brièvement - dans la préface, Fabrice Colin est convaincant. La parole de l’auteur, qui n’est ni celle d’un politologue ni celle d’un journaliste, avait le mérite d’être originale. Elle aurait mérité d’être mieux mise en valeur.

Laurent Jeanneau