Festival International du Film des Droits de l’Homme : Le Grand Prix a été attribué au film "No comment" de Nathalie Loubeyre

La 7ème édition du Festival International du Film des Droits de l’Homme (FIFDH) de Paris s’est conclue sur la cérémonie de remise des prix.

Le jury de la catégorie “Documentaires de création” était composé de Stéphane Hessel, Bruno Gaccio (Canal+) et de la réalisatrice Simon Bitton (Le Mur).

Le Grand Prix a été attribué au film "No comment" (France, 2008, 52mn) de Nathalie Loubeyre :
Ils sont Afghans, Irakiens, Kurdes, Palestiniens, Erythréens, Somaliens, Soudanais... Ils ont fui la guerre, les massacres, l’insécurité, la misère. Six ans après la fermeture de Sangatte, ils sont toujours aussi nombreux à tenter de passer en Grande-Bretagne. Livrés à la rigueur des éléments, privés de tout, y compris de leur propre identité, dont ils effacent les traces jusque dans leur propre corps, harcelés par la police, ils errent dans la ville de Calais, survivant grâce aux associations locales qui les nourrissent. Sans s’attacher à aucun d’entre eux, sans commentaire et sans interview, le film décrit cette survie, au coeur de la ville qui semble les avoir intégré à son paysage.
La réalisatrice a déclaré : « Je voudrais dédier ce prix à tous les hommes et les femmes qui, à Calais et ailleurs, fuient la misère, l’insécurité, l’arbitraire, la terreur et que nous ne savons plus accueillir et protéger, que nous rejetons dans des zones de non-droit, et que nous tentons d’effacer du paysage et de nos consciences, mais qui n’en sont pas moins là. Des hommes et des femmes qui, malgré la souffrance et l’épuisement dans lesquels ils se trouvent, nous donnent souvent des leçons de vie et de dignité. Je dédie aussi ce prix à tous ceux qui, individuellement ou collectivement, se lèvent pour les aider, quels qu’en soient les risques et qui redonnent du sens au mot « fraternité ».

Un film documentaire au coeur du débat politique français qui fait écho à la fiction "Welcome" qui triomphe actuellement sur les écrans. "No comment" recherche un distributeur et un diffuseur tv.


Le Prix spécial du Jury a été remis au film "Tout l’or du monde" (France, 82mn, 2007) de l’Australien Robert Nugent :

"Tout l’or du monde" s’attache aux bouleversements provoqués par l’implantation d’une multinationale de l’extraction dans la vie des villageois et dans leur environnement. Un véritable drame dans cette région de Guinée où l’on est paysan, mais aussi mineur, selon la saison. Du griot du village à l’ingénieur en chef en fin de carrière, ce documentaire exemplaire confronte deux visions du monde inconciliables autour de leur rapport au précieux métal jaune et capte les dramatiques (et irréversibles) changements induits par la mondialisation.

Le jury de la catégorie “Dossiers et Grands reportages” composé de Marie Monique Robin, réalisatrice (Le monde selon Monsanto), Robin Shuffield, réalisateur (Thomas Sankara) et Fréderic Debomy (président du Collectif Infos Birmanie) a choisi de récompenser du Grand Prix le film "Shadow of the Holy Book" de Arto Halonen (Finlande, 2008, 90 mn) :
Pourquoi les plus grandes multinationales traduisent elles le Ruhnama dans leur langue d’origine, un livre de propagande présidentielle ubuesque ? « Shadow of the holy book » révèle les turpitudes de ces entreprises qui pour s’approprier l’accès aux ressources en gaz et en pétrole duTurkmenistan se livrent à toutes les compromissions morales avec le régime en place et consolident sa main mise dictatoriale sur le pays, au nom de la recherche maximale de profits.

Le jury a déclaré, par la voix de Robin Shuffield : "Avec ténacité professionnalisme et acharnement mais aussi avec simplicité, humanisme et humour le réalisateur réussi a tirer la sonnette d’alarme sur ce cynisme dans les affaires qui, à notre époque n’a plus aucune limite..." Le film sera diffusé sur Arte le 16 avril prochain.

Le Prix Spécial du Jury est revenu au film "Résister n’est pas un crime" (Belgique, 2007, 90mn) de Marie-France Collard, Foued Bellali et Jérôme Laffont :
Le film montre comment le climat sécuritaire installé par la dite “guerre contre le terrorisme” après le 11 septembre 2001 a connu des dérives graves peu connues, en Europe, notamment en Belgique.

"Ce film illustre avec une grande clarté la façon dont l’Etat de droit est menacé par l’application de la politique antiterroriste importée des Etats-Unis." ont tenu à souligner les membres du jury.

Le film "Toute ma vie en prison" (UK, 2008, 90 mn) de Marc Evans a reçu deux prix au cours de cette cérémonie : le Prix des “Etudiants d’Ile de France et Prix Planète attribué par la chaîne Planète (Canal+) :
"Toute ma vie en prison" est un film documentaire inédit en France qui revient sur l’affaire Mumia Abu Jamal le plus célèbre prisonnier politique américain. Le film cherche encore son distributeur en France.


Le FIFDH Paris tient à remercier tous ses partenaires pour leur soutien ; le Secours Catholique Caritas, la Mairie de Paris, le Conseil Régional d’Ile de France et l’Acsé Ile de France, Planète, RFI, Toogezez, La Vie, Slate.fr