La Croix : « On vient pour la visite », au cœur du mouvement des travailleurs sans papiers

Coming for a visit (On vient pour la visite) - Trailer from Vezfilm on Vimeo.

par Jean-Baptiste François

Il s’agit d’un tournant dans l’histoire des mouvements contestataires. Pour la première fois en 2009, les syndicats, au premier rang desquels la CGT, se mettent à défendre en masse des travailleurs qu’ils n’avaient pas l’habitude de voir dans leurs permanences : des étrangers en situation irrégulière. 

« On vient pour la visite », documentaire signé Lucie Tourette, livre un témoignage rare de cette époque pionnière, décrivant subtilement un mode opératoire resté inchangé depuis.

Bras de fer avec les patrons

Pour être régularisés, les travailleurs sans papiers qui utilisent un prête-nom doivent obtenir de l’employeur un certificat de concordance. D’autres ont bien des bulletins de paie à leur nom, mais ils n’arrivent pas à obtenir de la part de leur patron le document officiel attestant leur embauche. 

Ils engagent alors un bras de fer avec les patrons, plus ou moins conciliants, afin d’obtenir le précieux sésame. Cela se traduit par des occupations des entreprises concernées, des heures passées en réunion pour préparer ces opérations coup-de-poing, avec en bout de course des avancées, mais aussi de nombreuses déceptions, lorsque le mouvement s’éternise. 

 

Syndicalistes, travailleurs, patrons, policiers

Le film (à télécharger dans son intégralité) montre de l’intérieur comment chacun des protagonistes, sur un fil, doit sans cesse se repositionner par rapport aux autres. Les syndicalistes, d’abord dans une posture professorale vis-à-vis des apprentis grévistes, doivent peu à peu composer avec des militants plus affirmés. 

Les travailleurs sans papiers peuvent eux-mêmes être déstabilisés face à des policiers, comme eux issus de l’immigration, mais venus faire respecter l’ordre. Il y a aussi les patrons les plus réticents, d’abord menaçants, mais qui finissent par s’adoucir alors que le rapport de force ne tourne pas en leur faveur.

Aux dernières mesures de la CGT, l’été dernier, 1 200 dossiers de régularisation n’avaient pas encore pas encore reçu d’issue positive sur les 4 000 déposés dans les préfectures au début du mouvement.

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