Monsieur le Préfet de la Somme,
Nous soussigné.e.s sollicitons votre bienveillance pour mettre à l’abri Mme ARAKELYAN Zhanetta, ainsi que toutes les femmes, seules ou avec enfants qui chaque soir doivent, dans des conditions inacceptables dormir devant la gare sur des cartons donnés, généreusement, par les restaurateurs à proximité.
Pour rappel Mme ARAKELYAN Zjhanetta n’a pas quitté l’Arménie en 2012 pour des raisons de confort personnel, de maladie, ou comme nous l’avons déjà entendu pour faire du shopping ou profiter des prestations familiales existantes en France. Elle a fui son pays pour se sauver des violences conjugales, répétées pendant plusieurs années qu’elle subissait , certaine que la France serait la protéger
Hélas, la France, bien qu’étant le pays de droits humains, a beaucoup de mal à protéger les femmes des violences conjugales, et de ce fait se soucie peu des femmes migrantes. Les femmes que nous rencontrons, tous les jours, nous racontent leur histoire, toutes ont subi des violences : violences sexuelles, mariage précoce, excision et infibulation, viols notamment dans les pays en guerre, et quand elles fuient elles ne sont pas à l’abri pendant leur parcours migratoire de nouvelles violences sexuelles.
Certes, nous direz-vous, l’OFPRA et la CNDA ne leur ont pas reconnu ou ne leur reconnaîtra pas le statut de réfugiée. Avez-vous-lu leur rapport : « faute de preuve, madame n’a pas su donner des faits précis, etc… » . Fuiriez-vous votre pays dans des conditions de violence en emportant des preuves ? Quelles preuves dans des pays ou l’on ne porte pas plainte pour viol, ou l’excision même interdite reste une coutume ainsi que le mariage précoce.
Ici, à Amiens, elles appellent plusieurs fois par jour le 115, qui malheureusement ne dispose pas de suffisamment de place pour les prendre en charge et leur rendre leur dignité. Donc qu’ont-elles comme solutions ? Dormir dans la rue, avec tous les risques que cela représente pour une femme et les enfants ou accepter un hébergement d’une nuit par des invidus à l’affut à proximité de la gare, en échange de faveurs sexuelles. Pour nous cela s’appelle de la prostitution.
Certaines femmes que nous rencontrons sont là depuis plus de 13 ans, d’autres ont des enfants scolarisés, d’autres des enfants placés à l’aide sociale à l’enfance, mais elles ont toutes un point commun elles sont toujours, depuis des années, des femmes sans papier, des femmes sans droit, rendues invisibles et inexistantes, dont seules les associations se soucient.
Que leur proposez-vous, continuer à vivre cet enfer ou enfin espérer une régularisation, faire de leurs enfants de futurs citoyens respectueux de notre République, ou de futurs « terroristes » car psychologiquement détruits depuis leur plus jeune enfance. Il est vrai, que lors de la rencontre que nous avons eue avec vous, vous nous avez posé la question « où sont les pères ? ». Malheureusement elles ne le savent pas, nous ne le savons pas, vous ne le savez pas. Donc quelle autre solution ?.
Mme ARAKELYAN Zhanetta, toutes les femmes exilées, seules ou avec enfants méritent un toit et une scolarité sereine. Nous souhaitons un hébergement stable pour assurer la mise en sécurité de celles-ci ainsi que le bien-être moral des enfants scolarisés
Nous connaissons les réalités qui seront objectées à nos demandes : l’inadéquation entre les besoins et le nombre de places d’hébergement disponibles… Toutefois, nous nous refusons à accepter ces réalités, tout comme nous nous refusons à accepter que des questions de statuts administratifs permettent de justifier que des enfants dorment dans le froid, l’humidité et les dangers de la rue. Cela est contraire à la Convention Internationale des Droits de l’Enfant ratifiée par la France en 1990, notamment le droit d’avoir des conditions de vie décentes (traduit dans le droit français dans l’article 27 du décret 90-917 du 8 octobre 1990).
Des solutions existent pour mettre à l’abri ces familles, dans des hébergements décents, sur la commune d’Amiens.
En espérant un regard humain sur la situation de Mme ARAKELYAN Zhanettta, je vous prie de croire, Monsieur le Préfet, à mon attachement aux valeurs républicaines, solidaires et fraternelles qui fondent notre République.