RESF a 20 ans !

PAROLES DE REGULARISE.ES

Il y a 20 ans naissait le Réseau Education sans frontières.

Notre engagement au cours de ces années : changer l’image des sans-papiers, démontrer qu’ils font partie de notre vie quotidienne, c’est le parent qui attend son enfant à la sortie de l’école, le ou la camarade de classe de notre enfant, notre voisin.

Nos actions : mobiliser les parents d’élèves, les lycéens, les élus et toute autre personne sensible à la situation des sans-papiers.

Notre but : changer la loi.

20 ans plus tard, l’extrême droite est au seuil du gouvernement. Elle s’engouffre par les portes ouvertes par E. Macron, prône la fermeture des frontières, la préférence nationale, le refus de l’immigration. L’étranger est plus que jamais le bouc émissaire, responsable de tous les maux d’une société malade des choix politiques des gouvernements successifs.

Les témoignages présentés ici font la preuve évidente du non-sens de cette dérive xénophobe. Celles et ceux qui témoignent ont été soutenus par le Réseau.

Celles et ceux qui témoignent sont travailleurs sociaux et médico-sociaux, technicien de maintenance, de téléphonie, peintre en bâtiment, peintre carrossier, expert en maintenance de motocycles de compétition, cheffe et chef d’entreprise, ingénieures, menuisier, chef de projet, développeur de site web, étudiants en école d’infirmière, ouvrière, poète et metteur en scène, employé de restauration, responsable de magasin en parfumerie, ex-infirmière femme de ménage, cadre d’entreprise, écrivain, etc.

Parmi eux, plusieurs sont devenu.es Français, ou espèrent le devenir prochainement. Leurs enfants le sont.

Entremêlés à ces paroles de régularisé.es, des mots de jeunes sans papiers le jour de leur parrainage.

Aucun de ces récits ne ressemble à un autre. Ils sont représentatifs de la diversité et de la richesse de la société française que nous revendiquons, et pour laquelle nous continuerons à combattre.

Abdoul Karime, non francophone, soutenu par RESF51, « tombé amoureux de la langue française ». Il projette après ses études de créer une école de reconversion pro en Guinée ou au Liberia où il a grandi.

« Je m’appelle Abdoul Karime, j’ai 24 ans. Le RESF m’a aidé quand j’ai rencontré au lycée professionnel à Châlons-en-Champagne, une de mes professeures qui appartenait à cette association. Je préparais un CAP hôtellerie restauration et j’étais anglophone. Elle a mis en place tous les moyens nécessaires pour que je puisse travailler et mieux maîtriser la langue. Elle me proposait des cours supplémentaires même pendant les vacances. Grâce à cette aide, j’ai pu franchir les premières étapes de mon parcours. Ça m’a aidé pour rencontrer des gens et traverser la barrière linguistique. Elle m’a donné des cours, m’a conseillé d’aller à la médiathèque, m’a prêté des livres. C’était un soutien fort pour moi même sur le plan administratif à l’école, pour remplir les documents et m’inscrire aux examens. Malgré le fait qu’elle ne parlait pas anglais, je passais toujours par elle pour les choses que je ne comprenais pas. Elle avait cette volonté de m’aider. On ne communiquait pas beaucoup mais elle utilisait ma curiosité. Ça a pris du temps. Même hors de l’école, elle essayait toujours de me contacter, de prendre de mes nouvelles pour savoir comment je m’adaptais mentalement.

A la suite de mon CAP, j’ai fait un BP toujours dans l’hôtellerie : à ce moment-là, j’avais envie de me réorienter mais j’ai suivi le cursus déjà entamé dans l’idée de continuer à progresser. J’étais sûr et certain qu’en allant à l’école, je pourrais mieux comprendre la société où je suis aujourd’hui. J’ai trouvé ma place car j’étais attiré par le contact humain, le partage avec les autres et j’ai trouvé que ça pouvait m’aider à mieux m’intégrer car je parlais beaucoup avec les gens.

Je suis tombé amoureux de la langue française : j’ai eu envie de connaître les gens qui m’aidaient, mes professeurs, mes hébergeurs, les personnes du RESF à Châlons, et de mieux apprendre leur culture car ce qu’ils faisaient pour moi, c’était immense ! Je me souviens très bien des difficultés que j’ai eues mais ils étaient trop gentils, toujours là pour m’aider et me soutenir, ça m’a poussé et donné confiance pour mieux parler. Je pouvais chercher du travail mais j’avais envie de continuer pour mieux comprendre.

Je n’ai pas terminé le BP car je me suis réorienté en informatique. C’est à ce moment que j’ai intégré l’association Eole. J’ai fait mon premier stage en informatique qui s’est bien passé. J’ai confirmé mon goût pour ce domaine et j’ai compris comment procéder pour me former. Eole a continué à me soutenir. J’ai dû partir à Paris et ce n’était pas facile : je n’avais pas d’hébergement fixe, Eole m’a soutenu financièrement pour les fournitures, mon ordinateur et le transport jusqu’à ce que je trouve une alternance après mon bac.

Je vais obtenir ma licence en février 2025. J’ai envie de poursuivre et de faire un master en cybersécurité ou en cloud computing. Je pense que toutes ces aides m’ont donné du courage et m’ont relevé à chaque fois que je suis tombé. J’ai trouvé ma voie, quelque chose qui est adapté à ce que je veux.
Maintenant, j’ai envie d’aider à mon tour les femmes veuves et les enfants orphelins pour trouver un espoir sur le marché de l’emploi. J’ai déjà réfléchi à un projet : une école de reconversion pro en Guinée Conakry ou au Libéria. Dès que j’aurai fini mes études, je mettrai cela en place. »
RESF 51

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Adjo, aujourd’hui retraitée de son activité en milieu éducatif pour les Jeunes Sourds, régularisée en 2007, à la suite d’une intense mobilisation et les soutiens de ses collègues de travail.

« Plus de 17 ans maintenant que ma famille et moi avons obtenu la régularisation de nos papiers en janvier 2007. Notre intégration à la société française s’est bien poursuivie… J’ai pu reprendre mon travail de Maîtresse de maison avec les enfants et jeunes de l’Institution Régionale des Jeunes Sourds Raymond Barberot d’Orléans et mon mari Joseph Marco a tout de suite travaillé comme Surveillant de nuit au Foyer de vie "La Sablonnière" jusqu’à sa retraite. Mes enfants ont poursuivi leurs études jusqu’à obtenir leur diplôme. Aujourd’hui, ils exercent une activité professionnelle. Mes deux filles sont Françaises, mon fils quant à lui a entamé les démarches pour obtenir sa nationalité. Mon mari et moi avons été naturalisés en 2013. Nous avons eu un petit fils en décembre 2022. Je suis aujourd’hui retraitée depuis le début de l’année, malheureusement Joseph Marco était malade, il est décédé le 20 février 2024. Qu’il repose en paix.

J’aimerais vous remercier pour tout le soutien (moral, physique, financier) que vous nous avez apporté lors des manifestations dans les rues, les meetings devant la préfecture, les tribunaux, et pour les deux mois de salaire solidaires de novembre et décembre 2006 quand mon contrat de travail a été suspendu.
Tout cela a été possible grâce à l’aide de Réseau Education Sans Frontières qui a bataillé à nos côtés.
Que Dieu se souvienne de vous et vos familles. Merci. »
Adjo.
RESF 45
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Alima parrainée en 2010 à Paris, aujourd’hui responsable de secteur dans le logement social.

