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Hommage à Kantra à Nîmes le 10 janvier à 18h30

31 décembre 2017

Mesdames et Messieurs les responsables, Président de la République, Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur, Directeurs de cabinets, membres de ces cabinets, préfets,

Nous voulons croire que vous pourrez consacrer quelques minutes à la lecture du récit de la tragédie vécue par un garçon de 18 ans, Malien, qui s’est jeté sous un train le lendemain de Noël parce que la politique que vous imposez et/ou que vous appliquez a abouti à détruire l’ébauche d’avenir qu’il avait réussi à se construire en France. Nous souhaiterions que vous ayez une pensée pour lui, ce soir à minuit, au moment où vous embrasserez vos enfants et/ou vos petits-enfants. Et, pourquoi pas, que vous exposiez à vos familles et à vos amis la profonde valeur éthique de votre action et celle des engagements que vous prenez pour l’année qui vient.

Adresses des destinataires en fin de message.

 

NOUS PLEURONS NOTRE FILLEUL KANTRA 

Nous avons appris son décès le lendemain de Noël. C’est sa marraine qui a envoyé un message pour dire que Kantra allait lui manquer depuis sa mort. 

 

Il s’est jeté sous un train en région parisienne. Beaucoup d’entre-nous
ont découvert le visage de ce filleul et les larges sourires des enfants de sa famille d’adoption nîmoise, sur la photo qui accompagnait cette information dramatique, confirmée cet après-midi. 

"C’est comme si on avait tué l’un de mes gosses" disait un sympathisant proche de notre association. 

En mettant en place le projet de parrainage des mineurs non-accompagnés du Gard, nous nous attendions à vivre des moments compliqués, douloureux ou de déchirement. Mais nous n’imaginions pas le suicide de l’un d’entre-eux. Comment ne pas être affecté par la douleur de la famille qui a parrainé Kantra pendant plusieurs mois ? On pense immédiatement à la suite : trouver le moyen et les
mots pour prévenir sa famille restée au pays. Que dire à cette mère malienne qui a déjà pleuré le départ de son enfant pour lui donner une chance de s’épanouir et de

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grandir dans de meilleures conditions que celles offertes dans son pays ? La réalité se rappelle à nous : les autres jeunes qui le
connaissaient sont bouleversés et traumatisés. C’est une nouvelle épreuve morale que ces ados subissent après avoir erré dans plusieurs pays et connu les pires horreurs que l’on voudrait épargner à tout enfant. Les copains de Kantra sont certainement apeurés par un destin auquel tous veulent échapper : celui de se retrouver, à l’aube de leur majorité, sans papier, SDF et sans avenir dans un pays qui peine à leur faire une place.

Ces jeunes mineurs non-accompagnés sont une chance pour
notre pays.

La richesse de leur expérience, leur résilience et leur humanité sont des atouts pour notre société. Nous devons nous donner les moyens
de leur offrir un accueil digne de celui que nous voulons pour nos propres enfants. On est loin du compte. 

Après notre stupéfaction, nos larmes et notre tristesse, c’est la colère qui prend le dessus. La colère d’une actualité qui continue un peu plus à stigmatiser les étrangers, même les enfants loin de toute famille.
Une actualité qui nous informe des méthodes mises en place pour se débarrasser d’une population qui nous appelle à l’aide. 

Nous ne nous résignerons pas. 

Tests osseux pour prouver l’âge, enquêtes zélées pour authentifier les certificats de naissance... nous refusons les méthodes lâches
des pouvoirs publics qui font tout pour empêcher d’insérer ces jeunes dans notre société.
 

En ralentissant les autorisations administratives pour des raisons fallacieuses, les autorités publiques se rendent coupables de créer
les conditions à l’origine de drames humains. Sans ces autorisations et malgré l’énergie déployée par ces jeunes et leur entourage, aucune solution d’intégration n’est possible par le travail, l’apprentissage ou la formation...
Ceci réduit d’autant la possibilité pour ces jeunes d’obtenir une carte de séjour à leur majorité. Pour beaucoup d’entre-eux dans cette situation, c’est la clandestinité qui les attend. 

