Anti-Roms... le changement, c’est pour quand ?

Le Monde : IL ÉTAIT UNE FOIS EN FRANCE – L’histoire de l’intégration réussie de familles roms dans un village

Indre, commune de 4 000 habitants de Loire-Atlantique située à 8 km de Nantes, s’est lancée depuis plusieurs années à propos des Roms. Celle-ci a débuté en novembre 2009, lorsque des familles roms ont atterri sur un chemin du village après avoir été expulsées de diverses communes voisines, rappelle France 3 Pays de la Loire.

Malgré une "pression intense, au tout début", en faveur de l’expulsion, habitants et élus se sont finalement mis d’accord pour accueillir ces nouveaux habitants et leurs caravanes. L’initiative a donné lieu à un documentaire, Cause commune (il sera notamment projeté le 8 octobre à Nantes à l’occasion du Mois du film documentaire). La réalisatrice, Sophie Averty, elle-même Indraise, a été sensibilisée par la motivation incroyable des habitants et a décidé de revenir sur cette trajectoire solidaire et cette intégration en marche.

"L’état des lieux a été fait de la pauvreté, de la misère qui se trouvait à nos portes. Ce n’était pas tolérable de ne rien faire", témoigne une habitante dans le film. "J’ai été humainement touché. Je me suis dit qu’à un moment il faut peut-être arrêter l’expulsion et trouver d’autres solutions pour arrêter la politique de la patate chaude, explique le maire du village, Jean-Luc Le Drenn. Les élus se sont dit ’on verra bien, mais quoi qu’il arrive, demain, on pourra se regarder, et être fiers de nous."

"Personne pensait qu’on allait réussir à s’en sortir de cette manière-là", témoigne un autre habitant. Car cette mobilisation exceptionnelle a connu des hauts et des bas. "On n’a pas fait d’angélisme avec ceux qui ne se tenaient pas tout à fait correctement avec les habitants ou ne respectaient pas les règles élémentaires en société. On leur a dit : ’C’est soit la route, soit vous rentrez dans les clous." Aussi, de la cinquantaine de familles qui étaient arrivées là, seules cinq sont restées, acceptant une forme de contrat avec les habitants.

Regroupés dans une association – Romsi (Rencontres, ouverture, métissage, solidarité à Indre) –, ces derniers ont aidé les familles dans leur installation et leurs recherches d’emploi. "Les Roms n’ont pas la culture de l’écrit, il faut leur rappeler les règles de la ponctualité, du respect d’une prise de rendez-vous", confie à France 3 Lucie, une jeune étudiante en philosophie qui effectue son service civique au sein de l’association.

La question de l’école a notamment été cruciale. Le maire "a dû à plusieurs reprises insister auprès des familles pour qu’elles comprennent bien que, en France, l’école est obligatoire pour les enfants de 6 à 16 ans… Mais que c’est tous les jours du calendrier scolaire et pas seulement quand on en a envie", résume France 3.

Pour installer les familles de façon moins précaire, la commune a fait l’achat de mobil-homes d’occasion – soit une dépense de 17 000 euros –, qu’elle loue de 150 à 200 euros par mois, charges comprises. Nantes Métropole a réalisé les travaux de terrassement et de viabilisation. "On ne s’est pas ruinés", assure la mairie, qui a par ailleurs fait une demande d’aide à l’Europe.

Que pense, d’ailleurs, le maire d’Indre du discours de Manuel Valls, le ministre de l’intérieur, qui estime qu’"une infime minorité [des Roms] est intégrable, les autres doivent être reconduits à la frontière" (lire ici) ? "Avec des propos similaires dans la bouche de Nicolas Sarkozy en 2008, il y avait 7 000 ou 8 000 personnes dans les rues à Nantes !"


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