« Bonjour, je m’appelle Alima. Je suis arrivée en France à l’âge de 14 ans avec mon père. Au départ nous étions hébergés temporairement chez des amis à lui. Ne pouvant pas vivre indéfiniment chez cette personne, nous avons contacté le 115 qui nous a hébergés d’hôtel en hôtel. De bouche à oreille, nous avons entendu parler de RESF et pris contact avec eux. Ils ont désigné une personne responsable de notre dossier Sylvia, qui est ma marraine, que je remercie énormément pour tout. »

Marrainage

« Elle m’a accompagnée pour mon intégration en France, jusqu’à l’obtention de mon titre de séjour et celui de mes parents.
Aujourd’hui j’ai terminé mes études et travaille en tant que responsable de secteur dans le logement social. »

Remise de diplôme

RESF Paris 19
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Alphonse, ancien mineur isolé du groupe des jeunes d’Orléans, mobilisés pour obtenir leurs droits auprès du CD 45. Aujourd’hui, technicien de maintenance.

« Je m’appelle Alphonse. Je suis arrivé en France à Orléans, en octobre 2012, mineur isolé. J’ai passé l’orientation de formation de remise à niveau que j’ai fait avec le Greta et ensuite je suis allé en lycée professionnel. Ma minorité a été refusée. J’ai dû aller au tribunal. Mais je suis devenu majeur au moment du délibéré. Le Conseil Départemental a supprimé mon hébergement et ma nourriture. Avec tous les autres jeunes devenus eux aussi majeurs, on s’est battus à travers les manifs pour être hébergés par l’État et avoir à manger.
Comme j’étais scolarisé, j’ai eu une carte de séjour mention « étudiant-lycéen », à « titre exceptionnel ».
Après le BAC, j’ai fait un BTS en alternance, en maintenance. Je suis resté sous statut étudiant de 2014 à 2020. Avec RESF et tous les jeunes on a fait des mobilisations à la préfecture pour obtenir de meilleures cartes de séjour. »

« A travers ça j’ai réussi à obtenir ma carte de séjour « Vie privée et Familiale ».
Actuellement, je suis en CDI, j’ai mon permis et mon appartement. J’ai fait ma demande de nationalité française. Je suis en attente de la réponse en espérant de l’obtenir.
Mon travail me plaît. Je ferai peut-être des formations pour y évoluer. »
RESF 45
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Amira. Aziz et Amira sont arrivés d’Algérie en août 2006, leur fis Ali est né en France. En septembre 2010, ils sont arrêtés, enfermés au Centre de rétention de Cornebarrieu (Ali, premier mineur retenu) et expulsés, malgré les luttes conjointes RESF CIMADE. Retour en France en septembre 2014. Aujourd’hui, Amira travaille dans l’aide à la personne.

« Je suis arrivée en France avec mon mari et mes deux enfants en 2014, et j’ai eu le contact rapidement avec RESF, et parrainée en janvier 2015. J’ai fait une belle rencontre avec les marraines et les parrains. Au cours des années, on a créé des liens d’amitiés fortes et sincères, chacun a apporté que du bien à ma famille avec sa façon. Grâce à ce parrainage, j’ai pu être accompagnée et conseillée dans ma vie. (Sans vous raconter en détails les galères rencontrées), j’ai passé des moments très difficiles sans papiers, mais j’ai toujours gardé l’espoir qu’un jour je m’en sortirai. J’ai continué ma vie d’intégration dans la société française, je me rendais toujours disponible pour ceux [pour] qui je travaille et pour l’école de mes enfants. Et là, aujourd’hui je suis régularisée depuis presque 4 ans et le Chemin continue.
Comme quoi, on n’a rien sans rien, la persévérance et l’espoir vous pousse à la porte de la réussite. Merci à tous ceux qui m’ont soutenue pendant ces années, et merci à RESF, surtout à Madame José, et maintenant c’est à mon tour d’apporter de l’aide aux autres. »
RESF 93
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Aksana, Biélorusse

« Je suis arrivée en France en 2002 avec mon mari. Il m’avait dit qu’en France, l’argent tombe des arbres, et malheureusement, j’ai vite vu que ce n’était pas le cas . J’étais en enceinte, et ma fille est née à Paris en 2003. On n’avait pas de titre de séjour. On a vécu un moment dans un hôtel insalubre, et de ce fait on devait en partir, une connaissance de mon patron nous a alors proposé un hébergement.

J’ai été 10 ans sans papiers, J’ai essayé plusieurs fois d’obtenir un titre, mais ça ne marchait pas . J’ai trouvé un travail un an après être arrivée en France, ma fille avait 7 mois. J’ai travaillé dans des cafés et j’ai été parfois très mal payée. Je suis devenue mère célibataire en 2009, il fallait donc que je me débrouille, que je m’occupe bien de ma fille pour qu’elle apprenne bien à l’ecole, et j’ai alors trouvé un travail à coté de l’école pour etre plus disponible . Puis, j’ai été parrainée à la mairie du 20ème et ai fait les démarches de régularisation avec ma marraine et resf et j‘ai obtenu mon premier titre de séjour en 2013 . A la suite, j’ai pu faire une formation professionnelle en 2016 et je suis devenue assistante dentaire.

Maintenant, je travaille beaucoup car je suis devenue directrice du centre et je cumule responsabilité et pression et ma fille apres ces études travaille comme assistante prothesiste, et elle aimerait devenir ambulancière. »
Resf 75
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Boubakar, ancien mineur isolé, régularisé après OQTF, et passage en rétention. Aujourd’hui, après un BTS électrotechnique, il travaille dans la téléphonie.

« Je suis arrivé en France en 2012, j’ai été alors accueilli dans un foyer de mineurs isolés à Amiens, et ça s’est bien passé jusqu’à mes 18 ans.
Comme je n’avais pas de papiers attestant de mon âge à mon arrivée en France, un rapport des éducateurs à la juge a permis de prouver ma minorité et à 16 ans, j’ai donc pu bénéficier d’une prise en charge officielle. Cette situation n’était pas claire pour la préfecture et au moment de demander un titre de séjour, pour mes 18 ans, j’ai écopé d’une OQTF.
J’ai obtenu mon bac, mais pour m’inscrire en fac et suivre des études c’était compliqué, sans possibilité de bourse. Finalement je me suis inscrit en BTS à Paris, mais ma situation me pesait, et ça a eu des répercussions sur ma scolarité. Mon professeur principal, puis la CPE et des personnes de RESF m’ont alors soutenu.
J’ai préparé avec eux mon dossier de régularisation, mais à un jour de la fin de mon OQTF, j’ai subi un contrôle au faciès. Les policiers ont appelé le préfet qui a ordonné de me mettre 2 ans d’OQTF*. J’ai été enfermé une semaine en centre de rétention, c’était une période sombre. Quand tu as l’impression que c’est tout un système qui est contre toi, c’est très dur.
En 2020, j’ai obtenu mon BTS, et en attendant la fin de mon OQTF, j’ai donné des cours à des mineurs isolés. Puis, grâce à mon avocate, la juge a délivré un avis favorable et depuis j’ai obtenu un 1er titre, puis un renouvellement de 2 ans et ainsi de suite... J’ai eu de la chance, car j’ai un travail et ça se passe bien. Je me suis intégré très vite. »
*OQTF avec 2 ans d’interdiction de retour sur le territoire français.
RESF PARIS-AMIENS (RESF 80)
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Diana. Déboutés de leur demande d’asile en 2016, Diana et sa famille ont trouvé auprès des associations de Nice, protection et soutiens dans le quotidien. Les écoles, havres de paix et de normalité, ont permis aux enfants de poursuivre leur éducation, nouer des amitiés et continuer à rêver d’un avenir meilleur.

