"Mon délit ? Mon origine. Criminalité et criminalisation de l’immigration" de F. Brion, A. Rea, C. Schaut, A. Tixhon

F. Brion, A. Rea, C. Schaut, A. Tixhon (coord.), Bruxelles, Éditions De Boeck-Université, coll. Pol-His, 316 p.

Écrit en réaction à la commande du Ministre de la Justice M. Verwilghen à Marion Van San (1), le livre désire opposer une analyse scientifique aux présupposés idéologiques liant l’immigration et la délinquance. À cette fin, les auteurs proposent une analyse des mécanismes conduisant d’une part, à la sur-représentation des étrangers en prison, et d’autre part, à la production de présupposés idéologiques sur cette question. Ils montrent comment l’inégalité sociale se transforme en inégalité pénale.

Dans la première partie de l’ouvrage, des sociologues et des criminologues analysent comment les conditions de vie des populations vulnérables, les activités policières et judiciaires, les discours politiques et certaines politiques publiques participent à l’exclusion de catégories déterminées de la population et à leur criminalisation.

Dans la deuxième partie, des historiens s’emploient à démontrer comment de tels mécanismes d’exclusion d’autres catégories de population étaient déjà à l’oeuvre de la fin du XIX° siècle jusqu’au milieu du XX° siècle.

Cet ouvrage s’adresse tout particulièrement aux professeurs et étudiants de 2° cycle en droit, sociologie, criminologie, ainsi qu’aux responsables politiques, aux assistants et aux éducateurs sociaux.

(1) note RESF : une sociologue néerlandaise chargée par le ministre de la justice (proche de la droite extrême) en 1999 de dresser un bilan de la ... criminalité des jeunes immigrés en Belgique. Le résultat de son rapport liait immigration et criminalité. Son travail avait été qualifié de "racisme scientifique" par les organisations de défense des sans papiers et des droits de l’Homme et n’avait jamais été diffusé publiquement. En 2007, elle avait remis cela, grâce à une commande du ministre de l’intérieur de l’époque et de son homologue flamande d’un rapport sur la manière dont vivent les sans-papiers, comment et où se ils se logent et les raisons pour lesquelles ils ont immigré en Belgique. Plus clairement, elle était chargée d’étudier comment et dans quelle proportion les personnes sans papiers font appel aux services publics, que ce soit pour le logement, l’éducation ou les loisirs et la manière dont ils se débrouillent pour (sur)vivre. Cette fois, la sociologue avait déclaré vouloir étudier le lien entre clandestinité et criminalité !

 

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S O M M A I R E :

. Introduction : Immigration, crime et discrimination. Du doute méthodique au doute radical Fabienne Brion

. Délinquance et immigration : usage politique d’une association symbolique
Andrea Rea

. La délinquance des jeunes autochtones et allochtones à Bruxelles
Lode Walgrave et Conny Vercaigne

. La délinquance enregistrée des jeunes d’origine étrangère à Bruxelles et à Charleroi
Albert Bastenier

. Les contrats de sécurité et la figure du « jeune immigré menaçant »
Christine Schaut

. Jeunes immigrés et agents des forces de l’ordre : les meilleurs ennemis
Hugues-Olivier Hubert

. L’étranger, objet de toutes les attentions : étude des pratiques de ciblage policier
Vincent Francis

. Sanctions alternatives et délinquants étrangers : légalité et légitimation d’une incompatibilité discriminante
Fiorella Toro

. La surreprésentation des étrangers en prison : quelques enseignements d’une brève étude de démographie carcérale
Fabienne Brion

. L’invention de la délinquance juvénile : images et réalités
Marie-Sylvie Dupont-Bouchat

. La statistique de la peur : les enquêtes sur la criminalité en Belgique (1830-1914)
Axel Tixhon

. Populations exogènes, populations criminogènes ? Réflexion autour de la « criminalité » des immigrés italiens au lendemain du second conflit mondial (1946-1956)
Frédéric Vesentini

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