Lettres exprès

"Fleshmarket Close", Ian Rankin

FLESHMARKET CLOSE


 


Ian Rankin,


traduction Daniel Lemoine


 


Le Livre de Poche, 626 pages


 
 
Présentation de l’éditeur :
 
D’où viennent les faux squelettes retrouvés enfouis sous une chape de ciment dans un bar de Fleshmarket Close ? Il faudra plusieurs enquêtes croisées, comme Rankin sait si bien les tisser, pour le savoir. Rebus, à la recherche du meurtrier d’un journaliste kurde immigré, met au jour un sale trafic de sans-papiers, qui débouche sur l’exploitation d’une main-d’oeuvre illégale qu’en d’autres temps on aurait qualifiée d’esclavage. Quant à Siobhan Clarke, sa fidèle partenaire, elle doit élucider le meurtre d’un violeur récemment libéré de prison. Une fois de plus, au lourd passé d’Edimbourg succède un présent honteux. Racisme primaire, mépris total de la dignité humaine et gros enjeux d’argent déclenchent chez Rebus une rage intense, et une forte envie de rééquilibrer à sa façon la balance de la Justice !
Biographie de l’auteur : Né en 1960 dans le comté de Fife, Ian Rankin a étudié la littérature à l’université d’Edimbourg, interprété ses chansons dans un groupe rock et écrit son premier polar à la place de sa thèse. Il a obtenu un nombre impressionnant de récompenses, dont l’Edgar du meilleur roman policier en 2004, le Grand Prix de littérature policière et le prestigieux Diamond Dagger de la CWA en 2005.
 
L’avis de Lettres exprès :
 
C’est toujours un plaisir de retrouver Edimbourg et John Rebus, comme de vieilles connaissances jamais perdues de vue, et ce, même si la recette peut sembler toujours un peu semblable. Les ingrédients en sont des tranches de vie urbaine écossaise, un duo de policiers et les relations qu’ils entretiennent, un certain nombre d’autres protagonistes, deux ou trois affaires parallèles, une chronologie rigoureuse, le tout arrosé de café ou de whisky, selon l’heure du jour et l’humeur.
Dans ce quinzième livre où apparaît l’inspecteur Rebus, une première enquête semble très anecdotique : la découverte de squelettes coulés dans du béton, sous un bar de Fleshmarket Close, s’avèrent être faux. Beaucoup plus dramatique, la mort d’un sans-papiers, journaliste kurde, dont la famille se trouve en centre de rétention. A ce moment, on sent que le sujet tient particulièrement à cœur à l’auteur, et les pages sur la vie dans ce centre, sur les expulsions, sur l’exploitation des travailleurs sans-papiers, sur les logements qui les abritent, sont remarquables. L’humour est toujours présent, John Rebus et Siobhan Clarke ont assez d’expérience pour remettre en place vertement les personnes qui tentent de freiner la progression de leur enquête. 
Au final, plus de 600 pages qui se dévorent, un Rankin de très bonne tenue. (...)
 
Extraits :
 
Il y avait, à Knoxland, quatre tours de huit étages, situées aux quatre coins d’un carré et dominant une aire de jeux centrale à l’abandon. Il y avait un couloir extérieur à chaque niveau et tous les appartements avaient un balcon donnant sur l’autoroute.
 - Des tas de paraboles, constata Siobhan.
 Rebus acquiesça. Il s’était interrogé sur ces antennes paraboliques, sur les versions du monde qu’elles transmettaient dans les salons et les vies. Pendant la journée, des publicités consacrées aux assurances en cas d’accident ; le soir, à l’alcool. Une génération convaincue qu’il est possible de contrôler l’existence grâce à une télécommande.

 

Des portes s’ouvrirent ; d’autres furent enfoncées à coups d’épaule. Dévoilèrent…

 Des scènes de la vie quotidienne : familles à table, prenant le petit déjeuner.

 Des séjours où des gens dormaient dans des sacs de couchage ou sous des couvertures. Sept ou huit par pièce et même parfois dans le couloir.

 Des enfants hurlèrent de terreur, les yeux dilatés. Des mères les prirent dans leurs bras. De jeunes hommes enfilèrent leurs vêtements,ou, effrayés, serrèrent le bord de leur sac de couchage.

 Des hommes d’âge mûr protestèrent dans un mélange de langues, agitant les mains comme des mimes. Des vieillards, insensibles à cette nouvelle humiliation, à demi aveugles sans leurs lunettes, restèrent déterminés à se montrer aussi dignes que possible compte tenu de la situation.


 

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