« En août 2015, ma famille et moi sommes arrivées en France après avoir fui notre pays d’origine en quête de sécurité et d’un avenir meilleur. Pleins d’espoir et de détermination, nous avons déposé une demande d’asile en pensant trouver refuge et protection. Cependant, après une année d’incertitudes et de démarches administratives, notre demande a été refusée en 2016. Ce fut un coup dur pour nous. Nous nous retrouvions sans statut légal et, pire encore, sans maison.
À ce moment-là, nous aurions pu sombrer dans le désespoir, mais nous avons eu la chance immense de rencontrer des gens formidables qui nous ont tendu la main. Des âmes généreuses nous ont offert un toit, nous évitant ainsi de nous retrouver à la rue. Leur soutien inestimable nous a permis de garder la tête hors de l’eau durant cette période extrêmement difficile.
Nous tenons à exprimer notre gratitude profonde envers toutes les associations qui nous ont soutenus. Le Resto du Cœur et le Secours Populaire ont été des piliers essentiels, nous offrant de la nourriture et des vêtements lorsque nous en avions le plus besoin. L’association ACTES a joué un rôle crucial en nous aidant à trouver une certaine stabilité financière, en nous guidant dans nos démarches et en nous apportant une aide matérielle précieuse.
Grâce à ces soutiens, nous avons pu surmonter de nombreux obstacles. Toutefois, le chemin n’a pas été facile. Nous avons rencontré de nombreuses difficultés et chaque jour apportait son lot de défis. Il y a eu des moments de doute, de peur et d’incertitude. Nous avons dû faire face à des obstacles administratifs, à la barrière de la langue et à la précarité. Mais malgré tout, nous n’avons jamais perdu espoir.
Nous voulons également remercier l’État français pour son système éducatif qui a permis à nos enfants de continuer leur scolarité malgré notre situation précaire *. L’école Gambetta, le collège Carnot de Grasse, le collège Capron et le lycée Jules Ferry ont tous été des havres de paix et de normalité pour nos enfants. Ils ont pu poursuivre leur éducation, nouer des amitiés et continuer à rêver d’un avenir meilleur. Sans cette continuité éducative, nos enfants auraient été perdus, privés d’une part essentielle de leur développement et de leur stabilité émotionnelle.
Aujourd’hui, en regardant en arrière, nous réalisons à quel point la solidarité et la générosité des autres ont été vitales pour nous. Chaque geste, chaque mot de réconfort, chaque aide reçue a contribué à notre résilience. Nous sommes éternellement reconnaissants envers tous ceux qui nous ont tendu la main en ces moments difficiles. Votre soutien nous a non seulement permis de survivre, mais aussi de commencer à reconstruire nos vies avec espoir et dignité. Merci. »
*Enseignants RESF
RESF Nice (06)
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Douglas étudiait le cinéma au Brésil. Régularisé, il a repris d’autres études, communication et management, domaine où il travaille maintenant. Yoga et théâtre le passionnent aujourd’hui.

« J’étudiais le cinéma à l’Université Estacio de Sá à Rio. Je suis arrivé en France en 2017, à 20 ans, avec le rêve de découvrir un nouveau pays, sa langue, sa culture et de découvrir l’Europe. Issu d’un milieu ouvrier, je rêvais également de pouvoir être autonome financièrement, avoir un travail stable, logement et du pouvoir d’achat. J’ai eu la chance de rencontrer des personnes merveilleuses qui m’ont beaucoup aidé, le plus souvent des bénévoles, le réseau éducation sans frontières pour les démarches administratives et l’Aselqo pour l’apprentissage du français.
Le chemin a été difficile comme bien souvent pour les jeunes issus de familles ouvrières qui n’ont pas toujours la possibilité d’avoir un visa étudiant.
J’ai réussi ma régularisation et j’ai pu reprendre mes études supérieures : diplôme supérieur de français, BTS communication, BTS assistant manager, licence pro de management.
Par la suite j’ai trouvé un travail de manager en supermarché et depuis 2 ans j’occupe un poste de direction.
Mon rêve serait maintenant de prendre plus de temps pour continuer d’apprendre. Faire plus d’activités créatives, harmoniser. Depuis 2 ans je fais des formations de yoga et je suis souvent au théâtre.
Merci à RESF et au tissu associatif pour accompagner tous ceux qui ont besoin d’une petite lumière. »
RESF 45
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Isa, père de famille kosovar, sauvé de l’expulsion par la mobilisation de l’école de son fils. Aujourd’hui peintre.

« Je m’appelle Isa, je suis kosovar mais on se sentait en danger au Kosovo. On est venus pour être en sécurité, pour pouvoir scolariser mes enfants sans endoctrinement, c’est ce qui s’était passé au Kosovo avec un homme qui préparait les enfants pour la guerre sainte.
On est arrivés en France en 2015 avec ma femme et mes deux fils, on est d’abord allés à Avignon et finalement à Carcassonne. J’ai eu le contact de RESF 11 par une famille albanaise qui m’a donné le téléphone du réseau. Et puis on a reçu une OQTF, on avait 48 h pour quitter l’appartement, sinon ils nous expulsaient. Les policiers, ils sont venus, très arrogants ! C’était midi, mon fils Butrint de 8 ans et demi arrivait de l’école, il a vu les policiers débarquer chez lui, il a compris ce qu’il se passait car il parlait déjà assez le français (avec l’école) et l’après-midi sa maîtresse a vu qu’il était triste, pas dans son assiette, il a fini par lui dire et elle a réagi : "Je n’accepte pas ça, mon meilleur élève va être expulsé" alors les instituteurs s’en sont mêlés. Et alors B. de RESF m’a proposé de venir sous une tente mais sans savoir si c’était pour deux jours ou pour un mois. Ils ont alerté la presse. On y est allés, on était sous tente sur le terrain de l’église du Viguier avec une autre famille. Le réseau nous a aidés pour l’accueil, pour les papiers. Faut dire aussi que Butrint a écrit une lettre qu’on a remise à la préfecture avec notre demande.

On eu les papiers deux mois après, c’était en septembre 2017. J’ai trouvé un travail à la Régie de quartier de 26 heures pour commencer et après 35 heures. En même temps j’ai fait du FLE à Couleurs citoyennes et Christelle m’a proposé pour faire le CFG, (certificat de formation générale), ça peut me servir !
Maintenant je travaille pour Bricolonzac, comme peintre en bâtiment, je fais un peu de tout, on n’est pas trop bien payé. Débutant, on est au coefficient 150, actuellement je suis au coefficient 185, on pourrait m’augmenter mais le patron ne dit rien, bon j’ai la sécurité de l’emploi. J’avais une formation de maçon, mais je peux pas le faire… avec mon mal au dos.
Mon idée c’est de rester ici, d’avoir une vie tranquille,"normale". On a eu une petite fille, Melissa, on l’a appelée comme la maitresse de Butrint. Je suis retourné plusieurs fois au Kosovo, j’ai un frère là-bas et ma femme a ses parents et une soeur. J’aimerais bien habiter un autre quartier parce qu’il y a des risques de drogue ou de mauvais garçons pour mes enfants. »
RESF 11
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Jean, mineur isolé mis à la porte de l’ASE à 15 ans. Des années de maltraitance administrative jusqu’à sa réintégration par l’ASE 34 à 18 ans. Aujourd’hui indépendant et peintre carrossier en CDI.

« J’ai été mis à l’abri par l’Aide sociale à l’enfance à mon arrivée à Montpellier en janvier 2018, J’avais alors 14 ans et 8 mois. Sur les conseils de copains dans la même situation, j’ai refusé de faire des tests osseux de peur d’être incarcéré, c’était courant à ce moment-là.
J’ai alors été mis à la porte du foyer le 28/08/2018, je venais d’avoir 15 ans. A la rue, je suis allé frapper à la porte de RESF à la fin d’une permanence en octobre 2018. J’ai été mis à l’abri dans une petite chambrette, j’ai pu être scolarisé et inscrit en CAP carrosserie. L’équipe de RESF m’a accompagné pour d’obtenir mes papiers d’identité. J’étais bien un mineur non accompagné, mon passeport et ma carte consulaire en attestaient.
RESF a pu, au vu de ces nouveaux éléments, me faire réintégrer dans les services de l’ASE en 2019. Le Conseil Départemental a en effet considéré au vu de ces papiers que j’étais mineur et j’ai pu bénéficier alors des mesures pleines et entières de la protection de l’enfance. C’est également le Conseil Départemental qui m’a inscrit au lycée lors de la rentrée 2019.
Je devais ainsi en septembre 2019 démarrer un apprentissage pour terminer ma deuxième année de CAP et j’avais trouvé moi-même un employeur. Lorsque l’éducateur en charge de mon suivi s’est penché sur mon dossier, il s’est aperçu qu’il n’y avait toujours pas d’ordonnance de placement provisoire. La demande faite auprès du procureur avait été classée sans suite.
J’ai alors été convoqué le 28 octobre 2019 au service des Mineurs Non Accompagnés du Conseil Départemental de l’Hérault qui m’a signifié la fin de ma mise à l’abri. La présomption de minorité n’a pas été pris en compte même au regard des documents fournis (carte consulaire et passeport).
A aucun moment pourtant ces documents n’ont été remis en cause par l’administration qui n’a pas apporté la preuve qu’ils étaient falsifiés ou non conformes.

