92 - Hauts-de-Seine

"Hauts-de-Seine : après avoir traversé l’enfer, Ahmed se retrouve aux portes de l’expulsion"

Ce père de famille qui a fui la misère en Egypte est sous le coup d’une expulsion du territoire. A Colombes, où son fils est scolarisé, on se mobilise.

Ce jeudi, Ahmed saura s’il a gagné un sursis. Le tribunal administratif de Cergy doit se prononcer sur un recours déposé afin d’annuler une « ordonnance de quitter le territoire français » : une OQTF ou ordre d’expulsion. A Colombes, où habite ce père de famille de 31 ans, les élus et des parents de l’école maternelle Victor-Hugo se sont mobilisés : une pétition était proposée à la signature mardi matin tandis qu’un rassemblement doit se tenir samedi.

Au centre de tout cela, un homme qui a fui la misère pour offrir plus et mieux à sa famille. Ahmed Ali est Egyptien. Fin 2016, peu après la naissance de Youssef, son premier fils, il décide de quitter le petit village pauvre où il habite. Sa terre promise, pour lui comme pour tant d’autres, c’est l’Europe et en particulier la France, tellement vantée par un de ses amis qui y réside. D’abord y arriver, ensuite faire venir la famille.

Sa route passe d’abord par la Libye. En fait de route, c’est plus un chemin de croix qu’Ahmed s’apprête à emprunter. Un beau jour de 2017, toutes ses possessions cédées à des passeurs, il se retrouve sur une plage. Derrière lui, les truands libyens, armés et menaçants, devant la Méditerranée et un malheureux zodiac. « Ou on montait dedans ou on se faisait abattre, se souvient-il. On s’est retrouvés à 140 dedans… Là, j’ai réalisé que je pouvais mourir pendant la traversée, que je ne reverrai peut-être pas ma femme et mon fils. »
Arrivé en France après deux tentatives infructueuses

Après trois jours de mer sans rien manger, un navire d’aide aux migrants arrive à la rescousse et sauve les « passagers » d’une mort de plus en plus probable. Ahmed débarque alors en Italie. Sain et sauf mais loin d’être tiré d’affaire. Hébergé un temps, chez un compatriote, il monte alors dans un train en direction de la France. Comme nombre d’autres migrants ayant choisi cette option, il est interpellé à la frontière et renvoyé en Italie. Pas question de baisser les bras. Ahmed retente sa chance. La troisième tentative sera la bonne. Fin 2017, après un an de parcours du combattant, il débarque à Paris.

« Pendant des mois, tout s’est bien passé », poursuit-il. Ahmed travaille à droite et à gauche sur des chantiers, notamment comme peintre. Il quitte Paris pour un appartement à Colombes en sous-location. Il envoie une partie de ses revenus à ses proches. En janvier dernier, sa femme réussit à réunir assez d’argent pour obtenir un visa et le rejoindre. La famille est réunie.

Ahmed s’est inscrit à des cours de français dispensés par des centres sociaux et, en septembre, le petit Youssef, quatre ans, prend le chemin de l’école maternelle Victor-Hugo. Yacine, son petit frère, voit le jour le 27 octobre. En somme, Ahmed mène une vie qui aurait l’air normale sauf qu’il est toujours en situation irrégulière.
« Ces gens font tout pour s’intégrer »

Cette vie bascule le 9 novembre.

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