Nous avons bien souvent pointé dans notre bulletin mensuel la manière indigne dont la question migratoire était instrumentalisée par certains politiciens aussi ambitieux que dénués de scrupules qui, tout en appelant à l’occasion au front républicain, n’hésitent pas à reprendre des arguments directement puisés dans les discours xénophobes sinon racistes de l’extrême-droite. Dans ce contexte, les mesures concrètes annoncées par le nouveau premier ministre français, au sujet de la « maîtrise des flux migratoires » sont attendues avec appréhension par celles et ceux qui se souviennent des positions affligeantes tenues par Michel Barnier en 2021 alors qu’il était candidat aux primaires de LR. Aujourd’hui que son avenir à Matignon dépend directement du bon vouloir des députés RN, il est à craindre que celui-ci soit d’autant plus tenté de « faire des migrants les otages de sa survie politique ».
Cette même tendance à la porosité entre droite et extrême-droite s’observe partout en Europe avec pour conséquence des durcissements à la chaine des politiques migratoires des États membres de l’UE. Voté le 10 avril au Parlement européen, le pacte asile et migration, qui ouvre la voie à un filtrage encore plus important des migrants aux frontières, à des contrôles renforcés et à la création de centres de rétention, acte ainsi le fait que l’Europe est prête à un certain nombre de compromissions quant au respect des droits humains. Force est du reste de constater que pour des pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne ou l’Italie, les résultats des élections peuvent laisser supposer que l’instrumentalisation de la question migratoire par les extrêmes droites a payé. Elle ne fonctionne pourtant qu’en s’appuyant et en alimentant l’incompréhension ou la méconnaissance, dans l’unique objectif d’inciter au rejet de l’étranger en le présentant comme une menace ou un danger.
Malgré tout, et contrairement à ce qui est parfois clamé, nombreux sont ceux qui refusent de céder à la peur, au repli et à la haine. Nous en sommes et affirmons, avec Francis Wurzt, qu’« il est grand temps de penser le monde à venir avec pour repères non la forteresse mais les communs, non le refoulement mais la solidarité, non les rapports de force mais les coopérations dans l’égalité. »
À l’appel de : Chrétiens-Migrants, Réseau Éducation sans Frontières (RESF), Emmaüs 100 pour UN, Utopia 56, Pastorale des Migrants, CCFD Terre Solidaire, Ligue des Droits de l’Homme (LDH), Rencontre Entraide Protestante, Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT), Amnesty International 37, La CIMADE, Europe Écologie Les Verts Touraine, NPA, ATTAC, Collectif Palestine 37, et de tant d’autres qui relaient cette information. En mémoire du Père Léon Gahier, prêtre-ouvrier, Capucin de la famille des Franciscains et parrain du Cercle de Silence de Tours.
Contacts : Louis BARRAUD (02 47 28 54 41 / 06 85 14 30 02) ; Patrick BOURBON (02 47 63 27 06) ; Olivier PION (06 24 66 96 23)