J’ai poursuivi ma scolarité au lycée et mes professeurs au vu de mes bons résultats scolaires, réussite au CAP carrosserie, ont décidé de me présenter pour un Bac professionnel en carrosserie. Durant toute cette période d’octobre 2019 à 2021, RESF m’a hébergé et aidé financièrement pour me nourrir et me vêtir. L’équipe de RESF m’a également aidé à rencontrer une avocate qui a fait un référé pour demander ma réintégration à l’ASE auprès du juge des enfants. La juge des enfants a demandé ma réintégration à l’ASE au printemps 2021. Le Conseil Départemental ne s’est même pas présenté à l’audience ce jour-là.
J’ai pu terminer avec succès mon Bac pro dans des conditions de vie plus sécure. A 18 ans, j’ai obtenu un contrat jeune majeur. RESF m’a aidé à monter mon dossier de demande de titre de séjour et à le déposer à la préfecture (les éducateurs n’ayant pas eu le temps de m’aider dans ces démarches …). Ce n’était pas gagné car ayant refusé les tests osseux, cet état de fait me poursuivait toujours. La préfecture a émis un avis défavorable et mon dossier a bien failli passer à la trappe.

Grace aux réunions semestrielles de l’équipe de RESF à la préfecture mon dossier a été défendu. J’ai pu obtenir un titre travailleur temporaire car j’avais trouvé un contrat d’apprentissage pour faire un CAP peinture et compléter ainsi ma formation de carrossier. Mon CAP en poche, l’employeur m’a proposé un CDD. J’ai 21 ans aujourd’hui et je suis sorti le 13 mars 2024 de l’ASE.
J’ai un CDI dans mon métier de carrossier-peintre et j’ai trouvé un studio à louer. J’ai également obtenu un nouveau titre de séjour salarié temporaire mais j’étais un peu déçu car j’attendais un titre de séjour salarié… »
RESF 34
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JIAZHE et ÉLISE, arrivés mineurs et accueillis dans leur famille. Régularisés en 2006 et 2010. Aujourd’hui, ils ont leur entreprise de commerce et entretien de deux-roues. Et retournent régulièrement en Chine.

« Je suis arrivé en France en 2000, mineur, accueilli par un oncle, et j’ai fait toutes mes études au Lycée Camille Jenatzy, à Paris, dans le 18e arrondissement.
Titulaire du Bac Pro Maintenance Véhicules Automobiles en 2006, je me suis inscrit en formation complémentaire de Technicien expert en préparation et mise au point des motocycles de compétition. J’ai obtenu un titre de séjour salarié en décembre 2006 et, après tous mes stages, j’ai pu entrer vraiment dans la vie active.
J’avais rencontré Élise (Chun Xiao), qui est devenue ma femme, en faisant des livraisons pour le restaurant dans lequel elle travaillait. Elle était arrivée en France en 1999, mineure, accueillie comme moi par de la famille.
J’ai d’abord travaillé pour un scooter-center, dans le 19e où nous avons habité, puis j’ai participé à la création d’une petite entreprise, import-export et entretien de deux-roues, trois employés, bd Davout, dans le 20e arrondissement, assez longtemps, jusqu’à ce que l’entreprise fasse faillite.
Nous avons habité à Boulogne-Billancourt et Élise a travaillé longtemps dans la vente de prêt-à-porter près de Boulogne. Notre fils aîné Rémi est né en avril 2009. Mes parents nous ont rendu visite.
Élise a été régularisée en 2010. Cela nous a permis d’aller en Chine, de présenter Rémi à nos familles et de nous marier en étant entourés de nos familles.
Mes parents nous ont aidés à acheter un vrai appartement à Vitry-sur-Seine, dans lequel nous avons emménagé en 2011.
Élise a arrêté de travailler en extérieur quand elle a attendu notre deuxième fils Raymond qui est né en août 2013.
Après la faillite de l’entreprise du Bd Davout, j’ai créé ma propre entreprise à Vitry en 2017 (commerce et entretien de deux roues) et Élise travaille avec moi. Elle s’occupe de la maison et des enfants le matin et l’après-midi elle assure la partie administrative de l’entreprise.
Nos enfants font de bonnes études dans des collèges privés, de la musique au conservatoire, et du sport. Rémi adore les échecs et joue en compétition. Ils ont une demi-heure par semaine de cours de chinois en visio, et ils progressent quand ils retournent chez leurs grands-parents pour les vacances d’été.
Nous allons régulièrement aux sports d’hiver et nous voyageons. Nous retournons à nouveau en Chine cet été.
Depuis quelques temps, je me dis que je serai peut-être tenté un jour de retourner vivre en Chine. Dans ma région d’origine, c’était autrefois la campagne mais, aujourd’hui, c’est la ville, à laquelle nous sommes maintenant habitués. Pour Élise, c’est un peu différent, elle dit que sa vie est là où est sa famille (mari et enfants).
Nous pensons que nos enfants voudront peut-être être naturalisés français à 18 ans. »
RESF 75
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Jodelle, ingénieure, mariée et mère d’une fille : première mobilisation lycéenne RESF du lycée Voltaire en 2005, première victoire.

« J’ai été régularisée en 2005 suite à la mobilisation du RESF Paris collectif d’enseignants et de parents d’élèves du lycée Voltaire Paris 11è
Après le BAC, j’ai intégré l’IUT de Créteil et en 2007 j’ai obtenu le DUT en Électronique et informatique industrielle. J’ai ensuite intégré l’école d’ingénieur au CNAM dans le cadre de leur formation en alternance. En 2010, j’ai obtenu le diplôme d’ingénieur en électronique et informatique.
Depuis 2010, j’occupe le poste d’ingénieure qualité des SI pour des projets de la DSI des grands comptes de différents secteurs d’activité (télécom, tourisme, santé, service, etc.). »
RESF 75
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Lassana, arrivé en France à 15 ans, parrainé en 2007 à Paris, frappé d’une OQTF en 2009, enfin régularisé en 2011. Le 9 janvier 2015, la France entière découvre son nom, et le remercie d’avoir sauvé les clients de l’Hyper Casher.

« Je suis arrivé en France en mars 2006 par avion du Sénégal jusqu’à Mulhouse.
J’ai ensuite pris un train pour Paris afin d’y rejoindre mon cousin au foyer. Je me suis renseigné à la Mairie du 17ème pour commencer à suivre des cours du soir. J’ai rencontré une dame qui m’a conseillé d’aller au collège pour apprendre le français. J’ai effectué des tests pour connaître mon niveau et puis je suis allé en classe d’accueil « français langue étrangère ». Je suis resté un an comme ça.
Et on m’a demandé quel métier je voulais faire ? J’ai répondu électricité mais finalement je me suis retrouvé en carrelage-mosaïque au lycée Jean Jaurès dans le 19ème.
Dès la première année, j’ai entendu parler du Réseau Education Sans Frontière, une association qui est sur place et peut nous aider à faire les démarches pour obtenir une régularisation. Chaque journée après les cours, on a une réunion au lycée… jusqu’au moment où on nous a parlé du parrainage républicain.
Le 17 décembre 2007, nous avons rencontré le Maire du 19ème ainsi que nos parrains et marraines, nous étions plus d’une vingtaine de toutes les origines.

