Le Courant : Le Havre : une jolie comédie sur un jeune immigré

Pour son 19ème long métrage et son premier film français, Aki Kaurismäki nous offre une comédie dramatique. Sorti le 21 décembre 2011 en France, il a déjà été sélectionné en compétition au festival de Cannes 2011 et reçu le prix Louis-Delluc récompensant le meilleur film français de l’année.

près La Fille aux allumettes ou L’Homme sans passé, le nouveau film d’Aki Kaurismäki raconte l’histoire d’un cireur de chaussures, Marcel Marx, interprété par André Wilms, qui s’est donné pour mission d’être près du peuple. C’est pourquoi, il décide de protéger et cacher un petit garçon africain, Idrissa, qui arrive clandestinement à bord d’un cargo. Sa famille a fui son pays d’origine à bord d’un container et il est le seul à parvenir à échapper à la police. L’arrivée du petit immigré africain va bouleverser la vie paisible que menait l’ex-écrivain, entre le bistrot du coin, son travail et sa femme.

Coup de foudre pour le Havre

La ville a toujours attiré Aki Kaurismäki. Dans son film, il la transforme quelque peu afin de lui redonner l’âme qu’elle avait dans les années 1950. Le réalisateur finlandais avoue : « je suis tombé amoureux du Havre, de ses lumières qui séduisaient déjà Manet, de ses quartiers ouvriers, de ses docks, de son port…  ». La ville, détruite pendant la guerre puis reconstruite, est aujourd’hui encore en constante transformation. Aki Kaurismäki a voulu filmé un monde humain en jouant sur des effets d’anachronisme.

Un thème sérieux abordé avec humour

Le film aborde un sujet sérieux : l’immigration. Un thème d’actualité pour lequel le Havre, port d’attache de l’immigration clandestine, constituait l’endroit idéal du tournage. En toile de fond, on entend les chansons de Damia qui ne sont pas sans rappeler les films de Marcel Carné des années 1950. Il utilise les codes du passé pour mieux parler du présent. Kaurismäki fait passer un message sur le ton de l’ironie, permettant de prendre de la distance et de dramatiser. Répliques et intonations oscillent entre absurde et sérieux.

Un conte optimiste

Pour le réalisateur, le cinéma doit être une échappatoire à la condition humaine. Il met en valeur la solidarité des personnages. Les bons sentiments des gens du quartier l’emportent sur les mauvaises intentions policières.

Kaurismäki fait preuve d’un regard bienveillant pour les laissés-pour-compte. Les personnages donnent d’eux-même et sont prêts à aider leur prochain dans une société qui semble avoir oublié ce que le mot fraternité veut dire. Il reste d’ailleurs fidèle à son parcours : décrire le monde tel qu’il ne va pas et filmer des personnages qui luttent contre l’adversité et le fatalisme.

Critique de la chasse aux sans-papiers

Jean-Pierre Darroussin interprète un inspecteur rusé mais têtu, souffrant d’être mal aimé. Dans ce film, le petit garçon clandestin doit faire face à une police armée jusqu’aux dents. Une absurdité que ne manque pas de souligner le réalisateur. Les autorités sont apparemment décidées à mobiliser tous les moyens pour mettre un enfant hors de France. Kaurismäki met en valeur le fait que tout pourrait se régler plus simplement pour ce jeune africain qui rêve de rejoindre sa mère en Angleterre.

Le réalisateur finlandais nous offre une belle histoire d’amitié, traitée avec humour, dans un contexte pourtant tragique.

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