Le Parisien / Tollé autour du Goncourt : Marie Ndiaye « persiste et signe »

Au coeur d’une polémique sur la liberté d’expression, la romancière Marie Ndiaye, lauréate du prix Goncourt 2009, a enfoncé le clou ce jeudi sur France Inter. Mise en cause par le député UMP Eric Raoult pour ses propos sur la France « monstrueuse » de Nicolas Sarkozy, l’écrivain rétorque : « Le devoir de réserve s’applique aux fonctionnaires, je ne suis pas une employée de l’Etat que ce dernier aurait récompensée.

« Je ne vois pas ce qui depuis le mois d’août a changé pour que je veuille revenir sur ces propos. Je persiste et signe », a ajouté la romancière, qui a obtenu début novembre le prix Goncourt pour « Trois femmes puissantes ». Et de renchérir : « Ce qui me dérange tout particulièrement c’est la traque des immigrés, la façon dont on va chercher des enfants de sans-papiers jusque dans leur classe pour les placer en centre de rétention. »

« Une histoire assez sotte »

Le député-maire du Raincy (Seine-Saint-Denis) a interpellé mardi le ministre de la Culture dans une question écrite, arguant d’un « devoir de réserve » des lauréats du Prix Goncourt, après les déclarations « insultantes » de Marie Ndiaye, parues cet été dans « les Inrockuptibles ». 

Mercredi, c’était au tour de Marie Ndiaye d’en appeler à Frédric Mitterrand. « Au début, je trouvais ça d’un ridicule, d’un grotesque achevé », avait déclaré la romancière sur France-Info. « J’aimerais beaucoup que Frédéric Mitterrand intervienne dans cette histoire puisque c’est à lui que M. Raoult s’est adressé, et nous donne son avis sur le devoir de réserve des Prix Goncourt et même tout simplement des écrivains... Ce serait bien qu’il (...) mette un point final à cette affaire, qui est quand même assez sotte. »

Mitterrand refuse de trancher

Le ministre de la Culture a néanmoins refusé, jeudi matin, de trancher le différend qui oppose Marie Ndiaye et Eric Raoult. « Je n’ai pas à arbitrer entre une personne privée qui dit ce qu’elle veut dire et un parlementaire qui dit ce qu’il a sur le coeur. » « Les écrivains qui reçoivent le Prix Goncourt ont le droit de dire ce qu’ils veulent », a réagi le ministre dans une interview à la radio France-Bleue Isère. « Eric Raoult qui est un ami et un homme très estimable a le droit, en tant citoyen, voire en tant que parlementaire, de dire ce qu’il pense », a-t-il aussitôt ajouté.

Aubry demande les excuses de Raoult

La position d’Eric Raoult a été vivement dénoncée par la gauche. « Le Parti socialiste condamne fermement cette volonté de censurer la parole libre d’une écrivaine », a indiqué jeudi la première secrétaire Martine Aubry, demandant au député de « présenter ses excuses » à Marie Ndiaye.

Un peu plus tôt jeudi, Ségolène Royal a estimé que « dans une démocratie il doit être possible de critiquer le pouvoir en place ». L’ex candidate à l’élection présidentielle a fait le parallèle avec sa propre expérience. « J’ai eu ma dose et moi je n’ai jamais poursuivi », a t-elle déclaré en évoquant les propos du porte-parole de l’UMP Frédéric Lefebvre demandant qu’elle « aille en hôpital psychiatrique ».

Les écrivains soutiennent Marie Ndiaye

L’affaire a aussi déclenché un tollé dans le monde littéraire. Mercredi, Bernard Pivot, membre de l’Académie Goncourt était monté au créneau, suivi par de nombreux autres écrivains dont Erik Orsenna. « Le devoir de réserve des Prix Goncourt n’a jamais existé, n’existe pas et n’existera jamais. Ce serait bien mal connaître les écrivains que de croire qu’il existe », a déclaré l’ancien journaliste.

 


Voir à ce sujet :

 

  • Medias - Nouvel OBS - Le Nouvel Observateur Eric Raoult rappelle Marie NDiaye à son « devoir de réserve »
    lundi 9 novembre 2009

 

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