Après le parrainage on a commencé à préparer le dossier. Je recevais mes courriers chez Denis M., un de mes parrains.
Entre temps je suis devenu majeur et en 2009, on a pu, grâce à l’action de RESF, déposer le dossier de demande de régularisation auprès de l’antenne de la Préfecture du 17ème.
J’ai essuyé un refus doublé d’une OQTF. Mais vu les erreurs commises dans l’étude de mon dossier, avec l’aide de la LDH et d’un juriste, nous avons décidé de faire appel auprès du Tribunal Administratif. Notre plainte a été validée, mais il a fallu attendre deux ans pour parvenir au jugement.
Je n’avais pas d’avocat mais la Ligue des droits de l’Homme et RESF m’ont aidé à préparer mes arguments devant les juges. J’ai été convoqué le 25 janvier 2011 au Tribunal Administratif à St Paul et j’ai plaidé ma cause et ma demande de régularisation.
On a ensuite attendu plusieurs mois et j’ai enfin reçu le 22 juin 2011 mon titre de séjour d’un an. Dès la fin du mois de juin je travaillais dans un restaurant. Ensuite je suis retourné au Mali pour voir ma famille et au retour j’ai continué à travailler dans le nettoyage. Puis un ami qui travaillait à l’Hyper-Cacher m’a dit qu’il y avait un poste vacant. J’ai présenté mon CV et ai commencé en 2012 avec très vite un CDI jusqu’en 2015 où un événement est soudain intervenu.

Le 9 janvier 2015 à 12h30 j’étais au sous-sol de l’Hyper-Cacher de Vincennes lorsque Amedy Coulibaly a fait irruption dans le magasin et a tué 4 personnes et pris des otages.
J’ai réceptionné les clients qui se réfugiaient au sous-sol et les ai cachés dans les réfrigérateurs puis j’ai coupé les moteurs. J’ai ensuite appelé au téléphone mon parrain pour l’informer de la prise d’otages dans le magasin. Il a pu très vite prévenir la police. Ensuite j’ai pris le monte-charge et j’ai réussi à sortir par la porte de secours à l’arrière du magasin. La police m’a interpellé, me prenant pour un terroriste. Mais une heure trente plus tard des collègues m’ont reconnu et on m’a libéré. Le BRI m’a alors demandé de les aider en dessinant l’intérieur du magasin et en identifiant les clefs du trousseau afin de faciliter l’intervention.
A 17h20 l’assaut a été donné et le terroriste a été tué… Tous les otages ont été pris en charge à l’hôpital Hôtel-Dieu et mon parrain m’a rejoint. Enfin j’ai pu rentrer en taxi au foyer où m’attendait l’équipe de BFM-TV qui m’a interviewé… Tout cela a pris beaucoup d’ampleur sur toutes les chaînes de télévision.
Le 11 janvier le président de la République François Hollande m’a contacté et m’a annoncé que ma demande de naturalisation déjà en cours serait accélérée. Deux semaines plus tard une cérémonie d’entrée dans la citoyenneté française a eu lieu au Ministère de l’Intérieur et j’ai reçu un passeport provisoire.
J’ai reçu aussi un certain nombre de distinctions aux Etats-Unis et en Italie et j’ai été plus tard nommé « Chevalier de l’Ordre national du Mérite ».

RESF, pour moi, c’est ce qui m’a permis de connaître mes droits et me défendre…. On m’a accompagné tout le temps dans toutes mes démarches en tant que jeune scolarisé sans papiers. Son rôle a été déterminant puisque j’ai pu obtenir un titre de séjour et une certaine reconnaissance.
Aujourd’hui je travaille au service événementiel à la Ville de Paris et j’ai même porté la flamme olympique le 14 juillet 2024 sur les Champs-Elysées ! »
RESF 75
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Jonathan n’avait pas 15 ans quand sa famille et lui ont été placés sous la protection du RESF. Une histoire dramatique de plusieurs années. Aujourd’hui tous ont fait leur vie dans ce pays.

« Je t’écris ces quelques lignes afin de te donner quelques nouvelles de ce gamin que RESF et toi aviez défendu en 2005.

Cela fait bientôt 19 ans que la vie de notre famille a failli basculer. La volonté des autorités de nous expulser du territoire français fut un souvenir difficile pour ce gamin de 14 ans que j’étais à l’époque.

Je ne vais pas revenir sur l’histoire et sa chronologie, tu la connais presque mieux que moi.
Aujourd’hui je suis en paix bien que l’heure soit grave avec l’arrivée potentielle de l’extrême droite au pouvoir.

Par ces quelques lignes j’ai souhaité te donner des nouvelles de mon évolution en tant qu’homme.
Votre combat n’a pas été vain. Au contraire vous avez vaincu et je suis la preuve que vous ne vous êtes pas trompés.

Actuellement conseiller patrimonial pour une banque bien connue en France, j’accompagne mes clients sur leur besoin en matière de placement notamment depuis bientôt 6 ans, après quelques expériences pour d’autres entreprises dans des secteurs diverses.

En réalité je n’ai cessé de travailler dès lors que j’ai obtenu mon titre de séjour à ma majorité. Je suis passé par des jobs étudiants lorsque j’étais en université, puis par la voie de l’alternance pour valider mes diplômes (licence bancaire). J’ai ensuite enchaîné un premier CDI, et me voilà aujourd’hui banquier depuis bientôt 6 ans.
J’intègre d’ailleurs un bac +5 de janvier à décembre 2025 afin de valider un cursus qui me passionne.

Actuellement propriétaire de ma résidence principale achetée il y a un peu plus de 5 ans avec ma compagne, je suis devenu l’heureux Papa d’une jolie petite fille en 2020. Sa mère et moi sommes mariés et vivons dans un foyer stable.
Nous contribuons au système social français au même titre que tous travailleurs de notre pays.

Je suis très reconnaissant envers toutes les femmes et les hommes qui nous ont aidés à rester en France.

Sans vous l’avenir des nôtres ne s’écrirait peut-être pas au présent.
Dans notre pays d’origine l’instabilité règne.
L’insécurité existe, et encore aujourd’hui la guerre perdure.
Richard et Armelle un grand merci à vous deux.
Vous êtes chers à mon cœur. »

Jonathan

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Liévin, frappé par une OQTF à 22 ans, trouve dans le groupe des jeunes majeurs de l’Essonne le réconfort pour faire face. Aujourd’hui, il est chargé d’études dans une mutuelle.

« Quand je suis arrivé en France en 2003, j’avais 17 ans. En 2008, la préfecture de l’Essonne a refusé de me régulariser et m’a délivré une obligation de quitter le territoire français. Pourtant, je vivais en France depuis cinq ans, j’étais étudiant et j’avais de la famille proche puisque j’étais venu rejoindre mon père. J’ai alors traversé une période difficile. Comme je ne voulais pas imposer à mon père de me prendre en charge financièrement, je nettoyais les bus la nuit et j’allais en cours le jour.

Recevoir une OQTF, c’est comme recevoir un grand coup sur la tête. Heureusement, le soutien moral de RESF et d’un professeur de mathématiques à l’université, les rencontres avec d’autres jeunes dans la même situation que moi m’ont apporté du réconfort.
Un an après l’OQTF, la préfecture a accepté de me donner un titre de séjour vie privée et familiale. J’ai obtenu un master en mathématiques, option statistiques. Et je suis Français depuis trois ans.

Aujourd’hui, je peux dire que RESF a été la chance de ma vie : je suis chargé d’études actuarielles dans une mutuelle, je suis marié et j’ai quatre enfants. Ma femme travaille dans la logistique chez Amazon.

