étranger·es, selon qu’ils et elles sont prises en charge par l’Aide
sociale à l’enfance (l’ASE) ou hébergé·es par l’État ne garantissent pas toujours leur sécurité, ni celle des populations qu’ils et elles sont amené·es à côtoyer.
Avec le Collectif de soutien aux Jeunes Isolés Étrangers du
Loiret, le COJIE, nous appelons le préfet, représentant de l’État, à agir en urgence pour limiter au maximum les risques de contagion.
Depuis des années nous alertons sur les conditions d’accueil et d’hébergement des jeunes isolé·es étranger·es dans notre département. Nous ne pouvons aujourd’hui que nous alarmer des situations de proximité accrue dans le cadre de l’épidémie.
Au-delà du leur, le sort des jeunes isolé·es étranger·es est
un révélateur de celui des personnes en situation de précarité et de
misère. Le faire connaître, le rendre visible c’est lutter contre la
progression de l’épidémie parmi les populations les plus fragiles.
Voilà ce qu’il en est dans le département du Loiret :
Pour les jeunes mineur·es, et tout juste majeur·es, la situation est, pour l’heure, gérée par l’Aide sociale à l’enfance (l’ASE) avec livraison chaque jour de plateaux repas dont nous avons vérifié avec les jeunes qu’ils étaient bien distribués chambre par chambre.
Pour les jeunes majeur·es, hébergé·es par l’État, la situation est plus critique :
- Dans les chambres d’hôtels où beaucoup de jeunes se trouvent, il n’y a bien souvent ni cuisine, ni frigo. Dans ces conditions, nous demandons à l’État le portage de plateaux repas.
Quand il y a cuisines collectives, elles doivent être plus et mieux aménagées (davantage d’équipements et leur désinfection systématique).
- Un lieu d’accueil, ancien Formule1, transformé en hébergement collectif, pose vraiment problème :
Les jeunes isolé·es y sont 2 par chambres, trop exiguës, sans placard ni table. Les WC et les douches sont collectifs. Les jeunes cohabitent avec des familles elles-mêmes entassées dans les chambres. De fait, les enfants courent sans cesse dans les couloirs.
Dans les chambres, il n’y a toujours pas les frigos qui avaient été promis en octobre 2019. Pour « cuisine collective » il faut compter deux petits fours électriques et 2 micro-ondes, dans la salle d’accueil à l’entrée de l’hôtel, sans évier ni plan de travail.
Et c’est là que de nouveaux résidents jeunes isolé·es étranger·es viennent d’être envoyé·es la semaine dernière, par la préfecture. De nouvelles arrivées sont annoncées cette semaine.
C’est augmenter la promiscuité, c’est aggraver les risques
d’insalubrité, c’est faire circuler le virus parmi des populations
fragiles : c’est grave et dangereux.
Dans un tel contexte, les « gestes barrières » sont une chimère.
Pourtant, il existe des lieux collectifs qui ont été vidés par
l’épidémie et qui pourraient permettre de désengorger les structures
surpeuplées : les internats de lycée, de certains établissements
médico-sociaux, par exemple.
Pour ce qui est de la nourriture, des colis alimentaires
pour plusieurs jours sont amenés dans la structure. Dans ces colis on
trouve par exemple des salades fraîches qui demandent à être conservées au frigo, alors qu’il n’y en a pas dans les chambres. Il y a des plats sous vide ou en boîtes à réchauffer soi-même. Or, dans le hall d’entrée « cuisine », les fours et micro-ondes sont la plupart du temps inaccessibles et quand ils le sont les jeunes nous expliquent qu’ils craignent d’être contaminé·es par leur utilisation. Certains de ces plats contiennent du porc. Nombre d’occupants sont de confession musulmane. Face à cela, des jeunes prennent le risque de sortir quotidiennement pour faire des courses à l’extérieur : c’est une mise en danger.
Toutes et tous les jeunes que nous avons eu·es au téléphone sur les 300 que nous avons appelé·es ne disposent, au mieux, que d’un smartphone pour tout contact avec le monde extérieur. Avec souvent un forfait limité à quelques heures de navigation sur internet. La « continuité pédagogique » pour elles et eux est illusoire. Malgré ça, certain·es ont pu recevoir des demandes sur leur absence de réponse aux exercices demandés. Ces demandes ont été vécues par les jeunes comme des injustices, une source d’anxiété pour elles et eux qui savent bien que leur situation scolaire est déterminante pour leur avenir ici.
Prenant les responsabilités qui sont les nôtres, nous appelons l’ensemble des autorités administratives à tout mettre en œuvre pour que les jeunes isolé·es étranger·es, ainsi que toutes et tous les plus précaires de nos concitoyen·nes, ne soient plus en danger.
Et nous continuons à téléphoner régulièrement aux jeunes, les
informant de l’évolution de la situation et de la nécessité de se
protéger de la maladie, pour elles et eux et pour nous toutes et tous.