Mamadou m’a dit. Les luttes des foyers. Révolution Afrique, Africa fête... par Gilles de Staal

Mamadou Konté est mort à l’âge de de 59 ans le 20 juin 2007. Il était "le Mamadou" de la fameuse chanson de François Béranger : Mamadou m’a dit...Il a été l’organisateur dés les années 1980 de concerts connus en Afrique et aux Etats-Unis sous le nom d’Africa fête. Il s’engagea aussi dans les luttes des ouvriers immigrés de la France des années 70 et dans le groupe Révolution Afrique. Au-delà de la figure de Mamadou Konté ce sont la réalité et l’expérience sans équivalent des luttes d’une génération de travailleurs africains en France qui sont ici restituées.
(Publico)

Le parcours exemplaire de Mamadou Konté, travailleur immigré devenu l’un des moteurs de la France révoltée et dansante des années 70-80. Ce livre nous replonge, à travers des expériences concrètes, dans les doutes, les ambiguïtés, les élans et les trahisons de cette France qui inventa de nouvelles formes de militantisme, dans la radicalité et la joie de vivre.
(Témoignage Chrétien)

Mamadou Konté est mort à l’âge de 59 ans le 20 juin 2007.
Il était " le Mamadou " de la fameuse chanson de François Béranger : Mamadou m’a dit. Il a été l’organisateur dès les années 1980 de concerts connus en France, en Afrique et aux Etats-Unis sous le nom d’Africa Fête, dont l’engouement tient autant à la musique qu’au sens politique que Mamadou a toujours revendiqué. Très peu de gens connaissent cependant son engagement, sous le pseudonyme de Matthieu, dans les luttes des ouvriers immigrés de la France des années 1970.
C’est ce parcours méconnu de Mamadou et de ses camarades, au travers de la longue expérience collective du groupe " Révolution Afrique ", vécue de 1969 à 1982, que ce livre révèle. Au-delà de la figure de Mamadou Konté, ce sont la réalité et l’expérience sans équivalent des luttes d’une génération de travailleurs africains en France qui sont ici restituées. Recueilli dans la vive émotion du deuil récent, c’est un récit mémoriel qui ne prétend pas " revisiter " l’histoire mais avant tout raconter et retracer ce qui a été vécu, pensé, accompli, par ceux qui en furent les acteurs.
(DECITRE)

Mamadou Konté est mort, ÉLOGE DU PASSEUR - ( - 27 juin 2007)
Qui se souvient encore de la chanson de Béranger Mamadou m’a dit m’a dit ! Mamadou m’a dit ! après mai Mai 68 . C’était lui Mamadou Konté « camarade Mathieu » militant ouvrier révolutionnaire membre fondateur de Révolution Afrique dans les années 7O à Paris fondateur de Africa Fête et militant inlassable de la culture.Avec Mamadou,c’était toujours des moments d’émotion intense,riches en causeries et discussions passionnées où nous refaisions encore le monde.Dans le long combat pour l’Afrique , pour sa dignité , pour sa culture il fut des nôtres aux temps héroïques .

Mais je voudrais insister sur les qualités humaines de l’homme. Personnage grand par la taille et les idées, ingénieux, industrieux et inventif,il avait créé à Paris Afrique Fête association réunissant tous les artistes Africains et d’ailleurs pour leur faire découvrir et faire la promotion de la musique africaine et des artistes Africains.Mamadou n’était jamais allé à l’école , mais il aimait les intellectuels aimait les fréquenter confronter ses idées aux leurs,et surtout il avait soif d’apprendre .Il était revenu en Afrique pour créer une bibliothèque publique à Thies puis s’installer définitivement à Dakar après avoir fait la promotion de tous les grands de la musique africaine à Paris :Xalam, Manu Dibango , Youssou Ndour , Fela , King Sony Adé , les Malopets d’Afrique du Sud,Positive Black Soul,Salif Keïta ,Stan Tohon pour ne citer que ceux là car longue est la liste des artistes qui doivent tous quelque chose à Mamadou Konté . Ismael Touré Kunda m’a dit un jour cette phrase « Avec Mamadou Konté un artiste sent tout de suite son génie s’éveiller . »En ce sens c’était un découvreur , un navigateur de l’esprit .

A Dakar où il résidait, et où il avait installé définitivement Africa Fête , il avait fait du Tringa un espace culturel vivant, une agora ouverte sur le monde où la convivialité était le maître mot .Il en fut honteusement chassé par des intrigues sordides et les manœuvres de ceux qui ne supportaient de voir cet enfant du peuple réussir là où ils avaient échoué. Il me racontait avec humour comment il fut renvoyé de son premier emploi d’ouvrier à Paris .Ne sachant pas lire à l’époque et ne connaissant pas en ce temps là Paris ,il avait pris pour repère pour aller à son travail chaque jour une affiche de publicité vantant les mérites du fromage »la vache qui rit placardée dans un couloir du métro .Le jour où l’affiche fut retirée il se perdit dans les dédales du métro et ne retrouva pas son lieu de travail.