Le message que je voudrais passer aux jeunes qui galèrent pour être régularisés : ne baissez pas les bras, croyez en l’avenir, ne vous laissez pas impressionner par l’actualité politique.
Liévin »
RESF 91
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Lilit a subi avec sa famille l’assignation à résidence, la menace d’expulsion. Et appris « qu’il faut se battre pour obtenir ce qu’on veut, et qu’on peut le faire pour la cause de quelqu’un d’autre ». Aujourd’hui, ingénieure en informatique.

« Quand j’ai connu le RESF en 2009, j’étais en 5ème, j’avais 13 ans, on était en France depuis 2 ans. On nous avait donné un contact pour préparer une demande de régularisation. En tant qu’enfant, traverser cette période a été compliqué. Il y a eu l’enfance, le départ d’Arménie. Et puis tout à coup, les parents inquiets, stressés, perturbés, paniqués : « Comment on va faire s’ils nous renvoient ? » : on s’est trouvé exposés à repartir dans un pays où ça n’allait pas.
On a pris l’habitude, ma sœur et moi, dès qu’on a maîtrisé la langue d’aider nos parents et d’autres adultes. Au quotidien, on allait à des rendez-vous et on devait consulter de la documentation. On endossait beaucoup de poids, de responsabilités. C’était le prix à payer. Ce n’était pas des tâches pour des enfants mais ça nous a fortifiées et cultivées : on a dû acquérir des connaissances sur le plan médical, social, administratif. Il fallait comprendre pour expliquer à nos parents.

J’ai encore en tête des moments marquants : mes parents sans documents, assignés à résidence qui allaient émarger chaque jour au commissariat. Je les accompagnais avec une personne de l’association pour s’assurer qu’ils n’allaient pas être renvoyés. Il y a eu aussi les périodes de manifestation en face de la préfecture au niveau de la statue, je me souviens avoir aussi été escortée pour rentrer à la maison. Je me sentais impuissante mais rassurée par l’accompagnement et le soutien de toutes celles et ceux qui s’impliquaient dans les pétitions et manifestations en dépit du choix de la France de nous renvoyer. Les seules personnes réconfortantes pour nous à cette époque étaient les gens de RESF : on se référait à eux, on se sentait protégés. L’accompagnement était chaleureux, l’association était comme une mère qui se battrait pour ses enfants sur tous les plans : administratif, lettres, dossiers, manif, déplacements en voiture, supports imprimés. Tout le monde était fortement impliqué, personne ne comptait ses heures.
Tout ce que j’ai construit depuis part de cette base-là qui a fondé mon parcours et la vie que je mène aujourd’hui. J’ai l’impression que les années précédentes n’ont pas existé. Ça m’a appris que dans la vie on n’a rien sans efforts, qu’il faut se battre pour obtenir ce qu’on veut et qu’on peut aussi le faire pour la cause de quelqu’un d’autre, pour une communauté. J’ai acquis des valeurs essentielles et une sensibilité aux inégalités et aux injustices.

Aujourd’hui je suis ingénieure en informatique et maman d’une petite fille de 5 ans. Actuellement en reconversion, je vais obtenir un master en management cybersécurité et système d’information en alternance. La France m’a offert grâce au système scolaire et universitaire, cette opportunité de devenir ce que je rêvais d’être dès l’âge de 12 ans.
De la part de toute la famille, je tiens à remercier RESF de nous avoir apporté tout ce soutien chaleureux et acharné. Merci pour le travail fourni encore aujourd’hui. Grâce à vous, il y a des enfants qui grandissent et ont un avenir meilleur.
Lilit »
RESF 51
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Limao arrive en France à 17 ans, en 2003. Il y retrouve sa mère entrée en France en 1998 et son père arrivé en 1999. La famille est au complet à l’arrivée de sa sœur en 2006.
Limao obtient un titre Étudiant-Élève en 2008, puis un titre salarié il y a 10 ans, enfin une carte de résident en 2022. Il travaille dans l’entreprise de menuiserie de son père.

« Quand j’arrive en France à 17 ans, je ne connais pas encore la direction de ma vie. Grâce à l’école en France, j’obtiens un diplôme dans la restauration. Passer du statut d’élève au statut de professionnel, c’est un moment qui fait grandir.
Les démarches de régularisation sont longues. Grâce à l’accompagnement du RESF, j’obtiens un titre-salarié. Je travaille un peu plus de 2 ans dans un café-tabac, puis 2 ou 3 ans dans la restauration.
Mes parents et moi achetons un appartement, c’est une belle étape. Mes parents sont vraiment installés en France. Ils gardent des liens affectifs avec la Chine, là où ils ont encore de la famille, où la vie est plus tranquille, où il y a moins de pression. Ils ne savent pas encore s’ils y retourneront plus tard.
Avec mon père, nous avons créé une entreprise de menuiserie pour laquelle j’ai d’abord travaillé à mi-temps. Nous sommes maintenant quatre personnes dans cette entreprise, mon père, ma mère, mon beau-frère et moi.
C’est en France que j’ai rencontré ma femme. Nous avons construit une famille, Livia est née en 2020 et Miya en 2021.
Je me sens vraiment installé en France. J’ai l’intention d’y rester. La famille de ma femme est en France depuis longtemps et n’a plus d’attaches en Chine. En octobre 2023, nous avons fait un voyage en Chine, toute la famille, 12 personnes en tout.
Si ce petit texte est déposé sur le site du RESF, je pourrai plus tard le montrer à mes filles pour leur raconter mon parcours. »
RESF 75
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Mahamadou, ex mineur isolé refusé par l’ASE, aujourd’hui chef de projet en bureau d’études.

« Je suis arrivé en France en 2011 à 17ans. L’ASE a refusé de me prendre en charge. J’ai fait avec les jeunes majeurs RESF ma première demande de titre de séjour en 2013 sans réponse de la préfecture de Paris. Ma deuxième demande de titre de séjour début 2014 a été refusée 6 mois plus tard avec OQTF. J’ai fait un recours devant le tribunal administratif de Paris fin 2014 avec le soutien de RESF et du lycée professionnel HECTOR GUIMARD (Paris 19ème), et j’ai obtenu un titre de séjour Vie Privée et Familiale.

Après avoir passé 10 ans à l’école, j’ai obtenu un CAP Tailleur de pierre, une Mention Complémentaire, un BEP, un BAC PRO, un BTS, une licence Pro en gestion et maintenance des installations énergétiques. Aujourd’hui j’ai 30 ans, j’ai obtenu la nationalité française, je suis chef de projet en bureau d’études et heureux père d’une merveilleuse princesse.
Je remercie sincèrement RESF et le lycée GUIMARD.
Mahamadou »
RESF 75
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Makan, 23 ans, technicien dans le domaine de l’énergie, accompagné par RESF Montreuil.

« J’ai commencé ma formation au lycée Alfred Nobel situé à Clichy-sous-Bois en CAP électrotechnique, Au bout de 2 mois, mon professeur principal a suggéré que j’intègre un bac professionnel. Janvier 2018, j’ai commencé mon bac professionnel toujours au même lycée.
J’ai rencontré les personnes de RESF quand j’étais en 1ere plus précisément, en 2019, à Croix de Chavaux à Montreuil. Grâce à elles, j’ai eu des conseils pour pouvoir monter mes dossiers pour demander ma régularisation. Elles m’ont indiqué pour avoir un rendez-vous à la préfecture de Bobigny car à l’époque avoir un rendez-vous pour première demande de titre de séjour relevait du parcours des combattants. Le jour de mon rendez-vous, j’ai été accompagné jusqu’au bureau de l’agent de la préfecture par Mme Claudie. J’ai eu un 1er récépissé de 6 mois, 2ème récépissé de 3 mois et un dernier récépissé de 3 mois. Après j’ai eu un titre de séjour d’un an.
Entre temps j’ai eu mon bac professionnel, avant de poursuivre en BTS en alternance. En 2023 j’ai eu mon BTS.
Aujourd’hui je suis technicien dans une grosse boîte dans le domaine énergétique. Merci la France, merci RESF. »
RESF 93
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Megi, arrivée à 9 ans avec sa famille, aujourd’hui étudiante heureuse.

