Var Matin : Passée par le navire de la mort elle publie un livre

Paru aujourd’hui, mardi 17 février 2009 0 commentaire(s)
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Photo : A. D.
Fière d’être Marocaine et musulmane, Saliha Nebbali témoigne de la difficulté de quitter son pays pour aller vers un rêve en haraga (clandestins) : « Quand on est dépourvu de tout droit, la vie est très dure. »
Le 28 août 2005, après un second refus de visa, Saliha Nebbali a décidé de rejoindre ses parents en France, coûte que coûte. Elle a embarqué sur un de ces « navires de la mort ». Régularisée depuis quinze jours, la Toulonnaise publie un livre témoignage étonnant.

« J’ai mal vécu le rejet de ma deuxième demande », explique la Marocaine, 28 ans, diplômée en droit. « Mon père vit en France depuis 35 ans. Ma mère l’a rejoint avec mes trois soeurs et mon frère en 1998. À cette époque, je préparais mon bac. Avec ma famille, on s’est dit que je devais d’abord obtenir mes diplômes et que ce serait plus facile de venir après. La réalité a été toute autre. »

Frustration, incompréhension, Saliha est déjà partagée entre l’amour de sa terre natale et la volonté de retrouver ses parents, le refus de visa accentue la déchirure.

Découragée par la voie légale

« Je comprends la complexité des démarches, la nécessité de contrôles pour la France, mais quand on parle la langue du pays, que sa famille s’y intègre, que l’on est inscrite dans un institut de formation pour continuer à s’élever, on a du mal à accepter le rejet. »

Découragée par la voie légale, Saliha opte pour la clandestinité. Arrivée à Toulon en 2005, après avoir récupéré des problèmes de santé engendrés par le froid de la traversée, la sans-papier refuse de se terrer. Elle frappe à la porte du Secours catholique, y prend appui sur le Relais étrangers qui propose une assistance dans les démarches administratives. Et depuis, la jeune Marocaine donne des cours d’arabe en échange de cours d’anglais, des animations pour les enfants le mercredi après-midi. Elle s’investit en bénévole dans le monde associatif auprès du groupe Hevra, des jeunes de Solid’amitié, des enfants de Dedougou... Saliha est une école d’humanité.

Son expérience, sa traversée sur un bateau à moteur qui avait tout du Titanic, elle l’exprime dans « Je reviendrai un jour... », un livre écrit avec le coeur. L’auteur n’utilise ni le je ni le récit chronologique. Elle met en scène ses voisins d’infortune, écoute avec crainte et intérêts ce qui les a incités à tout quitter. Soixante pages de sincérité. « J’ai trouvé beaucoup d’aide à Toulon. Je ne l’oublierai jamais », souffle-t-elle. Le deuxième livre est déjà à l’écriture.

clefebvre@nicematin.fr

Savoir +

Saliha Nebbali dédicace son livre demain à 18 heures au café culture, le vendredi 20 février à la Tente d’Abraham, 16 rue Danton, à 15 heures.

Géhess éditions, 60 p., 15 e.

Christelle Lefebvre
 

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