Malgré les embûches de toutes sortes placées sur son chemin il continuait le combat tout en rêvant de lendemains meilleurs pour la culture africaine .Il s’était investi dans la promotion d’une nouvelle génération de jeunes artistes comme Alioune Mbaye Nder et Ismael Isaac entre autres .D’afrique Australe où j’ai résidé ces quelques années, il me téléphonait souvent m’informant des réalités du pays.Ce Soninké pétri de valeurs africaines était un formidable passeur entre les générations, celle du monde paysan et d’hier et celle de la modernité et des idées nouvelles d’aujourd’hui, en phase perpétuelle avec son temps et avec la jeunesse. Il symbolisait en cela, au plus haut point, la courtoisie, l’urbanité et la bonté sénégalaises, et sans hésiter je le rangerai dans la catégorie des humanistes.

Il avait des convictions politiques fortes chevillées au corps sans tomber dans le dogmatisme et l’autoritarisme. Nous partagions le même credo panafricaniste : L’Afrique et sa diaspora. Il croyait fermement malgré les blessures de l’histoire et les morsures du temps qui couturent le continent d’un halo de pessimisme que le siècle de l’Afrique en réalité a commencé.

Que la miséricorde divine s’étende sur toi Mamadou !

Macodou Ndiaye
Universitaire- Journaliste maximilienmacodou@i.fr

(AFRICA FÊTE)

Mamadou Konté est mort à l’âge de 59 ans le 20 juin 2007. Il était « le Mamadou » de la fameuse chanson de François Béranger : Mamadou m’a dit…

Il a été l’organisateur dès les années 1980 de concerts connus en France, en Afrique et aux États-Unis sous le nom d’Africa Fête, dont l’engouement tient autant à la musique qu’au sens politique que Mamadou a toujours revendiqué.

Très peu de gens connaissent cependant son engagement, sous le pseudonyme de Matthieu, dans les luttes des ouvriers immigrés de la France des années 1970.

C’est ce parcours méconnu de Mamadou et de ses camarades, au travers de la longue expérience collective du groupe « Révolution Afrique », vécue de 1969 à 1982, que ce livre révèle.

Au-delà de la figure de Mamadou Konté, ce sont la réalité et l’expérience sans équivalent des luttes d’une génération de travailleurs africains en France qui sont ici restituées.

Recueilli dans la vive émotion du deuil récent, c’est un récit mémoriel qui ne prétend pas « revisiter » l’histoire mais avant tout raconter et retracer ce qui a été vécu, pensé, accompli, par ceux qui en furent les acteurs.

(SYLLEPSE, l’éditeur)

Editeur et Prix :

Syllepse, 218 pages, 20 euros



Voir aussi :

Mamadou m’a dit

Interprété par François Béranger

Mamadou m’a dit
Mamadou m’a dit
On a pressé le citron
On peut jeter la peau

Les citrons c’est les négros
Tous les négros d’Afrique
Sénégal Mauritanie
Haute-Volta Togo Mali
Côte d’Ivoire et Guinée
Cameroun et Tutti Quanti

Les colons sont partis avec des flons-flons
Des discours solennels des bénédictions
Chaque peuple c’est normal dispose de lui-même
Et doit s’épanouir dans l’ harmonie
Une fois qu’on l’a saigné aux quatre veines
Qu’on l’a bien ratissé et qu’on lui a tout pris.


 Refrain-
Les colons sont partis
Ils ont mis à leur place
Une nouvelle élite
Des noirs bien blanchis
Le monde blanc rigole
Les nouveaux c’est bizarre
Sont pires que les anciens
C’est sûrement un hasard.

Le monde blanc rigole quand un petit sergent
Se fait sacrer empereur avec mille glorioles
Après tout c’est pas grave du moment que les terres
Produisent pour les blancs ce qui est nécessaire
Le coton l’arachide le sucre le cacao
Remplissent les bateaux saturent les entrepôts.


 au Refrain-

Après tout c’est pas grave
Les colons sont partis
Que l’Afrique se démerde
Que les paysans crèvent
Les colons sont partis
Avec dans leurs bagages
Quelques bateaux d’esclaves
Pour ne pas perdre la main.

Quelques bateaux d’esclaves pour balayer les rues
Ils se ressemblent tous avec leur passe-montagne
Ils ont froid à la peau et encore plus au cœur
Là-bas c’est la famine et ici la misère
Et comme il faut parfois manger et puis dormir
Dans les foyers taudis on vit dans le sordide.


 au Refrain-

Et puis un jour la Crise
Nous envahit aussi
Qu’on les renvoie chez eux
Ils seront plus heureux
Qu’on leur donne un pourboire
Faut être libéral
Et quand à ceux qui râlent
Un bon coup de pied au cul.

Vous comprenez Monsieur c’est quand pas normal
Ils nous bouffent notre pain ils reluquent nos femmes
Qu’ils retournent faire les singes dans leur cocotiers
Tous nos bons nègres à nous qu’on a si bien soignés
Et puis c’qui est certain c’est qu’un rien les amuse
Ils sont toujours à rire ce sont de vrais gamins.


 au Refrain-
http://www2.france-jeunes.net/paroles.php?tid=33496