« Je m’appelle Megi et je suis née en Albanie. A l’âge de 9 ans, j’ai suivi mes parents jusqu’en France. Je comprenais les difficultés qu’ils fuyaient mais c’était un peu irréel, je ne savais pas ce que voulait dire « tout quitter ». Dans un premier temps, la découverte d’un autre environnement, un autre mode de vie m’a plu : pouvoir manger des bananes, des pains au chocolat, des friandises fut une découverte attrayante qui m’a un peu consolé de la perte de mes amies d’enfance. Je n’avais pas conscience de la complexité de l’exil.
J’avais l’espoir de rejoindre mes oncles, tantes et cousins déjà installés en France : après les difficultés, nous allions reformer notre famille et pouvoir vivre en sécurité.
La réalité a été plus complexe … Je sentais bien le stress que traversaient mes parents et j’avais la volonté de faire de mon mieux, de réussir à l’école pour que la situation s’améliore. Apprendre la langue n’a pas été longtemps un obstacle, mais les premiers temps à l’école ont été difficiles. J’étais l’objet de moqueries parce que j’étais habillée différemment, je ne comprenais pas tout ; pour apprendre, je répétais et les autres enfants s’amusaient à me faire dire des sottises. Mais j’ai vite compris leur manège et j’ai pris mon courage à deux mains pour leur répondre, ce qui a apaisé les relations. J’ai bénéficié de la bienveillance d’un assistant social grâce à qui j’ai rapidement progressé, il nous a inscrits, mon frère à un club de foot, et moi, j’ai fait de la danse.
Au moment de passer au collège nous avons été transférés et cette année-là, la rentrée a été un peu compliquée. Mais j’ai trouvé un collège formidable. Comme j’adorais apprendre, j’étais très attentive et j’ai très vite été acceptée par les professeurs et le principal et je me suis fait beaucoup d’amis. Cela a été très précieux lorsque mes parents ont traversé d’importantes difficultés administratives. Tout mon collège s’est mobilisé pour interpeller la préfecture avec l’association RESF qui suivait notre dossier. Grâce à cette belle mobilisation, nous avons été sauvés. Le père d’une de mes amies a embauché mon père, ma mère n’a pas arrêté de faire des ménages : mes parents sont un exemple de courage pour moi, ils ont tout fait pour que notre vie soit meilleure. Au final, j’ai obtenu le Baccalauréat avec Mention TB. J’ai eu des difficultés à m’inscrire à la formation d’infirmière car je n’avais qu’un récépissé pendant un an en attendant une carte de séjour. En attendant j’ai passé le BAFA, j’ai beaucoup aidé à faire des traductions notamment dans mon ancien collège.
Mais grâce à RESF la carte est arrivée et j’ai enfin pu réaliser mon rêve et commencer mes études supérieures ! J’adore ma vie ici, je n’oublierai jamais l’accueil et la gentillesse de tous ces gens…. »
Resf 57
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Mirjana, arrivée en France en 2015

Resf 82
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Murelh. Arrivé en France en 2000 à 11 ans, régularisé en 2012, avec le soutien de RESF.

« Autodidacte, j’ai obtenu mon diplôme de développeur logiciel en changeant de cursus après la fac.
Aujourd’hui j’ai 35 ans, j’exerce le métier développeur web indépendant.
Parallèle et bénévolement, je maintiens le site RESF34. »
RESF 34
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« J’avance tranquillement dans ma petite vie » écrit Najlae. Après une expulsion indigne, et un retour du Maroc arraché par la mobilisation, Najlae est régularisée en 2010. Ses filles sont françaises, elle attend toujours une carte de 10 ans, et la nationalité.
Arrivée en août 2005 du Maroc avec visa. Expulsée le 20 février 2010. Revenue le 13 mars 2010.

« RESF a eu un rôle très important pour mon retour en France en réagissant très vite dès mon expulsion, en se mobilisant et en organisant des manifestions, ce que je n’oublierai jamais.

Après mon retour, j’ai été régularisée en septembre 2010. Je suis restée au lycée jusqu’en 2011 pour passer mon CAP Hôtellerie Restauration.
J’ai ensuite travaillé dans différents cafés, hôtels, restaurants à Orléans ou d’autres villes du Loiret.
J’ai eu ma fille aînée fin 2011 et ma seconde fille fin 2013. J’ai alors pris du temps pour m’occuper de mes deux filles entre 2013 et 2015.
Ensuite, j’ai repris le travail d’abord dans le loisir et la restauration jusqu’au confinement.
Depuis j’ai changé de voie, je travaille en usine.
Je voudrais obtenir enfin au moins une carte de 10 ans. En 2019, j’ai bien passé l’examen de maîtrise du français et eu un avis favorable de la mairie mais pas la carte. Quant à mon dossier de nationalité : il m’a été renvoyé sans explications… Je voudrais avoir la nationalité française comme mes filles !
Sinon, j’avance tranquillement dans ma petite vie et ce qui m’importe c’est que mes filles fassent ce qu’elles ont choisi : la première veut être avocate comme sa tante et la seconde être maîtresse à l’école pour « donner des ordres » (elle est un peu autoritaire, mais elle sait ce qu’elle veut !).
Najlae »
Resf 45
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Nina

« Arrivé en France en 1989, j’ai obtenu ma carte de séjour de dix ans en 1997, avant la coupe du monde grâce à la présence de Richard Moyon le jour de mon jugement… Aujourd’hui je suis Poète, Metteur en scène et Directeur Artistique. Marié avec trois merveilleux enfants… »
RESF 92
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Olga, parrainée en 2006 à la mairie du 20ème à Paris. Une création d’entreprise en cours « Facilitateur d’immigration », pour accompagner les étrangers qui arrivent ou souhaitent venir en France.

« Pour ma part, c’est avec plaisir que je vous informe que j’ai été régularisée en 2007

Nationalité française en 2020
Pacsée avec 2 enfants
Profession : J’ai poursuivi des études supérieures en tourisme, puis en ressources humaines. Pendant neuf ans, j’ai travaillé pour une grande entreprise internationale de luxe.

Actuellement, je suis en train de créer une entreprise, "Facilitateur d’Immigration". Mon objectif est d’accompagner les personnes immigrées en France, ou celles qui souhaitent venir en France, dans leur intégration.
Notre accompagnement est complet et comprend :
 Suivi juridique : Aider les immigrés à naviguer dans les démarches administratives et légales.
 Orientation professionnelle : Réalisation de bilans de compétences pour définir des parcours professionnels adaptés.
 Recherche d’emploi : Assistance dans l’insertion professionnelle pour trouver des opportunités de carrière.

À travers mon parcours personnel, je souhaite être une source d’espoir et de motivation, en aidant les nouveaux arrivants à réussir leur intégration en France. »
RESF 75
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Raquel.
Miriam, Raquel, Andréa et Gesse PINTO MUNIZ arrivent en 2007 du Brésil, afin que Miriam qui est épileptique et handicapée puisse bénéficier de soins appropriés.
Le parcours pour aboutir à la régularisation de la famille sera chaotique, Raquel âgée de seulement 15 ans assistera à l’arrestation de son père sur simple contrôle à la fête foraine. Sans rien laisser paraître, elle s’éloignera et ira prévenir sa mère. Dans un contexte de chasse aux personnes étrangères ayant besoin de soins et d’expulsions (Ardi-Blendon), la lutte sera acharnée. Les mobilisations n’en seront que plus larges et solidaires plus particulièrement avec l’implication de l’Association des Paralysés de France (APF).

