Pour un autre regard sur les migrations

Construire une gouvernance mondiale
Bertrand BADIE, Rony BRAUMAN, Emmanuel DECAUX, Guillaume DEVIN, Catherine WIHTOL DE WENDEN

En 1948, la Déclaration universelle des Droits de l’Homme proclamait « le droit pour toute personne de quitter un pays y compris le sien ». Toujours d’actualité, ce droit à la mobilité et les migrations qui l’accompagnent relèvent aujourd’hui d’un enjeu global. Mais la difficulté à admettre cette perspective conduit les pays de destination comme de départ à un traitement inefficace. En cherchant à utiliser les migrations comme une variable d’ajustement national et à court terme, ils n’en tirent pas les bénéfices qu’elles peuvent procurer aux sociétés comme aux migrants.
S’appuyant sur de nombreuses analyses, les auteurs proposent des pistes concrètes pour poser un autre regard sur les migrations. Ils montrent qu’à rebours des politiques contre-productives de fermeture des frontières, une « bonne mobilité » abaisserait les coûts des migrations et en régulerait les flux et les incertitudes par une assistance et une information adéquate. Ils préconisent une gouvernance mondiale qui associerait, aux côtés des États, les syndicats, les entreprises et la société civile. Sans être une nouvelle institution, un tel dispositif, relié à l’ONU, faciliterait et coordonnerait les activités des organisations internationales, des gouvernements et des acteurs non-gouvernementaux dans leurs compétences respectives.
Ce travail est le fruit d’une collaboration entre le ministère des Affaires étrangères et européennes et un groupe d’experts ; une libre réflexion est ainsi mise à disposition des décideurs et du public.

http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index.php?ean13=9782707154798


selon le journal LES ECHOS du 3/6/08 : http://www.lesechos.fr/info/analyses/4735123.htm

« Pour un autre regard sur les migrations », par Bertrand Badie, Rony Brauman, Emmanuel Decaux, Guillaume Devin, Catherine Wihtol de Wenden, Editions La Découverte, 126 pages, 10 euros.

Le thème. L’objectif de cet ouvrage, fruit d’une collaboration entre des chercheurs et le ministère des Affaires étrangères, est « de regarder par-delà les frontières », afin d’anticiper et d’agir sur les enjeux de la mondialisation. Comme d’autres phénomènes, « les flux migratoires se sont mondialisés ». On compte aujourd’hui près de 200 millions de migrants. Pour l’ouvrage, les politiques de fermeture de frontières sont « contre-productives », alors qu’une « bonne mobilité » abaisserait les coûts des migrations et en régulerait les flux et les incertitudes.

L’interrogation. Les conclusions de cet ouvrage plaident en faveur d’une gouvernance « multiacteurs » du phénomène. Une sorte de « gouvernance mondiale » qui associerait gouvernements, syndicats, entreprises, société civile et qui s’inscrirait bien dans le cadre de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Les terribles violences xénophobes en Afrique du Sud démontrent que le traitement est bien celui de la pauvreté et surtout de l’accroissement des inégalités entre pays et surtout à l’intérieur des pays.

Le cas. « L’emploi immigré attire l’emploi tout court. » L’Italie avait un taux de chômage de 6 % en 2007 avec un solde migratoire positif. La France, en revanche, avec une migration bloquée, n’a pas réduit son taux de chômage de façon aussi significative.