92 - Hauts-de-Seine

« On met les gens en situation d’irrégularité » : à Antony, des conditions d’accueil des étrangers insatisfaisantes

Le collectif « Bouge ta préfecture », qui manifestait mercredi, continue à dénoncer les écueils de la dématérialisation massive des procédures d’accueil des étrangers dans les sous-préfectures et préfectures.

Antony, le 1er février 2023. Devant la sous-préfecture, une quarantaine de manifestants se sont rassemblés pour protester contre la dématérialisation des procédures et les délais de renouvellement des titres de séjour qui en résulte. LP/L.T.
Par Lise Tavelet
Le 2 février 2023 à 17h47

Les conditions d’accueil des étrangers et les délais de traitement de leurs demandes de titres de séjour ne sont toujours pas satisfaisants pour ceux qui ont manifesté, mercredi, devant la préfecture de Nanterre et les sous-préfectures d’Antony et de Boulogne-Billancourt, à l’occasion d’une journée nationale de protestation organisée dans toute la France par le collectif « Bouge ta préfecture ».

À Antony, où la sous-préfecture est en charge des premières demandes de séjour et du renouvellement des titres, la dématérialisation des procédures devait être une solution aux longues files d’attente — dont certaines débutaient à trois heures du matin, par le passé — et à la revente frauduleuse de rendez-vous. En résultent pourtant un « engorgement dans la gestion des demandes » et une nouvelle problématique de prise de rendez-vous, dénoncés par les associations.

« Déjà, il faut avoir accès à Internet, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Ensuite, il faut se connecter le lundi entre 9 heures et 11 heures pour espérer avoir un rendez-vous », critique Catherine Cressot, également membre de RESF 92. À cela s’ajoute, selon elle, une longue attente, pendant laquelle est délivré un récépissé à renouveler tous les trois mois.

Mamadou S. attend ainsi depuis juin dernier le renouvellement de sa carte de séjour vie privée et familiale. « Je travaille, j’ai deux enfants français mais je ne peux pas récupérer mes papiers à temps. C’est impossible de prendre un rendez-vous, ça ne marche pas », se plaint-il.

L’administration plaide « un manque de moyens humains »
« C’est devenu complètement kafkaïen » s’alarme une bénévole du collectif de soutien aux sans-papiers de Bagneux. « Même pour nous, ça devient difficile de les aider. Rien ne peut se faire sans prise de rendez-vous. Je m’occupe d’une mère algérienne, dont la fille doit faire renouveler ses papiers. Le titre de séjour est arrivé mais faute de rendez-vous, elle n’a pas pu le récupérer dans les délais et il a été détruit. On met les gens en situation d’irrégularité. »

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