Mohamed est arrivé à Clermont-Ferrand en juillet 2018, il avait 16 ans. Le 2 février 2022, alors qu’il tente de reconstruire sa vie ici, il reçoit un refus de titre de séjour assorti d’une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français). Mohamed a 30 jours pour quitter la France.
J’ai hébergé Mohamed pendant 2 ans et été le témoin de son intégration. Mohamed a toute sa place parmi nous.
En Côte d’Ivoire, orphelin, Mohamed est sous le joug de sa belle-mère qui lui fait subir violences et privations. Alors qu’il n’a que 14 ans, pour échapper aux maltraitances, il suit un voisin qui part chercher du travail au Maroc. Le Mali, la Mauritanie, puis l’arrivée au Maroc. Il y passe 1 an et demi, jusqu’au soir où son compagnon de route l’emmène sur les bords de la Méditerranée. Malgré son refus d’embarquer, il est poussé de force dans un Zodiac. La traversée dans l’effroi, l’espoir lors du secours par un bateau espagnol, le repos en Espagne, puis à nouveau la route, direction la France dont il aime la culture et parle la langue. Au gré des rencontres et des aides, il avance : Almeria, Cadix, Madrid, Bilbao, Bayonne, Paris, Clermont-Ferrand.
A Clermont, avec le soutien de la Ligue des Droits de l’Homme et de Réseau Education Sans Frontières, il peut imaginer un avenir. Il s’investit dans les cours de remise à niveau donnés par les bénévoles. Il anime régulièrement une émission sur Radio Campus et écrit dans un fanzine, Faratanin Fraternité.
A la rentrée 2019, il est scolarisé à Brassac-les-Mines pour préparer un CAP Commercialisation et services en Hôtel-Café-Restaurant. Il obtient sans problème son diplôme en juin 2021. Il se prend de passion pour son métier de serveur. Jovial, dynamique, travailleur, ce métier est fait pour lui. D’ailleurs, tous les patrons chez qui il fait ses stages lui signent des promesses d’embauche. Le Conseil départemental du Puy-de-Dôme lui exprime sa confiance en lui signant un Contrat Jeune Majeur.
Mais pour travailler, il lui faut un titre de séjour. Il a bon espoir de l’obtenir. Tous les médias témoignent de la pénurie de main d’œuvre dans la restauration, et des patrons sont prêts à l’employer. La simple délivrance d’un titre de séjour lui permettrait de devenir autonome et de s’impliquer pleinement dans la société française. Mais la préfecture du Puy-de-Dôme, en a décidé autrement.
Le 2 février, tout s’effondre. Mohamed, qui partage notre vie depuis près de 4 ans, qui est apprécié de tous ceux qui le côtoient, dont professeurs et patrons vantent les qualités professionnelles et l’implication, n’a plus sa place en France.
Mais Mohamed n’a plus d’attaches en Côte d’Ivoire. Ses amis sont en France. Son avenir ne peut s’écrire qu’ici.
Pour que l’OQTF soit levée et que Mohamed puisse construire sa vie auprès de nous sur le sol français, signez et partagez cette pétition !
Soutiens : LDH (Ligue des Droits de l’Homme), RESF (Réseau Education Sans Frontières)