"Paroles clandestines", de Virginie Lydie

12 x 21 cm / 128 p. / 7,50 €
Parution : mars 2008

Le débat sur les étrangers en situation irrégulière est, depuis plusieurs années, un thème majeur de la vie politique, sociale et économique de la France. Pourtant, ce débat ne laisse pas beaucoup de place aux étrangers eux-mêmes : on ne les entend jamais.

Cet ouvrage nous présente leurs « paroles clandestines », simples, directes, qui nous questionnent sur le désarroi et les espérances d’êtres humains à la fois rejetés et exploités. Ces témoignages illustrent des situations très diverses :

• D’abord W., un Indien très cultivé qui, pour s’en « sortir », doit changer régulièrement de job.
• Puis K., qui ne veut pas dire son pays d’origine, et qui, après avoir été ballotté par la vie sans papiers, se retrouve actuellement en prison.
• J., Camerounais, malgré ses diplômes et une situation stable, ne parvient pas à faire revenir sa femme en France.
• Enfin, O., un journaliste centrafricain, qui craint pour sa vie et ne dispose pourtant pas des papiers qui lui permettraient de vivre en France en toute sécurité.

Un dossier important sur les migrations et sur les droits des migrants complète ces témoignages inédits. Il nous donne la mesure des difficultés que rencontrent les sans-papiers, en butte à un véritable dédale réglementaire, aux évolutions de la loi et de son application.

L’entretien avec Serge Daniel, journaliste béninois pour Radio France International qui a enquêté pendant plus de six mois sur les pas des candidats africains à l’immigration en Europe, apporte un éclairage précieux sur ce qui se passe en amont en Afrique.

Virginie Lydie est l’auteure de plusieurs articles et livres documentaires, et de fictions pour la jeunesse.
Pour l’écriture de cet ouvrage, elle a rencontré pendant de très longues heures les sans-papiers qui témoignent ici.

Créée en 1939 pour venir en aide aux personnes déplacées par la guerre, la Cimade agit depuis pour l’accueil et la défense des étrangers et des demandeurs d’asile en France. Elle soutient également des partenaires dans les pays du Sud.
www.cimade.org



commentaire de l’auteure


J’aimerais, au passage, vous faire part de ma pensée émue pour ceux qui sont seuls et qui n’entrent dans aucune catégorie susceptible d’intéresser une association ou d’émouvoir l’opinion publique. Je pense à K, l’un des hommes qui a accepté de témoigner pour ce livre, actuellement en prison et sous le coup d’une nouvelle ITF de 3 ans au seul motif de sa situation irrégulière. K est un "harraga" arrivé en France il y a 17 ans, vers l’âge de 14 ans, suite à une histoire personnelle tragique et à des traumatismes multiples. Père d’un enfant français qu’il n’a pas reconnu par crainte d’être expulsé mais qui est son unique raison de vivre, il a été rejeté par sa compagne et sa belle-famille. Démuni de preuves sur son histoire, son identité et sa présence en France (en dehors des 8 années passées à naviguer entre la prison et les centres de rétention), il est très angoissé, avec des idées suicidaires (il a déjà fait une TS). Il lui faudrait du temps pour se reconstituer et retracer son parcours ; temps que ni la justice ni l’administration ne semblent décidés à lui accorder. Pourtant, K est courageux, il a un métier, coninue de se former en prison, il a aussi appris à lire et à écrire en autodidacte (il ne parlait pas français à son arrivée en France et n’ayant pas été pris en charge par l’ASE, il n’a jamais été à l’école). K sortira de prison le 19 juin, il retournera sans doute en rétention, et après, s’il échappe à l’expulsion, il sera à nouveau condamné à l’errance et à la clandestinité. Peut-on imaginer la détresse d’un homme qui "préfère" cette vie à l’idée de rentrer dans son pays ? Voici un extrait d’un courrier qu’il m’a adressé, sachant que je prépare, avec lui, un livre sur son histoire singulière, en espérant que ce projet verra le jour. Ceux qui n’intéressent personne ont parfois beaucoup à dire.
"Avant que j’arrive ici, j’aimais la France du fond du cœur. Dans un pays démocratique comme la France, j’ai été condamné à la prison à vie. A part qu’ils me font une surprise, ils me laissent l’autorisation de sortir pour respirer quinze jours ou un mois, pas plus. Le plus, je reste six mois à Paris et après, ils me ramènent comme d’habitude, menotté, traumatisé. Juste parce que j’ai pas de papiers."

http://virginielydie.hautetfort.com/{}