« Mes parents ont été régularisés en 2013 et depuis papa a ouvert sa société. C’est une entreprise de rénovation dans le bâtiment.
Miriam est accueillie de jour à la Devinière une Maison d’Accueil Spécialisée, Maman s’en occupe le soir.
Jonathan et moi nous sommes mariés en 2015. Nous avons deux enfants Daniel a 7 ans et Noah 2 ans. Jonathan et moi travaillons tous les deux en CDI dans la société de mon père. Mes études en Economie du Bâtiment m’ont bien aidée, et je vais reprendre une formation car Jonathan et moi voulons créer notre entreprise. Depuis 3 ans j’ai la nationalité française.
Tous les mercredis, c’est maman qui s’occupe de Daniel et Noah et parfois aussi quand c’est la bousculade au travail. Nous sommes une famille très soudée.
Là des souvenirs me reviennent de Frédérique ma voisine et marraine qui est partie à Clermont Ferrand, Catherine qui m’a emmenée en vacances quand ils ont déporté papa au Brésil, Chantal la marraine de Miriam. Elles sont venues toutes les trois à mon mariage.
Mon rêve c’est juste que tout le monde aille bien, reste en bonne santé c’est ce qui compte le plus.
Raquel »
RESF 45
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Sélim, ex mineur isolé, emprisonné 3 mois pour « mensonge sur son âge », la cour de cassation le reconnait sa minorité à l’époque des faits. Termine son BTS d’électrotechnicien.

« Décembre 2017 : je sors tout juste de prison, on m’a reproché d’avoir menti sur mon âge pendant ma période de mise à l’abri par l’Aide Sociale à l’Enfance.
Après trois mois d’enfermement au milieu de prisonniers de droit commun à la prison de Villeneuve les Maguelone (34), je me retrouve à la rue. Je suis épuisé, perdu et ce que je viens de vivre pendant ces trois mois « c’est pire que la Libye et la traversée de la Méditerranée ».

Sur les conseils de copains, je vais ce soir-là pousser la porte d’une permanence RESF. Des bénévoles m’accompagnent à la Croix Rouge et dans l’urgence au vu des températures, j’ai droit à deux nuits à l’abri ; puis RESF me trouve une famille qui accepte de m’héberger de façon permanente.
Grâce à l’aide de cette famille aimante, je reprends goût à la vie. Je suis scolarisé et passe avec succès mon baccalauréat avec mention Très Bien. Mais les soucis liés à l’OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) et l’ITF (Interdiction de Territoire Français) me poursuivent, créent de l’insécurité et un stress permanent.
Avec l’aide de RESF et celle de la famille, j’obtiens une carte consulaire puis un passeport qui atteste de ma minorité au moment des faits reprochés. Une demande en cassation est alors engagée chez un avocat et ma famille d’accueil paye les frais inhérents à cette procédure.

Je poursuis ma formation par un BTS en électrotechnique. Sur le plan scolaire, je m’accroche malgré des angoisses tenaces dues à mon difficile parcours. L’aide d’une psychologue m’est alors nécessaire.

En 2022, mon pourvoi en cassation est gagné ! Mais dans l’attente de la relaxe définitive par le tribunal de Nîmes, la préfecture de l’Hérault me donne seulement un titre visiteur sans autorisation de travail. Nouvelle déconvenue…

Relaxé en juillet 2023, je prends connaissance seulement en octobre 2023 de la décision du tribunal en m’y rendant accompagné par une bénévole de RESF. La greffière n’ayant pas jugé opportun de me prévenir ni d’en informer mon avocat !

Encore une épreuve à surmonter car j’avais trouvé entre-temps un contrat en alternance pour terminer mon BTS avec l’entreprise ENEDIS.
Empêché par le manque d’autorisation de travail et l’absence d’information de ma relaxe, j’ai perdu la possibilité de faire cette formation qui me tenait particulièrement à cœur.

Le 21 novembre 2023 j’obtiens enfin un récépissé avec autorisation de travail et je trouve aussitôt un emploi alimentaire dans la restauration.
Je continue actuellement mes recherches d’un employeur pour terminer mon BTS en alternance. Le chemin est long pour obtenir l’autonomie financière à laquelle j’aspire.

Une demande de recours en indemnisation pour préjudices a été faite en décembre 2023 auprès d’un avocat avec l’aide de RESF.
Sept longues années de déboires et de déceptions mais je garde malgré tout l’espoir d’un avenir meilleur. »
RESF 34
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Suzanna

« Arrivée en France en 2002 fuyant le Haut-Karabagh en guerre, sans jamais avoir pu être scolarisée. Régularisée en 2008 avec le soutien de RESF et du lycée. Dès mon diplôme Action marchande, je travaille pour aider ma grande sœur, seule famille qui me reste. Maintenant je suis responsable de centre d’un grand groupe français de soins esthétiques. Ce que j’aime ? Les découvertes des beaux endroits de France et les bons repas !! »
RESF 92
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Valdete, infirmière dans son pays, venue avec sa famille en France pour faire soigner son fils. Elle n’oublie ni l’accueil « glaçant » de l’administration, ni les combats et la solidarité qui leur a permis de trouver leur place ici.

« Je m’appelle Valdete et mon pays d’origine est l’Albanie. Là-bas j’étais infirmière et mon mari travaillait dans les télécommunications. Côté travail nous n’avions pas de problèmes. Après le mariage nous avons eu deux fils. Mais voilà que l’aîné a rapidement présenté des problèmes de santé lié à sa croissance. Nous avons multiplié les tentatives de traitement pour endiguer ce handicap mais nous avons fini par nous trouver devant un constat d’échec : les médecins ne pouvaient plus rien pour notre fils. Ils ne donnaient qu’une adresse en France : à l’hôpital pour enfants de Nancy. La décision était lourde, le diagnostic sans appel… Tout quitter... nous aimions nos métiers. Mais la perspective de voir notre aîné grandir avec ce handicap nous hantait.
En France, les conditions d’accueil furent glaçantes, mais nous n’avions pas le choix : prendre patience pour la santé de notre fils. Par le biais de l’école où nos deux fils étaient scolarisés, nous avons rencontré des gens très accueillants et dévoués. Nous étions logés en hôtel à Metz et les nombreux rendez-vous médicaux à Nancy étaient assurés par des bénévoles de l’association RESF qui suivaient notre dossier administratif. Toutes ces années de doute, de risques administratifs, de peur, le fait de ne plus pouvoir travailler, de dépendre des « aides » était très très dur. Le suivi médical de notre fils fut formidable et nous a redonné confiance dans la décision que nous avions prise.
Au fil du temps, les garçons ont progressé dans leurs études, nous avons eu une fille et après des années de galère, l’obtention du droit de travailler. Je n’ai jamais pu obtenir un emploi dans ma profession hélas, alors je n’arrête pas de faire des ménages. Mon mari a obtenu un bon poste dans une entreprise française leader mondiale dans la fourniture de solutions de campements dans les secteurs militaire, de la Sécurité civile et des ONG : il voyage beaucoup dans le cadre de son travail, c’est une fierté pour nous de servir ainsi le pays qui nous a accordé la nationalité française. Aujourd’hui notre fils aîné est en 3e année d’école d’ingénieur, le second en 1e prend le même chemin, l’avenir de nos trois enfants est ici, dans la maison que nous avons construite. Tout cela, grâce aux nombreux soutiens qui nous ont compris et que nous ne cesserons jamais de remercier. »
RESF 57
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Viliène

« 2010. Tremblement de terre en Haiti. Viliène s’oppose publiquement sur TF1 au ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, Eric Besson, qui refuse un visa pour son fils aîné, alors qu’il autorise la venue du plus jeune enfant. Un bras de fer qu’elle finit par gagner avec RESF. Ses enfants grandissent et vivent en France.
Viliène travaille dans l’aide à la personne. Elle est Française depuis 2015, ainsi que deux de ses enfants. »
RESF 92