« Je ne suis pas d’ici » d’Hugo Hamilton

Ceux qui viennent d’ailleurs....

Ils viennent de tous les coins du monde, ils arrivent un beau matin dans un pays dont ils ignorent souvent la langue . Leurs familles et amis sont loin, très loin, il leur faut tout reconstruire et tisser du lien social.

Certains fuient la misère, d’autres sont des réfugiés politiques et presque tous sont déracinés.

Dans l’ association Familles Laïques de Vaux le Pénil , nous organisons des cours de français et nos bénévoles grandissent avec les « apprenants » dans le cadre des échanges que nous organisons.

Ensemble nous « brisons » les frontières pour essayer de nous connaître.

J’ai été particulièrement étonné par la soif des gens venus d’ailleurs d’apprendre la langue et les usages. Si au début, les personnes que nous accueillons sont un peu perdus, voire désemparés car ils se retrouvent seuls ici dans un nouveau pays, ils finissent par reprendre espoir et se construire des projets.

Evidemment nous présentons les principes républicains afin que chacun se les approprie et aucun débat n’est tabou. La laïcité est présentée clairement mais simplement et là nous avons un véritable partage après un temps d’interrogations, voire de surprises.

La découverte et la lecture du livre d’Hugo Hamilton permet de faire le lien entre notre propre expérience et ce qui se passe dans ce récit de la vie d’un homme « venu d’ailleurs »

 

« Je ne suis pas d’ici »

d’Hugo Hamilton

Editions Phébus

domaine étranger

277 pages

20 €

mars 2011

 

 

Le pire n’est pas inscrit dans le marbre

 

C’est une roman avec intrigue qui nous entraîne dans le sillage d’un jeune Serbe de Belgrade qui arrive, mu du rêve irlandais ou plutôt de l’envie de se reconstruire loin de ce pays ravagé

par la guerre civile.

Le lecteur fait connaissance de la vie difficile, de solitaire, de déraciné de celui qui cherche à s’intégrer et à devenir un parmi d’autres, reconnu, accepté, voire aimé...

Il est un peu naïf, plein de bonté ce Vid Cosic et sa liaison amicale avec un avocat est loin d’un fleuve tranquille.

Il est socialement et personnellement utile comme charpentier talentueux et comme ami fidèle mais il reste quelqu’un de là-bas et pas d’ici.

Toutes les déconvenues ne viennent pas inéluctablement de l’autre, de celui qui puise ses racines à Dublin :

« Quand vous venez d’ailleurs, vous développez tous ces préjugés selon lesquels les gens de ce pays seraient supérieurs, plus drôles, plus doués avec la langue et les plaisanteries »....

Quand l’idée « négative » de soi rencontre le regard de rejet de celui qui est enraciné dans le pays « d’accueil », rien n’est possible...Le pire peut arriver à moins que la volonté et la recherche de la reconnaissance permettent de sortir de la spirale infernale de l’exclusion.

Vid Cosic va essayer de se « faire adopter » par ce peuple...La marche est longue d’autant plus qu’il se se trouve plongé dans un secret de famille et in schisme familial qu’il ne comprend pas.

Mais rien n’est inscrit dans le marbre et il arrive parfois que la volonté et l’esprit solidaire abattent les murailles de l’incompréhension.

 

Ce livre traduit de l’anglais (Irlande) avec soin par Bruno Boudard renoue avec les descriptions minutieuses et vivantes de lieux.

Il nous donne même l’envie d’aller voir ce pays , hier d’émigration, aujourd’hui d’immigration

qui entre dans la modernité après avoir connu l’obscurantisme religieux et « culturel ».

 

Jean-François Chalot

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