"Faute d’identité", par Michka Assayas

Après avoir perdu son passeport et n’ayant pas fait refaire sa carte d’identité depuis 10 ans, Michka Assayas va devoir se plonger dans ses origines familiales pour prouver son statut de français.

Rien ne sert d’être français si l’on n’est pas capable de le prouver. C’est ce qu’a dû ressentir Michka Assayas, fin 2009. Ayant perdu son passeport (et n’ayant pas jugé utile de faire refaire sa carte d’identité depuis 1999), l’écrivain et critique rock s’en allait tranquillement faire renouveler celui-ci à la mairie du XVIIIe arrondissement de Paris. Il ne se doutait pas que cette formalité n’en serait finalement pas une. Son père étant né à Istanbul et sa mère à Budapest (tous deux ont toutefois été naturalisés), la demande d’Assayas aboutit à une fin de non-recevoir, faute de "preuve de nationalité" - selon la formule établie par une loi de 2005. Estomaqué, le citoyen éconduit se rendit dès lors au "Pôle de la nationalité française", où l’attendait une employée pas des plus coopérantes. Ce sera pour ce sans-papiers malgré lui le début d’un parcours du combattant. Tout cela pour un malheureux document, désormais plastifié et sécurisé "comme dans un film de science-fiction des années 1980". 

Si le portrait de la France d’aujourd’hui n’a ici rien de flatteur, Faute d’identité ne saurait être réduit à un simple réquisitoire contre la bureaucratie et une certaine xénophobie. Cette mésaventure administrative est l’occasion pour Michka Assayas de revenir sur ses origines (on admirera ainsi quelques pages formidables sur son père, qui fut scénariste de Claude Autant-Lara et de René Clair, sous le pseudonyme de Jacques Rémy) et sur sa génération, désespérément en quête de repères. Mais aussi sur son "identité littéraire", qui n’est finalement pas la plus aisée à définir - même si l’état civil n’en a pas grand-chose à faire...


MICHKA ASSAYAS

Faute d’identité

Grasset

 

 

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