Rouge : En première ligne face à Sarkozy

Les luttes pour la régularisation des sans-papiers se poursuivent, malgré de nouveaux obstacles que Sarkozy ne manquera pas de poser.

L’élection de Sarkozy va se traduire par un durcissement des conditions d’immigration et une poursuite de la chasse aux sans-papiers. S’il y a un domaine où il compte faire ce qu’il dit, c’est dans ce domaine. Il va poursuivre l’orientation raciste de la campagne électorale, en désignant des boucs émissaires pour détourner la colère des travailleurs qui subissent les licenciements, la misère économique et sociale.

Depuis plus d’un an, les résistances à cette politique se multiplient, avec en particulier le renforcement du Réseau éducation sans frontières (RESF) et le succès des mobilisations de sans-papiers. Le collectif Unis contre une immigration jetable a rassemblé contre les lois Sarkozy. De manière très locale, le RESF touche, partout en France, des dizaines de milliers de personnes. Lors des événements de la rue Rampal, la réaction a été très forte, avec des grèves enseignantes et une manifestation parisienne rassemblant 10 000 personnes1. Les réseaux sont également fortement implantés en province.

Alors quelles sont les perspectives ? Il faut évidemment renforcer la solidarité autour des sans-papiers. La résistance dans les écoles est primordiale et regroupe largement. La colère des parents, enseignants, scandalisés par la chasse à l’enfant, n’a pas disparu avec l’élection. Mais le mouvement doit évoluer pour répondre au défi posé par Sarkozy. L’organisation du RESF en réseau d’action fondé sur les groupes locaux sans direction nationale est une force, mais elle peut aussi être une faiblesse. Face à Sarkozy, les actions locales ne vont pas suffire. Il devient décisif de développer le mouvement avec des initiatives de mobilisation nationale de masse.

Face aux projets de loi de Sarkozy, il faut faire converger les différents mouvements de résistance, RESF et collectifs de sans-papiers, et dépasser une certaine fragmentation. Les mobilisations des salariés sans papiers de Modeluxe, en région parisienne, et de l’abattoir de la Coperl, en Bretagne, ont montré la nécessité d’impliquer les syndicats dans le soutien et la lutte contre le racisme.

Le mouvement doit s’unifier autour du combat pour une régularisation globale des sans-papiers. Les parents d’enfants scolarisés, les salariés « clandestins », les jeunes majeurs... La possibilité de gagner passe par la construction d’un rapport de force significatif, unitaire, face au gouvernement. Ce n’est pas Sarkozy qui a fait triompher ses idées racistes, mais le PS, qui a renoncé à se battre sur ce terrain. La réponse de Ségolène Royal à la proposition de Sarkozy d’un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale a été un des éléments de son échec. Elle est tombée dans la surenchère nationaliste avec sa Marseillaise et ses drapeaux bleu, blanc, rouge. Lors du débat entre les deux tours, Royal acceptait la logique de Sarkozy de contrôler l’immigration, et le débat portait sur l’endroit où il fallait arrêter les sans-papiers : devant l’école ou à l’entrée du métro ?

Sarkozy fait du racisme un élément clé de sa stratégie contre les travailleurs. Dans les mois à venir, il faut donc travailler à deux niveaux : renforcer les mobilisations locales contre les expulsions (Sarkozy compte en réaliser 26 000 en 2007) ; faire converger les différents mouvements pour construire une mobilisation nationale unitaire dans les mois à venir.

Face à Sarkozy, il est essentiel de construire une gauche qui ne fasse aucune concession au racisme. Toute la gauche du PS défend la régularisation des sans-papiers. C’est un point d’appui pour construire le mouvement de résistance, dans l’unité, quelles que soient la nationalité, la couleur ou la religion. La lutte antiraciste sera une de nos priorités contre Sarkozy.

Antoine Boulangé

http://www.lcr-rouge.org/article.php3?id_article=5811

1. Le 20 mars dernier, l’arrestation d’un grand-père sans papiers devant l’école de la rue Rampal, à Paris, alors qu’il venait chercher ses petits-enfants, avait conduit à des violences policières et à la mise en examen de la directrice, qui s’était interposée.