92 - Hauts-de-Seine

Hauts-de-Seine : mobilisation générale pour sauver l’apprenti boulanger de l’expulsion

Bien qu’il prépare un CAP dans la boulangerie L’Écureuil de Malakoff, Moctar, qui vient d’avoir 18 ans, est visé par une obligation de quitter le territoire français. Au grand désespoir de son patron.

Même s’il fait le bonheur de son patron boulanger, Antoine Lefèvre, le jeune Malien a reçu une obligation de quitter le territoire français. LP/D.L.

Par David Livois
Le 5 mars 2021 à 11h02

Des apprentis, Antoine Lefèvre en a vu défiler quelques-uns derrière les fourneaux de L’Écureuil, la boulangerie qu’il a reprise avec ses parents, à Malakoff. Mais à le croire, aucun n’était aussi investi que Moctar, le jeune Malien avec qui, tous les matins, il plonge les mains dans le pétrin.

Seulement voilà, doué ou pas pour la boulangerie, Moctar, qui vient d’avoir 18 ans, n’est plus censé se rendre à L’Écureuil, où il travaille pourtant depuis septembre dans le cadre du CAP qu’il prépare au campus des métiers et de l’entreprise de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Le tout jeune majeur - pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE) depuis son arrivée en France, en avril 2019 - est en effet visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF), notifiée le 23 novembre dernier.

« Franchement, c’est peut-être le meilleur apprenti que j’ai eu à mes côtés »
Une menace qu’Antoine a décidé d’ignorer. Car pour le boulanger, renvoyer Moctar au Mali – un pays qu’il a pris le risque de fuir seul, dans des conditions difficiles, à l’âge de 16 ans – ne répond à aucune logique. « D’autant qu’il est exemplaire, souffle-t-il. Il est toujours à l’heure, motivé, à l’écoute. Il capte vite. Franchement, c’est peut-être le meilleur apprenti que j’ai eu à mes côtés. »

Même discours élogieux derrière la caisse enregistreuse, où la mère du boulanger dépeint un apprenti aussi « appliqué » que déterminé. « Il fallait le voir venir à l’aube depuis Bagneux, quel que soit le temps, sur son vieux vélo tellement déglingué qu’il était impossible de le réparer. Depuis, il s’est offert une trottinette électrique. »

Cette trottinette, Moctar aimerait pouvoir l’enfourcher encore quelque temps. « Au moins, le temps de finir mon CAP, glisse ce solide gaillard à la timidité presque maladive. Boulanger, j’aimerais en faire mon métier. » Son maître d’apprentissage, lui, rêve plus grand et imagine son poulain poursuivre une formation en pâtisserie. « Du travail, il y en a, insiste-t-il. Mais des bons apprentis comme lui, il y en a moins. »

Une pétition en ligne

Comme son collègue de Besançon (Doubs), Stéphane Ravacley, l’a fait avant lui, Antoine se mobilise donc pour sauver son apprenti de l’expulsion. Sans aller jusqu’à la grève de la faim, l’artisan médiatise sa cause et s’entoure d’associations et d’élus. Parmi elles, le réseau éducation sans frontière (RESF) et l’association Solidarité jeunes étrangers 92 ont lancé une pétition de soutien à Moctar. Elle approchait 900 signatures, ce vendredi matin.

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