Communiqué de RESF 69 à la presse à l’occasion du passage de la marche nationale des sans-papiers à Lyon que nous soutenons
Hier, ils avaient des droits, y compris celui de travailler, et certains avaient même des papiers.
Aujourd’hui, la préfecture leur retire tout, faisant brutalement d’eux des sans papiers !
A l’heure où une nouvelle marche de sans-papiers sillonne le pays et s’apprête à faire une halte à Lyon, nous attirons votre attention sur la véritable machine à fabriquer des sans-papiers que constituent de nombreuses décisions arbitraires prises ces derniers temps par la préfecture du Rhône.
En 2016, M. et Mme B. ont obtenu le droit de séjourner et de travailler en France pour faire soigner leur fils gravement malade. Mr B. est embauché en CDI dans une usine. Leur fils continue de vivre aujourd’hui avec des bouteilles d’oxygène en permanence sur le dos, en attente d’une greffe. En août dernier, cela n’empêche pas le Préfet de considérer que l’enfant est guéri et que les parents doivent repartir. Le père doit abandonner son travail, la famille ne peut plus payer le loyer…
Mme A. est arrivée mineure en France en 2013. Fin 2015, elle obtient des papiers et commence bientôt à travailler, mais à partir de 2017, elle perd progressivement sa carte de séjour, son droit au travail, son CDI…
M.M. est arrivé en France avec sa femme et leurs 2 enfants. Un 3ème y est né. Ils font une demande d’asile. La nouvelle loi les autorise à travailler après 9 mois de présence et en attendant la réponse de la CNDA. Monsieur trouve alors un CDI à temps complet, dans une entreprise de la Métropole, sur un poste en tension, non pourvu depuis 18 mois. La DIRRECTE donne son accord. L’entreprise règle la taxe à l’OFFI. Le contrat peut débuter en octobre 2019. Parallèlement un dossier est déposé auprès de la Préfecture dans le cadre du travail. La famille aménage alors plus près de l’entreprise et est autonome pour régler loyer et charges. Les 2 demandes sont rejetées (CNDA et Préfecture). Mais les décisions se perdent entre le changement d’adresse et la pandémie. Ce n’est qu’au mois d’août 2020, que la famille l’apprend. Un inspecteur du travail vient alors dans l’entreprise et la somme de licencier Monsieur. Ce qui est fait en septembre. La famille est maintenant sans ressources et sans toit….
Ils sont arrivés mineurs en France, y ont fait des études, obtenu des diplômes, y ont fait des apprentissages, certains sont sur le point d’être embauchés, d’autres travaillaient encore il y a peu avec des cartes de séjour, mais cela n’empêche pas la préfecture de les obliger à quitter la France (OQTF) pour des raisons totalement injustes : notes à l’école considérées comme trop moyennes, redoublement avant d’avoir le diplôme, emploi occupé dans un autre secteur d’activité que celui de la formation…
Sans-papiers, mais non sans courage, ils sont prêts à témoigner. Si vous voulez relayer leurs paroles, contactez-nous