Monsieur Gardijan Sulejman, papa de quatre filles (Medudi 7 ans, Yasmina 6 ans, Amina 4 ans et Elif, bientôt 2 ans) a été arrêté le 1er septembre 2021. Il est depuis en Centre de Rétention Administrative et menacé d’expulsion vers la Macédoine du Nord, pays où sa sécurité n’est pas assurée.
Il a quitté son pays d’origine à l’âge de 13 ans pour venir en France avec ses parents qui ont obtenu le statut de Réfugiés. Aîné d’une famille de 4 enfants, il était le seul à avoir passé son treizième anniversaire à son entrée sur le territoire français. Ses trois sœurs ont, de droit, obtenu leur titre de séjour à leur majorité. Pour lui, ce sera un refus de titre de séjour et une Obligation à Quitter le Territoire Français, qu’il n’exécutera pas : il vient de rencontrer Feride Rushiti, avec qui il aspire à fonder une famille. Elle a 4 ans de plus que lui. Ils sont très vite parents.
Il est contraint, en 2018, après une première rétention administrative, de retourner au pays que ses parents avaient fui pour des raisons reconnues par l’État Français qui leur a accordé le droit d’Asile. Quelle famille allait-il retrouver ? Pas son oncle paternel : il vit à Grenoble, avec le statut de réfugié, la France lui ayant aussi accordé le droit d’Asile. Sans attache en Macédoine, mais déjà père de Medudi et Yasmina, il va revenir à tout prix. Trouble à l’ordre public ou conscience de son rôle parental ? Qu’aurions nous fait à sa place ?
Feride Rushiti est elle aussi arrivée mineure en France, elle aussi aspire à son autonomie et à l’installation de sa vie familiale en France, pays où elle a choisi de vivre parce qu’elle croit en ses valeurs.
La famille tient à s’intégrer dans la société française et fait tout son possible . Gardijan et Feride maîtrisent très bien la langue française. Ils ont toujours veillé avec beaucoup d’attention à la scolarité de leurs enfants. Les trois filles aînées de la famille sont scolarisées à l’école Grand Châtelet à Grenoble.
Malgré l’angoisse liée à l’arrestation de leur papa survenue la veille de la rentrée scolaire, les trois petites filles, soutenues par leur maman qui affronte courageusement cette situation, ont malgré tout effectué leur rentrée à l’école. Medudi est en CE1, Yasmina au CP et Amina en moyenne section. Jusqu’à présent, elles poursuivent toutes trois une très bonne scolarité, sont assidues et ont de bons résultats scolaires. Expulser leur papa compromettrait sans nul doute leur scolarité en cours, leurs projets et leur avenir. Ces quatre enfants sont nées et ont grandi en France où elles ont tous leurs repères. Une expulsion ne pourrait être vécue que comme un déchirement, un déracinement et un véritable traumatisme.
C’est pourquoi Nous, parents d’élèves de l’école Grand Châtelet à Grenoble, enseignants, personnels de l’école, voisins, amis, habitants et aussi avant tout citoyens n’acceptons pas que ces enfants vivent dans la peur permanente de l’expulsion de leur famille. Nous demandons le respect de l’article 9 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant : « Les Etats parties veillent à ce que l’enfant ne soit pas séparé de ses parents contre leur gré, à moins que les autorités compétentes ne décident, sous réserve de révision judiciaire et conformément aux lois et procédures applicables, que cette séparation est nécessaire dans l’intérêt supérieur de l’enfant. »
Nous considérons que la famille Sulejman/Rushiti a le droit de vivre en paix et en sécurité en France et de préparer un avenir pour ses enfants qui y sont nés. Dans ce but, nous demandons la libération de Gardijan Sulejman, arrêté le 1er septembre 2021 à Grenoble et menacé d’expulsion vers la Macédoine du Nord. Nous demandons également la régularisation de la situation de Gardijan et Feride en France en leur octroyant un titre de séjour.
Dernière minute : Placé en rétention administrative le 1er septembre 2021 à 15h45, il est passé en jugement le 3 septembre à 14 h30, et l’appel pour lequel le délai de recours est de 24h a déjà eu lieu, ce 4 septembre. Pourquoi cette précipitation et cet acharnement ? L’avocat grenoblois qui connaît le dossier est en congés et rentre lundi. La mobilisation des parents qui connaissent la famille est difficile en ce tout début d’année scolaire : Nous sommes consternés par cette justice expéditive !