30 - Gard

Midi Libre : Nîmes : une pétition pour empêcher l’expulsion d’un lycéen ukrainien

Les camarades de classe de Daniel Bystrytskyi se mobilisent pour éviter le renvoi de sa famille.
Une lettre a notamment été envoyée au ministre de l’Intérieur et au
préfet du Gard. 

Daniel Bystrytskyi est en terminale L au lycée Philippe Lamour à Nîmes. Sa soeur est au collègue. Lui et ses parents sont en France depuis 2 ans, pour fuir le conflit dans la région du Donbass en Ukraine. Ils se sont vus refusés deux demandes de titre de séjour et ont reçu une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) le 15 mars.

Les camarades de classe de Daniel ont créé une pétition sur Change.org pour empêcher son expulsion et sa conscription dans l’armée, qui risquerait de l’envoyer participer à la guerre du Donbass. 

 

Je suis convaincu que vous choisirez de les accueillir, car c’est là la seule décision morale

Jullien Pacioni-Dorna, étudiant de Lettres, a envoyé une lettre à
Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, et Didier Lauga, préfet du Gard. Il y demande d’annuler le renvoi de la famille. La voici. 

" Monsieur,

Je vous écris aujourd’hui pour vous parler d’une famille nîmoise, une famille dont la situation, j’en suis certain, ne vous laissera pas insensible. Arrivés en France il y a deux ans, les Bystrytskyi ont fui la
Guerre du Dombass dont l’Ukraine est le foyer.

Depuis deux ans, ces parents et leurs deux enfants n’ont eu de cesse d’apprendre notre langue, de découvrir nos coutumes, de se familiariser avec notre culture et nos valeurs qui, encore aujourd’hui,
sont synonymes aux yeux du monde de tolérance et de liberté, de mener au mieux et avec la difficulté que l’on connaît une nouvelle vie, loin de tout ce qui leur était familier.

Tout aurait pu bien se dérouler. Ce n’est pas le cas. Après deux demandes de titres de séjour, toutes deux refusées, les Bystrytskyi ont reçu il y a quelques jours l’ordre d’expulsion du territoire. Il y a déjà
quatre semaines, les camarades de Daniel, le fils, élève en Terminale Littéraire au Lycée Philippe Lamour de Nîmes, se mobilisaient et lançaient une pétition de soutien, qui recueille aujourd’hui 1300
signatures.
Daniel est, justement, l’exemple même de la bonne volonté de cette
famille. Écoutez les autres élèves de sa classe et de son lycée, tous
vous diront combien il est intégré, combien il s’est battu pour
apprendre le français. Sa vie, aujourd’hui, est française ; il a ici sa
petite amie, son avenir, ses rêves. Il en est de même pour toute la famille qui imagine son futur dans notre pays et qui, déjà, a de
nombreux projets.

Le renvoi en Ukraine serait une tragédie pour eux. Là-bas, Daniel, qui a dix-huit ans, serait séparé de sa famille et devrait aller se battre, et sans doute mourir. Je ne vous connais pas personnellement,
Monsieur, mais je suis sûr de moi en disant que mettre ainsi en danger un enfant ne peut en aucun cas vous convenir. C’est pour cela que je me permets de m’adresser à vous. Ne faites pas de la
France un pays aveugle et meurtrier, prête à envoyer celles et ceux qui ont cru en elle vers les bombes, les balles, la peur et le désespoir. Ne trahissez pas, s’il vous plaît, ses idéaux et ses valeurs.
Ne condamnez pas Daniel à devoir se battre et mourir pour rien, n’enlevez pas à tous ceux qui tiennent à lui un fils, un frère, un ami, un sourire.

Vous m’objecterez sans doute qu’il y a des lois, que leur expulsion est une décision de justice ; je vous réponds que leur accueil est une question d’humanité. Ne soyez pas, Monsieur, un technocrate
applicateur et insensible, une machine aux rouages broyeurs et destructeurs. Je vous en prie, soyez un être humain, quelqu’un qui utilise son cœur et son intelligence, et qui accepte de protéger une
famille qui a misé tous ses espoirs sur notre pays. Vous gagnerez la reconnaissance de toute une famille, de leurs amis, et de toutes les personnes qui, comme moi, ont choisi de les soutenir.

J’ose, Monsieur, croire en votre humanité et fondez en vous mes espoirs les plus grands pour cette famille qui mérite de pouvoir rester, de vivre leur nouvelle vie ici, de mener à bien leurs projets. Je
suis même convaincu que vous choisirez de les accueillir, car c’est là la seule décision morale, humaine, tolérante et fraternelle – pour ainsi dire française – à adresser à cette famille.

Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’assurance de mon profond respect.

Jullien Pacioni-Dorna "

https://www.change.org/p/daniel-bystrytskyi-contre-l-expulsion-de-daniel-et-sa-famille

 

 

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