La Défense (92) : rassemblement au pied de la Grande Arche pour les mineurs isolés

Ils étaient des dizaines, membres du barreau des Hauts-de-Seine, politiques et associatifs à se rassembler ce samedi midi.

Des dizaines de souliers devant la Grande Arche de La Défense. Ce samedi après-midi. Autant de témoins des kilomètres parcourus par de jeunes mineurs pour arriver jusqu’ici. « J’ai marché, grimpé des montagnes, traversé la mer par un Zodiac, témoigne Abdoulaye, originaire de Guinée. Ici je suis dehors chaque jour, sans famille, les matins, l’aide sociale à l’enfance me dit : reviens demain, reviens demain… chaque matin. »

C’est pour dénoncer le traitement accordé aux mineurs isolés étrangers dans les Hauts-de-Seine, qu’un rassemblement était organisé par le Réseau éducation sans frontière du département (RESF 92) et le groupe des avocats d’enfants du barreau des Hauts-de-Seine. Le lieu n’a pas été choisi par hasard. Dans le même temps se tiennent les Assises nationales des avocats d’enfants dans la Grande Arche.

« Tous les jours il y a entre 20 et 30 jeunes qui attendent l’ouverture de l’accueil »

Pierre-Ann Laugery, bâtonnier de Nanterre, vient de quitter les Assises. Il se saisit rapidement d’une pancarte et se joint au cortège de manifestants. « Nous avons aujourd’hui un gouvernement qui est en train de régresser, il n’y a plus aucune empathie et pas seulement à l’échelle nationale, ici, dans les Hauts-de-Seine cela se traduit par les MNA (NDLR : mineurs non accompagnés). »

Car depuis le 2 juillet, cet accueil n’est plus réparti sur 6 sites dans le département mais, est centralisé à Nanterre. « Tous les jours il y a entre 20 et 30 jeunes qui attendent l’ouverture de l’accueil MNA à 9 heures, parfois après avoir passé la nuit dans la gare de Nanterre, témoigne Salomé, qui habite juste à côté de l’accueil. Et là, un agent sort et en sélectionne, 1, 2 ou 3, sans raison valable, c’est au faciès s’ils ont l’air jeune. Hier par exemple, il n’y en a eu qu’un qui a pu entrer. »

« En regroupant les 6 cellules à Nanterre le département n’a pas adapté les besoins humains »

Car tous ces jeunes ont besoin d’être reçus à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) pour subir une évaluation pour vérifier qu’ils sont bien mineurs avant d’être pris en charge. « En regroupant les 6 cellules à Nanterre le département n’a pas adapté les besoins humains, et les travailleurs sociaux sont débordés, et au bord du burn-out, témoigne une de leur collègue qui préfère garder l’anonymat. Ils se sentent isolés et ce sont ensuite les jeunes qui en pâtissent. »

Les manifestants espèrent « réveiller les autorités pour qu’elles prennent leurs responsabilités », comme l’explique une avocate. Et permettre ainsi à Dramane, qui va fêter ses 17 ans, le 12 décembre prochain, « d’être reçu à Nanterre pour avoir des papiers et pouvoir peindre ».

De son côté, le conseil départemental, en charge de l’accueil des mineurs isolés, fait savoir que « des efforts considérables » sont réalisés : « 185 % de mineurs en plus ont été accueillis en 2017 par rapport à 2015 et le budget alloué est passé de 6,5 M à 28 M€ en trois ans ». Et assure que « la moitié des jeunes qui se présentent ne sont ni mineurs, ni isolés ou ont déjà été refusés par un autre département. »

Lire la suite : LeParisien.fr