C’est ce parcours qui a amené Kantra à rejoindre Paris. 

Il n’est pas possible qu’il y ait d’autres Kantra. Nous demandons à ce que tous les jeunes mineurs non-accompagnés disposent de l’accès
à l’éducation et à l’insertion que la loi est sensée permettre. 

Ces enfants sont les nôtres, c’est ça aussi la Fraternité. 

    
L’association Ados Sans Frontière.

 

 LE TEMOIGNAGE DE
SOLENE BOURGOUIN, MARRAINE DE KANTRA

Je suis la marraine de Kantra Doucouré, qui s’est jeté sous un train la semaine dernière en région parisienne. Il avait eu 18 ans le 14 novembre.

J’avais fait la connaissance de Kantra au printemps dernier. Kantra avait quitté le Mali à 15 ans et était arrivé (via l’Algérie, la
Lybie puis l’Italie) à Nimes en février 2016. Il avait trouvé sa place dans notre famille, nous avait accompagné en vacances cet été, était de toutes nos activités... En octobre dernier il avait été admis pour faire un CAP Cuisine "à condition de trouver un patron". Après un stage de deux semaines dans un restaurant, il lui avait été proposé un contrat pour 2 ans. Au sein d’une chouette équipe, avec une patronne vraiment bienveillante. Kantra était tellement heureux... Après tous ces mois de galère, enfin l’espoir. 

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Une semaine avant ses 18 ans, l’assistante sociale lui a annoncé que son contrat ne pouvait être signé, car pour prétendre à un titre de séjour, la préfecture exigeait 6 mois de scolarisation/professionnalisation avant les 18 ans. Pourquoi ne nous avait-on pas informé de cela plus tôt ???

On a insisté, insisté... jusqu’à ses 18 ans... Mais rien à faire. Kantra était effondré. Il disait qu’il était "maudit", que tout le monde était contre lui. Lui si gentil, attentif aux autres, volontaire, intelligent...

Le jour de ses 18 ans, il a développé des éléments de délire paranoïaque. Pensant que son téléphone était sur écoute, qu’on voulait le renvoyer au Mali, et même l’empoisonner... Il tremblait, bégayait... Un médecin l’a vu, a proposé une hospitalisation en psychiatrie, que Kantra a refusé. Le 21 novembre, il a été mis à la porte du foyer. Orienté vers les foyers d’hébergement d’urgence. Je lui ai dit de sonner à la maison s’il était à la rue. Je ne l’ai plus revu. Il ne répondait pas à mes messages. 

Son oncle qui l’a hébergé ces 2 dernières semaines à Paris a évoqué les éléments paranoïaques qui persistaient. A partir du jour de
ses 18 ans, ça n’a plus été le même. Mes enfants qui l’adoraient ne comprenaient pas ("Maman pourquoi il est devenu fou ?").

Si ce contrat avait été signé, on n’en serait pas là aujourd’hui...

Si ce témoignage peut servir pour l’avenir de ces jeunes, qui ont vécu tellement de traumatismes...

Avec mille pensées pour sa maman. 
 
Solène Bourgouin

 A l’Elysée :

Pour écrire au président :

http://www.elysee.fr/ecrire-au-president-de-la-republique/

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Matignon :

Pour écrire au 1er ministre :

sec.edouard.philippe@pm.gouv.fr

http://www.gouvernement.fr/contact/ecrire-au-premier-ministre

 

Intérieur :

stephane.fratacci@interieur.gouv.fr
 Directeur de cabinet de Collomb. Il était secrétaire général du ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale sous Hortefeux puis sous Besson ainsi que préfet du Doubs lors de l’expulsion de Léonarda. Belle carrière au service des droits de l’Homme  !

nicolas.lerner@interieur.gouv.fr
 Dircab adjoint

pauline.pannier@interieur.gouv.fr
 Conseillère immigration

sec.dircabadj@interieur.gouv.fr

sec.immigration@interieur.gouv.fr

 

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du Gard

didier.lauga@gard.gouv.fr Préfet du
Gard