Fatima est élève de CE1 à l’école Marcel Cachin d’Échirolles.
Elle est entrée à l’école en 2015 et a fait toute sa scolarité en France. Fatima avait un an et demi à son arrivée en France et elle n’a donc jamais été scolarisée en Serbie.
Elle et sa famille se sont progressivement intégrées à la société par l’école.
En maternelle, Fatima a appris à communiquer avec les adultes et les autres enfants dans la langue française, à s’exprimer autant à l’oral qu’à l’écrit, à identifier les sons que l’on emploie lorsqu’on parle français.
En CP et cette année en CE1, Fatima a réussi à consolider ses bases pour mieux lire et écrire.
La langue serbe est différente du français en phonologie mais surtout dans la construction grammaticale des phrases. À ce moment de la scolarité où l’on construit les fondations pour la suite ce serait une rupture de devoir apprendre à l’école une nouvelle langue et de nouveaux codes, etc. De plus, la famille parle la langue de leur communauté rom et c’est cette langue qui est connue des enfants. Ces derniers n’ont aucune notion de la langue Serbe.
À cela s’ajouterait une scolarisation incertaine et subie du fait d’une expulsion.
Un renvoi au pays aurait donc pour conséquence des conditions de vie encore plus précaires qu’actuellement en France. En effet, Fatima ne pourra peut pas aller à l’école en Serbie de façon automatique. Des papiers administratifs seront à faire, la discrimination jouera un rôle important et à ce jour sa famille n’a aucune certitude sur un lieu de scolarisation ni même un lieu de vie ou d’accueil sur place.
Sa famille a quitté la Serbie pour avoir une vie plus décente. Elle n’a plus aucun lien au pays et garde un souvenir douloureux des maltraitances et des discriminations vécues face à l’école, à l’emploi, à l’absence de place et de statut social etc. Il leur sera très difficile de construire des relations sociales aujourd’hui dans leur pays d’origine.
À Échirolles, ses parents ont noué des relations avec d’autres familles du quartier, participent à la vie de l’école, on pour désir de rester, vivre et travailler ici.
Cette année sa petite sœur Marta – née en France - est entrée en Petite Section de maternelle et nous ne pouvons que lui souhaiter autant d’enthousiasme pour l’école que son aînée.
Malheureusement cette année, leurs deux parents ont reçu successivement des Obligations de Quitter le Territoire Français (dont une suite à un contrôle de police à la sortie d’un cours de français !).
Quelle violence et quelle angoisse pour ces deux filles scolarisées dans nos écoles de courir le risque d’être enfermées en centre de rétention administrative en famille, expulsées dans un pays qu’elles n’ont pas connu ou de voir leur famille démembrée par l’expulsion d’un des deux parents.
La préfecture distribue des OQTF (Obligation de Quitter le Territoire) avec acharnement, plongeant des familles dans la peur et la précarité.
Face à cela nous soutenons la famille KURTIC - qui vit en France depuis plus de 5 ans avec une enfant scolarisée depuis plus de 3 ans - dans sa régularisation et demandons l’annulation des OQTF.
Pour un respect des droits de l’enfant à vivre sereinement en famille.
RESF ÉCHIROLLES