"L’enfant du zoo" de Didier Daeninckx et Laurent Corvaisier

L’enfant du zoo

Auteur : Didier Daeninckx
Illustrations : Laurent Corvaisier
Editeur : Rue du Monde
Collection : Roman du Monde
Mai 2004 - 10,50 euros
Roman à partir de 10 ans
10,50 €


Depuis Cannibale et Le Retour d’Ataï, on connaît l’attachement de Didier Daeninckx pour le peuple Kanak et surtout pour le village de Canala, dont les habitants avaient été exposés derrière des barreaux du jardin d’Acclimatation lors de l’Exposition coloniale de 1931. L’auteur a vu dans cette épisode les méfaits du colonialisme et surtout les manquements à la devise républicaine. Mais au-delà, l’auteur a tissé en Nouvelle-Calédonie des liens très profonds et sa rencontre avec une jeune fille de Canala, a suscité ce texte « L’enfant du zoo », somptueusement illustré par Laurent Corvaisier. Ce récit est d’abord un livre-mémoire : celui d’Eve, une gamine de dix ans qui habite Laval. Pour son anniversaire, ses parents lui offrent le train pour la première fois. Direction : Paris et l’Exposition coloniale (l’oncle d’Eve a participé à sa préparation). Comme les Expositions universelles, cette exposition a été un moment fort de la vie parisienne et de la nation toute entière ; une sorte d’apothéose de la « grandeur » de la France et de ses colonies. Lors de sa visite, l’enfant est attirée par mille merveilles, toutes plus exotiques les unes que les autres. Mais ce fabuleux voyage s’arrête lorsque Eve rencontre un jeune garçon kanak derrière des barreaux, nommé Iataï (à noter que le texte est parsemé de nombreux palindromes). Le garçon est montré, avec sa famille, comme une tribu cannibale (les « en trop » dit un petit garçon). Eve va alors tenter de lutter contre les préjugés et la discrimination. Grâce à l’aide de son oncle, elle réussira à faire libérer le jeune kanak. Ils passeront quelques jours de vacances à Laval, avant le grand départ, où Eve promet qu’un jour elle ira à son tour à Canala. La seconde partie du récit, plus courte, est aussi plus émouvante. Nous sommes en mars 2004, Eve a bientôt quatre-vingt-trois ans. En rangeant le grenier, elle retrouve un vieux cahier et confie l’histoire de cette rencontre à sa petite-fille. Celle-ci, avec l’aide de sa famille, va alors organiser ce grand voyage pour l’autre bout du monde. Eve, « femme de parole », tiendra alors sa promesse et pourra rencontrer de nouveau Iataï (ses filles et ses petites filles qui portent toutes un prénom composé à partir de Eve). Si vous ne connaissez pas l’œuvre de Didier Daeninckx, un récit chargé d’émotion est à vite découvrir et, sans nul doute, fera débat.