Sans-papiers et intégration forcée aux Pays-Bas

5 mai 2008


Les Pays-Bas sont un petit pays rarement mentionné dans les médias et auquel les libertaires et d’extrême gauche s’intéressent généralement peu, si l’on excepte l’infime minorité de ceux qui connaissent et apprécient le « communisme de conseils », et son principal théoricien, Anton Pannekoek.

La « paix sociale » y est rarement troublée par des grèves, ou des luttes, « exemplaires » susceptibles d’enflammer l’imagination des militants.

Pourtant, beaucoup de questions politiques débattues en France – de la « flexsécurité » à « l’identité nationale » en passant par le « multiculturalisme », les séquelles du colonialisme, l’immigration ou la place de la religion dans la société – y sont l’objet de vifs débats… et aussi de mesures réactionnaires que la droite française rêve d’imposer dans l’Hexagone.

Contrairement à l’image d’Epinal que l’on a souvent de ce pays en France, la société néerlandaise est en train de devenir de plus en plus raciste et intolérante, grâce aux politiques publiques et aux campagnes politiques menées par les différentes tendances de la droite et de l’extrême droite, au nom de la défense des valeurs et traditions et de la culture néerlandaises.

Les textes que nous présentons dans ce recueil ont, pour environ la moitié d’entre eux, déjà été traduits et publiés dans la revue Ni patrie ni frontières au cours des six dernières années. Nous y avons ajouté une longue interview réalisée avec quatre membres de ce groupe, ainsi que plusieurs textes sur l’écologie réactionnaire, le mouvement altermondialiste, les conséquences de la guerre des Pays-Bas contre l’Indonésie en 1946-49, les thèmes d’agitation de la droite populiste, les politiques discriminatoires contre les jeunes Antillais, les principes politiques de De Fabel, textes que nous n’avions pas encore présentés à nos lecteurs (en tout 160 pages de traductions nouvelles).

De Fabel van de illegaal (La Fable de l’illégalité) est un groupe atypique, par ses origines, comme par ses activités et son journal.

En effet, il ne s’agit pas d’une organisation constituée autour d’une idéologie fermée, comme c’est si souvent le cas en France ou dans d’autres pays. Même s’ils se considèrent, grosso modo, comme des communistes libertaires, ses membres ne tiennent pas à s’inscrire dans une filiation idéologique précise, fermée à toute influence « extérieure ». On ne trouvera donc ici aucune allusion à Bakounine, Archinov, Malatesta, ou même Anton Pannekoek, leur compatriote.

Leur journal bimestriel s’intéresse à trois questions principales : le racisme et l’antisémitisme aux Pays-Bas, l’extrême droite, et les luttes des sans-papiers.

Presque tous les articles tournent autour de ces trois axes d’intervention, ou de thèmes très proches, dans une perspective militante bien sûr, mais aussi dans le cadre d’une réflexion théorique sur toutes les questions posées par les politiques migratoires et démographiques : nationalisme, place des « cultures » et des traditions, multiculturalisme, liberté de conscience, fonction des religions, répression étatique, oppression des femmes, rôle de la famille, etc.

Il faut souligner aussi une autre originalité de De Fabel van de illegaal : sa façon de préparer ses campagnes politiques, seul ou avec d’autres. Dans la plupart des pays, les groupes d’extrême gauche ou libertaires ont généralement une attitude purement réactive : ils réagissent à une mesure gouvernementale, à l’invasion d’un pays étranger, à une décision d’un organisme international ou d’une multinationale. Comme leur propagande est improvisée en fonction de thèmes d’actualité sans cesse changeants, son contenu est soit pauvre (parce qu’ils ne savent pas répondre aux arguments concrets de l’adversaire de classe), soit trop général (les arguments avancés sont valables à toutes les époques et en toute circonstance). Ou alors, pour remédier à ce manque de connaissances, les militants sont obligés de faire confiance à des « spécialistes », universitaires ou intellectuels professionnels, sans avoir une distance critique suffisante vis-à-vis du sous-bassement politique des idées de ces « spécialistes » et sans se livrer à un travail de réflexion autonome et collectif au sein de ces groupes révolutionnaires.

Pour sa part, De Fabel fonctionne de façon totalement différente et originale : quand le groupe décide de mener une campagne politique sur un thème (et, comme on l’a vu, ces thèmes sont volontairement limités, De Fabel ne veut pas disperser son énergie entre vingt causes différentes et sans lien entre elles), ses membres commencent par bien étudier les arguments de l’adversaire (Etat, partis politiques, patrons, institutions internationales) pour à la fois pouvoir répondre aux réactionnaires ou aux réformistes, mais aussi pour trouver des arguments simples et faciles à comprendre qu’ils puissent employer à la fois dans leur journal, leurs tracts et dans les discussions individuelles, les meetings, les manifestations, etc.

Les textes de ce volume ont tous été traduits du néerlandais en anglais par De Fabel van de illegaal, puis de l’anglais en français par nos soins. En cas de doute, nous avons consulté les auteurs afin d’éviter tout contresens.

Ni patrie ni frontières

http://mondialisme.org/spip.php?article1150


Sommaire

Les bases politiques de De Fabel van de illegaal

De Fabel lutte contre le racisme et l’exclusion sociale 4

Soutien individuel et soutien collectif aux sans-papiers (2002) 7

Théorie et pratique (2003) 12

Combattre aux côtés des migrants et des réfugiés (2004) 17

Coopérer avec l’extrême gauche et les progressistes (2004) 21

Nos racines idéologiques (2004) 25

Introduction à l’interview 28

« Participer à la lutte historique pour un monde meilleur » (2005) 29

Immigrés et sans-papiers aux Pays-Bas

Les jeunes Antillais pauvres sont une cible (2001) 45

Les witte illegalen à la croisée des chemins (printemps 2002) 51

Nationalisme arabe et travailleurs migrants (2003)

Votez SP, votez pour des expulsions civilisées (2003) 62

Les ONG aident le gouvernement à expulser les réfugiés (2003) 66

Réponse révolutionnaire au contrôle de l’immigration (2004) 71

Décideurs, écologistes et droits des migrants (2004) 76

Centres d’expulsion et centres de départ (2004) 82

Pour la liberté totale des migrations ! Contre l’OIM (2004) 86

Du multiculturalisme à l’intégration forcée (2005) 90

Syndicats et travailleurs clandestins (2005)

Halte à l’intégration forcée (2006) ! 102

(...)
PRIX : 10 euros
(Ce livre sera automatiquement envoyé aux abonnés puisqu’il fait partie de leur abonnement)

Pour toute commande écrire à

Yves Coleman 10 rue jean-dolent 75 014 Paris

ou

yvescolemanwanadoo.fr


Voir aussi à ce sujet :

  • La fable de l’illégal : Les prisons de sans-papiers aux Pays-Bas
    samedi 17 mai 2008
  • Extranjero
    samedi 31 mars 2007